Le grand uniforme des élèves de l’École polytechnique
La Révolution abolit tout ce que la monarchie avait créé au cours des siècles : institutions, symboles, organisation de la société, etc.
L’uniforme des armées royales disparut ainsi. Lorsque les conventionnels arrivèrent au pouvoir, il fallait construire de nouvelles institutions puisque tout avait été supprimé, c’est ainsi que l’École polytechnique vit le jour : il fallait donner des cadres de haut niveau à la nation, la sélection s’effectuant sur les capacités intellectuelles plus que sur la naissance. Bien que civils les élèves de l’École furent dotés d’un uniforme : celui de la garde nationale.
C’est Napoléon qui donna à l’École son statut militaire ainsi que le premier uniforme original.
Les hommes de la Révolution avaient comme référence et idéal de gouvernement les institutions de la Rome antique ainsi que son organisation sociale. La société romaine, surtout celle de l’Empire, était extrêmement hiérarchisée et les signes d’appartenance à un groupe social se lisaient sur les vêtements : toge prétexte pour les adolescents, tunique bordée d’un galon pourpre pour les sénateurs, couleur rouge sombre réservée à l’empereur et à son épouse, tunique noire pour les licteurs, toge longue pour les professeurs, etc.
Napoléon mit ainsi la France en uniforme : civils comme militaires, par référence au monde romain, et aussi pour répondre à la pénurie vestimentaire qui a accompagné la période révolutionnaire. Il remit ainsi de l’ordre dans une société qui n’en avait plus guère, le nouvel ordre devenait visible grâce à l’uniforme.
Dans cet ouvrage, nous décrirons l’évolution de l’uniforme de cérémonie de l’École polytechnique, qui peu à peu a pris la dénomination de grand uniforme.
L’institution a résisté au temps, aux aléas de l’histoire : ses élèves ont fourni à la nation d’éminents serviteurs de l’État qu’ils soient hommes de sciences, industriels, militaires ou grands serviteurs de l’État.
Le port de l’uniforme est le lien visible entre toutes les générations de polytechniciens, entre tous les élèves quelle que soit leur provenance sociale ou nationale. L’attachement au grand uniforme a d’autant plus augmenté que l’institution se démilitarisait, que la société perdait ses repères. Lorsque les élèves portaient un uniforme durant toute leur scolarité, le grand uniforme était la plus belle tenue, maintenant il est la seule tenue, signe visible de l’appartenance à une communauté vieille de plus de deux cents ans, née pratiquement avec la Révolution et dont la dynamique ne s’est jamais démentie.