100 vies 100 destinées
Lorsque Michel Diviné m’a suggéré de rédiger une critique de son livre, je me suis tout de suite demandé – s’agissant de psychologie – si je pouvais m’estimer capable de le faire.
Pris entre les feux d’impitoyables bâtisseurs de ponts et d’étranges et sublimes psychiatres, que pourrait le sieur lambda raconter ? Et puis comment s’autoriser à critiquer quand on a assisté tant de fois, hélas, aux arrogantes verbalisations de ces parfaits parasites sociaux que sont les critiques professionnels ?
Voilà un bien long préambule d’amateur, juste pour dire que c’est sans doute – et c’est ce qui frappe de prime abord quand on ouvre ce livre, en plus de la richesse de son contenu – son amour de l’authenticité et de la sincérité qui a poussé Michel Diviné à me demander d’écrire. En ce sens que demander à un non-spécialiste de “ recenser ” son livre, alors que je n’ai fait, quant à moi, qu’assister à quelques constellations – émerveillé ! – est dans le droit fil de son ambition.
Ce livre est rédigé pour être compris par chacun. Il ne pratique pas le jargon des Diafoirus jaloux de leurs secrets. Il expose clairement et avec une parfaite concision les cheminements de l’être portant en lui les vécus des générations précédentes, sans que, la plupart du temps, il en ait conscience. Mais, que, par contre, son comportement s’en trouve gravement induit.
Une sorte de jeu de rôles authentique, sous la houlette du thérapeute, mais mené par l’impétrant, jusqu’à ce que les personnages, qu’il a disposés à son gré dans l’espace devant lui, prennent leur autonomie et – c’est là que cela devient tout à fait étonnant – racontent son histoire, qu’ils ne connaissent pas, jusqu’à lui faire découvrir une réalité cachée ou ignorée.
Il s’agira ensuite, enfin, de mettre des paroles sur les découvertes faites, paroles qui se réfèrent aux archétypes de nos comportements et qui permettront d’accepter son état.
Je me suis trouvé ainsi, certain jour, marin péri en mer, comprenant l’état d’esprit de cet homme quand il n’y a dans ma famille pas le moindre membre, récent en tout cas (l’exercice rend prudent !), dans cet univers. J’ai été soldat tué à la guerre, assistant du fond de ma tombe, à la fois plein de tendresse et un peu envieux, aux gesticulations des vivants. J’ai été fierté d’un peuple amérindien, sentiment fort honorable certes mais parfaitement inattendu pour ce qui me concerne.
Toujours avec le même sentiment d’intime compréhension de l’être dans lequel je m’étais, sans le vouloir, immiscé.
Cent cas ici étudiés formant un spectre très large, cent vies scrutées en compagnie de Marlis ouvrent des horizons vertigineux sur les profondeurs dissimulées au conscient (heureusement !) de notre immense mémoire