Hervé Kabla, découvreur de start-up

Hervé Kabla (84) découvreur de start-up

Dossier : TrajectoiresMagazine N°752 Février 2020
Par Hervé KABLA (X84)

Nos lec­teurs sont assu­ré­ment fami­liers des chro­niques que notre cama­rade Her­vé Kabla consacre chaque mois à un entre­pre­neur, géné­ra­le­ment jeune et sou­vent star­tup­per (mais pas que). À l’occasion de son 50e por­trait d’entrepreneur (p. 18), nous avons pen­sé qu’il était temps de lui deman­der de faire son autoportrait.

Je suis X84, sor­ti ingé­nieur civil des télé­coms. J’ai sui­vi un DEA en IA, puis huit mois dans une socié­té de ser­vices, GFI. Je m’y suis un peu ennuyé, et j’ai rejoint Das­sault Sys­tèmes, où je suis res­té dix-sept ans, dont dix dans la R & D. En 2000, j’ai pris un congé créa­tion d’entreprise pour tra­vailler sur un moteur de recherche d’images avec Robert Azen­cott. Mais il n’y avait pas de mar­ché à l’époque pour cette tech­no­lo­gie, et notre socié­té, Easy­Gli­der, s’est cas­sé la figure au bout d’un an. Retour chez Das­sault Sys­tèmes, avec deux ans à faire des allers-retours avec Israël, où Das­sault avait rache­té une start-up appe­lée Smar­team. J’ai vécu ensuite quelques années de placard.

Puis, ça a été l’arrivée du Web 2.0. En 2008, j’ai pris un nou­veau congé créa­tion, pour par­ti­ci­per au lan­ce­ment d’un logi­ciel de base de don­nées ultra­ra­pide, mais je ne me suis pas enten­du avec le fon­da­teur. En même temps, j’ai fon­dé une agence de com­mu­ni­ca­tion pour aider les entre­prises à créer leur blog et à gérer leur pré­sence sur les réseaux sociaux. Ce pro­jet-là a plu­tôt bien réus­si. Nous sommes mon­tés à 40 per­sonnes fin 2016, même si depuis 2017 nous décrois­sons, en lien avec l’ubérisation crois­sante des métiers de la communication.

Pourquoi cette série de portraits d’X entrepreneurs ?

L’idée est née d’une dis­cus­sion avec Michel Ber­ry, il y a cinq ans. On consta­tait alors une baisse du nombre d’adhérents/abonnés à l’AX et à La J & R. On s’est dit que ce serait bien de pro­po­ser des conte­nus qui inté­res­se­raient davan­tage les jeunes lec­teurs. D’où l’idée de s’intéresser aux X, jeunes ou moins jeunes, qui avaient fon­dé leur boîte. Sur Lin­ke­dIn, j’en ai trou­vé envi­ron un mil­lier, et ce nombre n’a ces­sé de croître depuis. Et je me suis lan­cé. Les articles paraissent à rai­son d’un par mois dans La Jaune et la Rouge, éga­le­ment repris sur mon blog.

Essai de taxonomie des X entrepreneurs

On trouve en gros trois types de par­cours : ceux qui se lancent dès la sor­tie, sans pas­ser par la case grand groupe, comme Pierre Haren (73) avec ILOG (J & R n° 734) ou Yves Weis­sel­ber­ger (79) avec Snap­Car (J & R n° 704) ; ceux qui ont fait un par­cours clas­sique pen­dant dix ou quinze ans et, par­ve­nus à la qua­ran­taine, ont envie de pas­ser à autre chose (j’en suis un exemple !) ; et ceux qui passent par une start-up, sou­vent à par­tir de tra­vaux com­men­cés à l’X, par exemple dans le mas­tère de Bru­no Mar­ti­neau, comme Eme­ric de Waziers (2012) avec Win­gly (J & R n° 713) ou Timo­thée Rebours (2012) avec Seald (J & R n° 725).

Sur des pro­mos plus jeunes, on trouve un autre pro­fil : ceux qui partent aux États-Unis et y sont confron­tés à un uni­vers de créa­teurs d’entreprises. Ils sont très dif­fé­rents de ceux qui sont res­tés en France. On a des pro­fils « hyper­tech­nos », comme David Fat­tal (98) et Pierre-Emma­nuel Evreux (98) avec leur tech­no­lo­gie d’écrans holo­gra­phiques pour appli­ca­tions mobiles (J & R n° 716) ; mais aus­si des appli­ca­tions cen­trées sur les usages :
Pierre-Hugues Schmit (98) avec La Com­pa­gnie (J & R n° 718) ou Tho­mas Guillaume (98) et son Fami­leo (J & R n° 726) ; ou encore indus­tria­li­ser une tech­no qui existe déjà : Mau­rice N’Diaye (2005) avec Syno­mia (J & R n° 717). Et, bien sûr, de plus en plus d’applications de l’IA !

Il y a des pro­mos qui sont comme des attrac­teurs : 90, 2003, 2010… sont par­mi les plus repré­sen­tées. Pour­quoi ces concen­tra­tions, ou au contraire des vides ? Il y a peut-être un lien avec les évé­ne­ments externes, comme la crise de 2008 ou la guerre du Golfe, qui modi­fient l’attitude des jeunes X vis-à-vis du mar­ché du travail.

Quelles leçons tirer de ces portraits ?

Sur une cen­taine de per­sonnes contac­tées, j’ai obte­nu 50 inter­views. Le plus sou­vent par cour­riel, mais je les ren­contre aus­si par­fois. En géné­ral, ils aiment bien par­ler de leur entre­prise ! Et puis, ça les aide aus­si à for­ma­li­ser leur dis­cours. Il y a peu de femmes : j’en ai contac­té trois, et une seule a répon­du, Claire Lapas­sat (2005) qui a créé L’Atelier uni­ver­sel (J & R n° 739). Sans doute parce qu’il y a une prise de risque sup­plé­men­taire, quand on est une femme, à se lan­cer dans ce genre d’aventure entrepreneuriale.

On sent, chez les jeunes entre­pre­neurs, qu’il y a une cer­taine angoisse sur le futur. Ils sont en recherche de repères et de cadres. C’est un rôle que l’AX peut jouer : ils peuvent y ren­con­trer des anciens avec qui dis­cu­ter pour les aider à se repé­rer pour leur propre pro­jet. Avec « 10 ques­tions », on leur raconte des his­toires pour leur mon­trer ce qu’on peut faire dans des genres très dif­fé­rents. Cette série n’est pas près de s’arrêter.


Retrouvez les 50 portraits des X entrepreneurs

Commentaire

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10 ques­tions à un X entre­pre­neur #50 – David Baranesrépondre
4 février 2020 à 22 h 19 min

[…] ce qui me vaut un por­trait sym­pa par l’équipe éditoriale […]

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