25 ans de mobilisation au service de la HealthTech française
Franck Mouthon, président de France Biotech, répond à nos questions sur l’association qu’il préside, son positionnement, son rôle dans le déploiement et le développement de la HealthTech en France. Il revient également sur le Plan Innovation Santé 2030 et les principaux chantiers qui mobilisent l’ensemble des parties prenantes afin de renforcer l’attractivité et la compétitivité de notre pays sur ces enjeux stratégiques.
Dans quel contexte a vu le jour France Biotech ?
La genèse de France Biotech remonte à près de 25 ans. À cette époque, c’était essentiellement un écosystème d’entrepreneurs qui utilisaient des biotechnologies en pointe dans le cadre du développement des produits ou des savoir-faire. L’association a vu le jour pour fédérer les différentes parties prenantes autour des biotechnologies, essentiellement des investisseurs et des entrepreneurs afin de partager les expériences, bénéficier des réseaux croisés et mettre en œuvre une relation avec les pouvoirs publics pour favoriser le développement de ces entreprises sur le territoire.
Aujourd’hui, nous comptons plus de 500 adhérents sur l’ensemble du territoire national et dans tous les domaines de la HealthTech : les entrepreneurs et innovateurs en santé, en biotechnologies, en dispositifs médicaux, en diagnostics, mais également ceux positionnés sur le numérique en santé qui connaît, par ailleurs, une très forte dynamique entrepreneuriale et de croissance en France.
France Biotech a fêté en 2022 son 25e anniversaire. Quelles sont les principales évolutions que vous avez connues ? Et quel regard portez-vous sur l’évolution du monde de la HealthTech au cours de ces 25 années ?
Nous avons assisté à de nombreuses évolutions en matière d’innovations. On peut notamment citer la révolution en oncologie avec l’apparition de l’immuno-oncologie, un virage important et structurant qui a changé la donne en termes de prise en charge. Nous avons aussi vu s’accélérer le développement des dispositifs médicaux et du diagnostic. Depuis 5 ans, nous voyons la montée en puissance du numérique avec le développement de plus en plus de solutions de santé. En parallèle, les domaines de la Biotech et de la MedTech ont accès, de plus en plus, de données de santé, qui sont au cœur même de leur modèle, et qui leur permettent de porter des innovations aussi bien en France que dans le monde.
Cette richesse technologique a permis le développement et le déploiement d’une grande diversité de mécanismes, de solutions, de dispositifs qui dessinent aujourd’hui l’avenir de la médecine , de la prise en charge des patients et de l’évolution des systèmes de santé. Une très large majorité de ces innovations sont issues de la recherche académique technologique, médicale ou biologique et illustrent le très fort dynamisme de notre pays en matière de transfert de technologies et de création d’entreprises.
Au départ, France Biotech s’adressait essentiellement aux entreprises de Biotech qui avaient atteint un stade de maturité avancé. Depuis plusieurs années, nous avons opéré un virage afin de nous ouvrir sur l’ensemble de la HealthTech, et adresser ainsi les Biotech, les MedTechs que les acteurs du numérique en santé. En effet, nous pensons que ces trois familles technologiques ont un avenir commun et qu’il y a des passerelles à déployer entre ces trois familles pour une meilleure prise en charge thérapeutique, une meilleure évaluation des produits et un meilleur suivi.
Nous avions aussi une approche plus verticale axée sur les familles technologiques. Aujourd’hui, nous essayons d’avoir une approche plus horizontale qui va couvrir les parcours de santé afin d’intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur : de la prévention, de la prise en charge, du soutien technologique… Dans cette logique, nous avons, par exemple, mis en place la TaskForce Autonomie qui est axée sur une préoccupation majeure de nos concitoyens.
Quelques mots sur vos principaux membres.
France Biotech est historiquement une association d’entrepreneurs. Aujourd’hui, nous avons aussi la chance de pouvoir bénéficier et capitaliser sur un réseau d’experts en règlementation, en accès au marché, en business développement, ou encore en financement qui nous ont rejoint et qui accompagnent le développement de l’innovation sur le territoire. C’est une force qui nous permet, par ailleurs, de donner plus de profondeur et de pertinence aux travaux, commissions et groupes de travail que nous mettons en place au bénéfice de la filière et de nos parties prenantes. Parmi nos membres, on retrouve également des grands acteurs de l’industrie pharmaceutique ou encore du dispositif médical qui enrichissent aussi bien notre gouvernance que nos différents chantiers en relation avec nos sujets d’intérêt.
» France Biotech est historiquement une association d’entrepreneurs. »
Pour rassembler et faciliter les échanges entre les entrepreneurs et les acteurs de la HealthTech, quelles sont les actions et les initiatives que vous déployez ?
Nous menons différents travaux au sein de nos 7 commissions et 4 groupes de travail. Les commissions sont exclusivement composées de membres adhérents de France Biotech, alors que les groupes de travail peuvent inviter des personnalités extérieures : structures académiques, de l’Etat.. Au sein de ces deux entités, nous travaillons sur des chantiers prospectifs à différents horizons. Actuellement au cœur des enjeux et préoccupations de nos adhérents, on retrouve notamment tout ce qui est en lien avec France 2030. Je fais, d’ailleurs, partie des 7 personnalités qualifiés qui ont été désignées par le Premier Ministre afin d’assurer la représentation des entrepreneurs de la HealthTech dans le suivi du Plan Innovation Santé France 2030 .
Nous mettons ainsi en perspective nos préoccupations d’entrepreneurs relatives au développement de nos entreprises et solutions en lien avec les ambitions de France 2030. Afin d’adresser l’ensemble de ces chantiers, nous avons créé des TaskForces dédiées qui sont activées à des moments clés en fonction des attentes de nos entreprises et des différentes parties prenantes. Cela contribue notamment à optimiser les échanges avec les pouvoirs publics au service de l’attractivité et la compétitivité du pays, mais aussi du développement et de la croissance de nos entreprises. Parmi les grands sujets qui mobilisent notre association, on retrouve la question de l’accès précoce des patients aux innovations qui permet aux entreprises d’avoir des données de vie réelle tout en commençant à générer du chiffre d’affaires. L’efficience de ces dispositifs reste un enjeu stratégique qui concerne beaucoup de jeunes entreprises qui sont à des stades précoces de leur développement.
Nous avons aussi une importante activité de veille sur les évolutions réglementaires, juridiques et fiscales afin de sensibiliser nos membres et d’actualiser leurs connaissances. On organise aussi des événements de networking pour favoriser les échanges et les collaborations entre les entrepreneurs, les experts du secteur et les autres parties prenantes. Nous mettons en place de nombreuses interfaces directes avec les autorités de santé, les agences sanitaires, ainsi que nos partenaires publics qui sont à l’œuvre dans l’innovation santé comme l’Inserm, le CNRS, le CEA, les CHU, les IHU…
On a aussi des conventions spécifiques qui nous permettent d’avoir des ouvrages communs comme cela est notamment le cas avec la conférence des DG des CHU, les six pôles de compétitivité et clusters en régions, les conseillers du commerce extérieur… L’ensemble de ces liens et partenariats nous permet d’avoir un très bon ancrage territorial et national et de mener des actions et des initiatives fédératrices et à fort impact.
Vous êtes donc aussi fortement mobilisés en faveur de la réussite du Plan Innovation Santé 2030. Qu’en est-il ?
Ce plan est né à l’occasion du Conseil stratégique des industries de santé en 2021 qui a réunit l’ensemble des fédérations, associations, parties prenantes du territoire, qu’elles soient publiques ou privées. Lors de cette édition, des personnalités qualifiées ont fait des propositions aux pouvoirs publics, et en particulier aux équipes du Président de la République et du Premier Ministre, sur les transformations à opérer pour que l’innovation bénéficie le plus vite possible aux systèmes de santé et aux patients. À partir de là, un plan Innovation Santé structuré autour de 7 piliers a été défini. Il prévoit un certain nombre d’actions, dont un financement de 7,5 milliards sur les 5 prochaines années afin de soutenir l’émergence, le développement et le déploiement de ces solutions qui intègrent l’ensemble de la chaîne de valeur.
Ce positionnement a permis d’aligner les principaux ministères concernés par ces problématiques et enjeux : le Ministère des Finances et de l’Industrie, le Ministère de la Recherche, de l’Enseignement Supérieur, et le Ministère de la Santé. À cela s’ajoute la mise en place d’un certain nombre de leviers afin de diminuer la complexité administrativo-réglementaire.
L’ambition de ce plan est véritablement de positionner la France comme un leader européen de l’innovation en santé à l’horizon 2030.
Sans précédent, il s’agit donc aujourd’hui de déployer et mettre en oeuvre ce plan qui s’appuie notamment sur un comité de suivi dont les membres sont Agnès Audier, directrice associée au Boston Consulting Group ; Christine Clerici, présidente de l’Université de Paris ; Florence Favrel-Feuillade, directrice générale du CHRU de Brest ; Frédéric Collet, ancien président du Leem, Thomas Lombes, directeur général délégué de l’Inserm ; Eric Vibert, professeur de chirurgie à l’hôpital Paul Brousse et moi-même, en ma qualité de représentant des entrepreneurs de la HealthTech.
“Aujourd’hui, nous comptons plus de 500 adhérents sur l’ensemble du territoire national et dans tous les domaines de la HealthTech : les entrepreneurs et innovateurs en santé, en biotechnologies, en dispositifs médicaux, en diagnostics, mais également ceux positionnés sur le numérique en santé qui connaît, par ailleurs, une très forte dynamique entrepreneuriale et de croissance en France.”
Alors que le secteur a vocation à poursuivre sa croissance, quels sont les principaux enjeux et sujets qui vous mobilisent ?
Les conditions macro-économiques actuelles ne sont pas aussi encourangeantes que celles que nous avons pu connaître en 2021 qui reste une année record en termes de financement avec plus de 2,1 milliards d’euros d’investissement sur le terrain. Le Plan Innovation Santé doit dont prendre en compte le contexte économique alors qu’aujourd’hui le financement du développement des innovations est clairement au coeur des préoccupations de l’ensemble des acteurs de la HealthTech.
Il s’agit de veiller à maintenir l’attractivité de l’innovation en termes de financement, car il n’est, en effet, pas question que les fonds publics viennent remplacer le financement privé. Il est plutôt question d’abaisser le risque et d’indiquer qu’au-delà du financement, il y a aussi des conditions favorables au développement et au déploiement de ces innovations en France. À cela s’ajoutent des sujets plus spécifiques comme la facilitation des essais cliniques, le raccourcissement des délais à tous les niveaux, la lisibilité et l’anticipation de l’accès au marché pour les entreprises avec un focus sur la question de la grille tarifaire et de la prise en charge.
Le mot de la fin ?
Nous avons une très forte dynamique entrepreneuriale sur le territoire nationale. La HealthTech est aussi un secteur pourvoyeur d’emplois qualifiés à tous les niveaux : techniciens, ingénieurs, docteurs, chercheurs…
ÉVÉNEMENTS À VENIR :
Lundi 27 mars 18h30 : Cérémonie de remise de prix des trophées de la Healthtech -> Toutes les infos : https://france-biotech.fr/les-trophees-de-la-healthtech/
Mercredi 5 avril 13h30 : Healthtech CFO Day #2 -> save the date & infos à venir
CHU HealthTech Connexion Day #2 en novembre 2023 à Marseille ->https://www.chu-healthtech-cday.com/