L’X sous la Covid-19
Comme pour tous les établissements d’enseignement supérieur, la Covid-19 a singulièrement compliqué le déroulement des scolarités à l’X. Nous faisons le point avec le directeur adjoint de l’enseignement de l’École polytechnique.
Dominique Rossin, comment s’est passée la fin de l’année 2019–2020 ?
Comme vous vous en doutez, cela a été un peu compliqué ! Nous avons reçu l’ordre de fermeture des établissements d’enseignement supérieur un vendredi. Nous nous sommes accordés une semaine de battement, d’une part pour permettre aux élèves d’aller se confiner au lieu de leur choix, dans leur famille ou ailleurs – certains ont d’ailleurs préféré rester confinés sur le campus, et d’autre part pour nous permettre de nous organiser avec les enseignants et préparer la mise en ligne des cours. Nous ne partions pas de rien puisque nous avons une cellule chargée de l’enseignement numérique à distance, qui a produit les nombreux MOOCs de l’École.
Grâce à cette cellule, nous avons pu organiser de nombreuses séances de formation à la pédagogie en ligne, qui était une nouveauté pour la plupart des professeurs, et nous avons pu basculer complètement en ligne dès le lundi suivant. Et ça a bien marché ! Les premiers concernés étaient les bachelors [NDLR : voir l’interview de deux bachelors confinés dans notre n° 755] et les ingénieurs polytechniciens en deuxième année. Les troisième année avaient déjà fini leurs cours et pour eux le problème était la réalisation de leurs stages. En revanche, il y avait une vraie difficulté pour l’accueil de la promo 2019, qui était jusqu’alors en stage FHM et qui aurait dû arriver sur le campus en avril, donc au plus fort du confinement. Ce n’était évidemment pas possible, et ils ont donc fait une rentrée « virtuelle ».
J’imagine que tout n’a pas été simple ?
Non ! Nous avons eu à relever deux défis importants. Le premier était la mise en ligne intégrale des cours : cela a été un travail considérable, en particulier de la part des professeurs. La deuxième difficulté était la réalisation des stages à l’extérieur, pour les stages de recherche des 3A comme pour les stages en entreprise des 2A. Évidemment, la plupart des stages prévus ont été annulés, même si quelques-uns ont eu la possibilité de faire leur stage en télétravail. Nous avons dû rechercher des formules de substitution. Je dois dire qu’il y a eu une mobilisation extraordinaire de l’AX et de la Fondation pour aider l’École à trouver des stages dans cette configuration exceptionnelle. Grâce à cette mobilisation, on a pu trouver des stages pour la plupart. On a complété le dispositif par un module « recherche » proposé par l’École pour quelques 3A.
Donc tout s’est bien terminé ?
Pas tout à fait. Il n’y a pas que l’aspect pédagogique : certains étudiants, principalement internationaux, comptent sur les rémunérations de stage pour compléter le financement de leurs études. Ils étaient devant une grosse difficulté. Là encore, la mobilisation des anciens avec l’AX et la Fondation a été essentielle, mais aussi celle des élèves eux-mêmes qui ont fait jouer la solidarité pour aider leurs camarades en difficulté. Une « commission de solidarité » a été créée entre tous ces partenaires pour étudier au cas par cas la situation des élèves en difficulté. D’ailleurs, la mobilisation des élèves pour faire face à cette situation de crise exceptionnelle ne s’est pas arrêtée là : beaucoup d’élèves sont allés spontanément prêter main-forte dans différents domaines à l’extérieur de l’École, souvent là où ils avaient fait leur stage FHM : chez les pompiers, dans les forces de l’ordre, dans les hôpitaux, etc.
“Nous avons maintenant
un dispositif très au point
pour la formation des enseignants
à la pédagogie en ligne.”
Quels sont les enseignements de cette crise pour l’École, à ce stade ?
Nous retirons des acquis importants de cette première phase de gestion de la crise. Nous avons maintenant un dispositif très au point pour la formation des enseignants à la pédagogie en ligne. Nous avons mis en place un système automatisé de gestion des Zooms calé sur le calendrier des cours. Il faut dire que le travail des enseignants a été tout simplement fabuleux, sans oublier l’apport essentiel de la DFHM pour tout ce qui a concerné l’organisation de la vie à l’École ou l’organisation du concours.
Malgré tout, il y a des choses qu’on n’a pas réussi à faire. C’est en particulier le cas des « pales classantes » (les examens qui entrent dans le classement de sortie). Autant nous avons pu mettre en place des solutions satisfaisantes pour les évaluations courantes (oraux, soutenances de projet, devoirs classiques, QCM aléatoires…), autant cela été difficile pour les examens qui conditionnent le classement final : il y a des enjeux importants pour les élèves et on ne pouvait courir le risque de voir ces examens contestés ou invalidés. Nous avons donc décidé de les reporter à septembre, pour qu’ils puissent se passer dans des conditions plus satisfaisantes.
Mais, globalement, nous pouvons être satisfaits de cette première phase. Nous avons sondé les élèves pour savoir comment ils évaluaient cette gestion de la crise : 75 % se sont déclarés très satisfaits !
Et la rentrée 2020, comment s’est-elle déroulée ?
Il y a d’abord eu le concours 2020. Grande nouveauté, les oraux se sont faits en décentralisé. En fait, nous sommes revenus aux fondements de l’École, puisque c’est ainsi que se recrutaient les toutes premières promotions. Des tandems d’examinateurs ont donc sillonné la France pour faire passer les oraux aux candidats dans le centre de leur choix : c’était quand même plus rationnel et plus prudent, dans les circonstances actuelles, que de convoquer tout le monde à Paris ! Cette promotion 2020 est arrivée en septembre, mais pour repartir rapidement vers La Courtine.
Entre-temps, les promos déjà présentes ont fait leur rentrée physique sur le plateau (sauf peut-être pour certains internationaux qui ont eu des difficultés à revenir en France, et qui poursuivent en télé-enseignement), mais avec des mesures particulières : nous gérons la capacité des amphis, avec de plus petits nombres d’élèves, nous avons des amphis par vidéo… Il est important que les élèves aient pu recommencer à vivre et étudier physiquement ici à l’École : dans notre sondage, 85 % des élèves étaient demandeurs de revenir en présentiel. La pédagogie en ligne c’est bien, mais ça ne répond pas à toutes les attentes.
Commentaire
Ajouter un commentaire
Bonjour, c’est un plaisir de parcourir la jaune et la rouge et d’en lire des articles. C’est aussi un plaisir de voir des photos de l’école. Elle a changé depuis que je l’ai quittée et je ne vois pas de raison pour pouvoir y retourner même (surtout) en tant que simple visiteur. N’oubliez pas, à l’occasion, de faire un panorama des lieux. Merci