Auriane Cozic (2016) garante du désordre et des traditions !
Auriane est en 3e année d’école, en stage de recherche en bio-informatique à l’université de New York (NYU). L’an prochain, elle effectuera sa 4A à l’EPFL en Suisse dans le département de bio-ingénierie. Durant son temps sur le plateau, elle a été la troisième fille à faire partie de la Khômiss.
Quel est ton parcours ?
Je viens de Toulouse et j’ai fait ma prépa au lycée Pierre-de-Fermat. J’étais bonne en sciences au lycée sans trop savoir ce que je voulais faire donc j’ai été assez naturellement orientée vers une prépa. Puis là-bas, j’ai été dirigée vers l’X que j’ai découverte par le biais d’informations reçues et du témoignage des anciens de Fermat. J’ai intégré en 3⁄2. Chaque année, il y a une vingtaine d’élèves de Fermat qui entrent à Polytechnique, ce qui facilite l’intégration à l’École. La formation militaire y aide aussi beaucoup car l’administration fait en sorte de mélanger les prépas, les provenances, etc.
Qu’as-tu aimé à l’École ?
J’ai beaucoup apprécié toutes les opportunités offertes, la grande diversité tant dans le choix des cours et de carrière que dans les associations d’élèves dans lesquelles on peut tous trouver sa place. J’ai fait partie de la Khômiss, du BôBar, du binet Rugby féminin, du binet Organisation du week-end ski bipromo, du binet Sud-Ouest.
Venons-en à la Khômiss. Sais-tu pourquoi le GénéK t’a sélectionnée ?
On ne sait pas exactement pourquoi on est sélectionné. C’est le GénéK qui, après son élection, choisit douze personnalités pour former une équipe de missaires à ses côtés. Avoir une fille dans le groupe était jusque-là assez inhabituel, mais ça a très bien fonctionné. Il fallait juste que je fasse particulièrement attention pendant nos apparitions, pour garder mon anonymat. En effet, je portais la même tenue que les autres (le « GU tradi » masculin) mais pouvais être reconnaissable par ma démarche ou ma silhouette.
Selon toi, le nombre minoritaire de filles est-il un problème ?
Dans la section handball dont je faisais partie, les filles sont 25 %, donc je ne le ressentais pas trop dans la vie de section. Et dans les binets comme le BôBar et la Khômiss où j’étais la seule fille, on ne faisait pas de différence, on ne me considérait pas différemment du fait que j’étais une fille. Grâce à l’IK au féminin le sujet est assez présent sur le plateau et les gens font attention. Personnellement, je me suis toujours sentie en sécurité même s’il est bon de continuer à faire évoluer les mentalités.
Qu’as-tu fait pendant ton mandat secret ?
La Khômiss se veut garante du désordre et des traditions. Nous avons donc préparé certains rendez-vous annuels comme les cérémonies de remise du bicorne et de la tangente mais aussi l’inkhôrpo des 2018. Nous sommes là pour faire le lien avec toute l’histoire de l’École et pour perpétuer certaines traditions par exemple faire un tour dans les « soutes » de l’École (lors de la nuit des « souterrains »), en mémoire du bahutage des générations précédentes.
Mais la Khômiss est aussi une des voix des élèves en dehors de la Kès car le GénéK est élu par les élèves. En cas de désaccord avec l’administration, le GénéK essaie de porter la voix des élèves d’une autre manière. Or notre année avait eu des désaccords avec le directeur de l’enseignement et de la recherche qui était en discussion avec les représentants d’élèves, notamment la Kès, sans que cela aboutisse. Il s’agissait d’un changement dans le règlement des études à propos de l’absentéisme, et aussi plus généralement d’une critique sur la manière dont la réforme avait été amenée. La Khômiss est donc intervenue, après avoir sondé les élèves, pour faire connaître son désaccord auprès du directeur de l’enseignement et du reste de l’administration.
L’une des autres missions de la Khômiss est d’organiser des gags pendant certaines cérémonies militaires internes pour montrer une des valeurs de l’X : l’impertinence polytechnicienne, c’est-à-dire savoir prendre les choses au second degré et faire preuve de créativité.
Quel est ton meilleur souvenir de la Khômiss ?
Je crois que c’était la soirée finale où nous avons révélé nos identités. Parce que nous avons passé beaucoup de temps à treize, à réfléchir sérieusement, à se poser des questions, à s’amuser… Donc c’était un peu particulier de ne pas pouvoir se voir ouvertement le reste du temps pour préserver l’anonymat du groupe. C’était une vraie satisfaction à la fin de pouvoir nous révéler aux autres, d’avoir leur retour direct sur ce que nous avions fait pendant l’année et de pouvoir enfin passer du temps ensemble.
Être missaire a été très instructif. Je ne m’attendais pas à un binet comme celui-ci. Ça m’a appris par exemple à travailler avec douze autres personnes qui avaient le même objectif que moi mais pas forcément la même manière de faire. Ensuite, pour faire entendre notre voix, nous devions réfléchir à la manière d’avoir de l’impact, ce qui n’est pas forcément évident à faire en restant « politiquement correct ». Nous nous sommes beaucoup interrogés sur ce que nous voulions pour l’École et sur la manière de le faire. Et nous avons appris à ne pas prendre les choses trop au sérieux, à lâcher prise et avoir recours au second degré dans nos liens avec l’École.
Quel regard portes-tu sur les traditions de l’X ? Sont-elles surannées ou gardent-elles leur sens ?
Je pense qu’elles sont assez essentielles. Car c’est une des choses qui contribuent à ce que nous ayons un réseau si puissant, si entretenu. Nous donnons du sens à notre parcours à travers les traditions entre autres parce que ça fait un lien entre les générations.
Pour en savoir plus sur la Khômiss, voir JR spéciale Traditions :
« La Khômiss fait son koming-out »
« La Khômiss quand la Khômiss n’existait pas : le Déconomicron (72−73) »