Responsabiliser pour transformer : des déchets aux mines urbaines
Helen Micheaux (2010)
Rédacteur : Gérard Blanc (68)Editeur : Presses des Mines, coll. Économie et gestion, 2019Ce livre provient d’une thèse en sciences de la gestion soutenue à Mines ParisTech. Il en possède la rigueur des considérations théoriques combinée à la précision de l’historique de la politique de gestion des déchets en France. Celle-ci s’inspire de deux champs de réflexion socioéconomiques, la notion de responsabilité collective et la gestion des biens communs dont l’auteur présente différents types : ressources naturelles, biens ‑collectifs, biens universels, biens immatériels supports de connaissances, etc.
Cependant les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE) ne représentent pas « un commun naturel ou revendiqué » dans la mesure où « il n’existe pas de bénéficiaires naturels qui auront un intérêt spontané à se saisir collectivement de la problématique », mais un potentiel commun, « à la fois un “mal” commun dans le sens où il peut contenir des substances polluantes nocives à neutraliser, tout en étant une ressource de valeur économique ». Les enjeux ‑économiques de leur valorisation font l’objet d’un large développement. Ainsi, l’auteur rappelle qu’« il y a en moyenne 200 g d’or dans une tonne de téléphones portables contre 5 g/t dans une mine d’or relativement riche », mais le coût d’extraction n’est pas du même ordre de grandeur.
L’auteur présente les phases successives de la montée en puissance de la filière DEEE en France qui a conduit au principe REP : Responsabilité élargie du producteur. Les producteurs ont adhéré à un but commun en se réunissant dans des éco-organismes, chargés d’une mission d’intérêt général, bien définie et contrôlée par l’État.
En conclusion elle examine les cas de l’Allemagne et du Royaume-Uni où la conception de la responsabilité collective est très différente de celle de la France. Ces pays ont transposé les directives européennes à leur manière, en fonction de leur propre culture politique. Mais alors qu’en France la REP est perçue par les producteurs comme une opportunité d’innovation et de création de valeur, la gestion des déchets représente une charge supplémentaire en Allemagne et au Royaume-Uni.