Retournement des entreprises : la prévention avant tout !
Olivier Marion, président de l’ARE, revient pour nous sur la raison d’être de cette association qui s’est donné pour mission d’aider les entreprises à mieux anticiper leurs difficultés et à les traiter le plus en amont possible afin de maximiser les options pour sortir d’une situation de crise. Explications.
L’ARE a vu le jour en 2002. Pouvez-vous nous rappeler le contexte autour de sa création et les évolutions connues par l’association ?
L’Association pour le Retournement de l’Entreprise a été créée en 2002 par Nicolas de Germay, notre président fondateur. À sa création, l’ARE avait l’ambition de rassembler l’ensemble des professionnels autour de cette thématique de la prévention des difficultés, quels que soient leurs champs d’expertise. C’est une singularité forte de notre association : dès sa création, les membres fondateurs représentaient déjà les différents métiers qui accompagnent les entreprises durant la phase d’anticipation des difficultés, de gestion de crise et de retournement. Parmi les membres, on compte ainsi des avocats, des auditeurs financiers, des banques, des investisseurs, des conseils financiers ou encore des administrateurs judiciaires rassemblés autour d’un objectif principal et commun : promouvoir les solutions permettant de prévenir les difficultés.
Si à l’époque, il y avait déjà des professionnels et des métiers qui accompagnaient des entreprises en difficulté, ces solutions de prévention étaient méconnues. En effet, ces phases de crises, douloureuses, ne sont pas ce que les entreprises souhaitent mettre en avant une fois guérie. Au-delà de la promotion des solutions de prévention des difficultés, l’association a aussi pour objectif de casser les idées reçues en expliquant qu’une crise ou des difficultés pour une entreprise font partie des cycles de la vie de l’entreprise, mais que surtout il existe des solutions pour y remédier. Notre travail de prévention s’appuie sur la prise directe qu’ont nos membres avec les situations de crise, en évolution permanente, et la capacité que cela nous donne pour proposer des évolutions pertinentes à notre ‘‘boîte à outils’’ de traitement des difficultés. Nous diffusons les bonnes pratiques en matière de prévention à travers l’ensemble du tissu économique et social français, y compris auprès des jeunes générations qui seront les acteurs de l’économie de demain.
En 2002, l’ARE comptait 15 membres fondateurs, aujourd’hui, elle regroupe 250 membres issus de l’ensemble des régions françaises et représentant une quinzaine de professions autour de ces situations de crise.
L’association est un véritable écosystème dynamique ouvert sur son environnement, qui cumule une expérience et des connaissances multidisciplinaires sans équivalent.
Aujourd’hui, comment résumeriez-vous ses missions et ambitions ?
La notion de prévention est réellement au cœur de notre raison d’être et de notre ADN. Dans ce cadre, nous menons de nombreux travaux qui sont coordonnés par nos comités qui travaillent sur les lois, les techniques, les pratiques… L’idée est de rester en veille permanente pour contribuer et participer à la définition des nouveaux cadres et solutions, notamment sur le plan législatif. Récemment, nous nous sommes ainsi penchés sur l’évolution du droit des sûretés ou encore la transposition de la directive européenne sur l’insolvabilité en droit français, et nos travaux sur le sujet ont été, et seront, communiqués aux pouvoirs publics, notamment le ministère de la justice, pour qu’ils puissent utiliser nos recommandations selon leur pertinence. Nous avons mené un travail similaire dans le cadre de la genèse de la Loi PACTE. Au printemps 2017, dans le cadre des élections présidentielles, l’ARE avait émis 10 recommandations pour favoriser les entreprises, l’emploi et l’investissement en France. Nous avons aussi un comité des partenariats universitaires au travers duquel nous intervenons dans les écoles et universités. C’est un moteur important de l’association, car il nous permet de diffuser notre expérience cumulée et de promouvoir ces solutions de prévention. Via un autre comité, nous proposons des formations qui sont ouvertes aux membres et à leurs collaborateurs. Elles sont également dispensées auprès d’institutions financières et de groupes qui trouvent utile que leurs équipes soient sensibilisées à ces situations. Nous réalisons également des formations en partenariat avec d’autres associations. Cette année, nous avons organisé une formation en partenariat avec CCEF, un groupement de conseils et d’experts financiers, par exemple. Nous avons aussi un comité international qui travaille sur la promotion des opportunités que peuvent représenter ces entreprises en difficulté pour des investisseurs qui souhaiteraient venir investir en France. Nous travaillons aussi sur la convergence des différents cadres dans lesquels ces entreprises en crise évoluent. L’idée, en lien avec la directive européenne sur l’insolvabilité, est de pouvoir faire émerger une réflexion commune avec une dimension internationale ainsi que de bonnes pratiques où les différences d’un pays à un autre ne représenteraient plus un frein pour aider les entreprises à sortir de la crise.
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