Bernard Zimmern (49) grand défenseur des libertés contre les bureaucraties
Infatigable entrepreneur, innovateur, chercheur, défenseur des libertés contre les bureaucraties, Bernard Zimmern aura marqué notre époque par la création de l’Ifrap.
Bernard Zimmern, né le 8 juin 1930 de Fernand Zimmern, industriel, et de Marcelle Bernheim, et mort le 19 août 2020, est notamment le fondateur de l’Institut français pour la recherche sur les administrations publiques, plus connu sous son acronyme Ifrap.
L’X puis l’ENA
Élève du lycée Janson-de-Sailly où il décroche des prix au concours général de physique et à celui de version latine, il entre à l’X en 1949 et en sort 29e pour entrer à l’ENA dans la promo 1955 Albert Thomas. À l’époque, deux places étaient offertes aux X sans concours à condition d’être sortis de l’X dans le premier tiers, mais on ne sait trop pourquoi Bernard a choisi l’ENA car il était entrepreneur dans l’âme.
Son cocon Jean Cordier, MIT 54, voisin de casert à Lourcine, témoigne : « J’ai pu admirer sa capacité de travail, sa concentration appliquée et sa détermination exclusive. Il fut un des premiers à formuler des critiques constructives des programmes de l’ENA […] Je suis fier de son amitié fidèle. Oui, ce fut un vrai X ! »
De Renault à la Cegos
Curieusement, Bernard Zimmern sort de l’ENA comme administrateur civil dans la Marine marchande, qui le détache aussitôt chez Renault. Il y crée le groupe de recherche opérationnelle (1955−1957) et invente en 1956 une résolution de programmes linéaires de transport par la méthode de séparation en étoile. Il quitte Renault en 1961pour entrer à la Cegos. Il y est nommé en 1963 directeur du département Recherche et Développement, puis en 1966 directeur de l’Institut pour la recherche scientifique Cegoserai.
En 1971, il crée la société Omphale en France mais, se heurtant aux difficultés que rencontre tout inventeur en France, il s’installe à contre-cœur aux USA où il crée en 1981 la société SSCI (Single Screw Compressor Inc.) pour développer ses inventions de compresseurs et détenteurs rotatifs à grande vitesse qui feront sa fortune, pour lesquels il dépose plus de 500 brevets.
La création de l’Ifrap
De retour en France, convaincu de l’importance des think-tanks, communs aux États-Unis mais alors inconnus en France, il crée en 1985 l’Institut Ifrap, qu’il préside pendant plus d’un quart de siècle, et passe la main en 2012 à Agnès Verdier-Molinié qui poursuit avec succès son action de lutte contre les dysfonctionnements de l’État et les obstacles à la croissance de l’économie française.
Devenu président d’honneur de l’Ifrap, Bernard Zimmern crée en 2012 l’Institut de recherche Irdeme, pour développer une discipline quasiment ignorée en France : la démographie des entreprises. Il y prône sans relâche l’importance des business angels, nécessaires pour permettre aux jeunes pousses de passer le stade des premières années. Il crée aussi les blogs Emploi 2017 et holdupmédiatique et l’association Entrepreneurs pour la France (EPLF) qui publie régulièrement depuis 2013 des articles de chefs d’entreprise au service de l’emploi.
La lutte contre les excès bureaucratiques
Bernard est l’un des fondateurs de Contribuables associés, association créée en 1990, ainsi que du groupe X‑Sursaut, qui œuvrent tous les deux pour évaluer l’action publique et dénoncer les incohérences de nos politiques qui, depuis des décennies, augmentent les impôts, les dépenses publiques et la dette extérieure, sans pour autant augmenter le bien-être des Français.
Un auteur prolixe
Il a écrit de nombreux ouvrages de référence, dont Développement de l’entreprise et innovation, Hommes et Techniques, Puteaux, 1969.
Il a écrit aussi de nombreux articles pour La Jaune et la Rouge : Le tandem investisseur-entrepreneur aux États-Unis (n° 549) ; Comment évaluer l’effet des politiques publiques (n° 584) ; Création d’entreprises et Business Angels (n° 619) ; La santé aux États-Unis, coûteuse et complexe, mais performante et dynamique (n° 630) ; Créer des « petits boulots » ? (n° 673).
Bernard avait épousé Marie Ducas en août 1952 et était père de deux enfants (Philippe et Irène, épouse Audouard).