Loin du bruit du monde
Valéry Giscard d’Estaing a publié son cinquième roman, Loin du bruit du monde, tout début novembre dernier. Il s’agit d’un ancien président du Sénat, veuf, qui aux alentours de 1990 choisit de disparaître en s’installant sous un faux nom, après avoir brouillé les pistes, dans une ancienne maison coloniale d’Afrique centrale ; il rencontre quelques personnalités fortes, expatriées comme lui ou indigènes ; il se livre non sans réticence à la chasse à l’éléphant ; il connaît une aventure avec une jeune Américaine, qui est contée avec des pudeurs de jeune fille ; il disparaîtra au sens propre, du coup de trompe d’un éléphant extraordinairement grand qu’il tentait de chasser pour protéger les populations voisines.
Ça se lit facilement : livre court, chapitres courts (sauf, on ne sait pas pourquoi, le deuxième qui fait le tiers du volume), paragraphes courts, phrases courtes. Notre revue n’a à ma connaissance pas publié de recension des précédents romans du grand homme, mais elle a avec grands éloges rendu compte dans son numéro 702 de février 2015 de son dernier essai sur l’Europe.
La lecture du présent roman amène à bien sûr se poser la question des résonnances que l’auteur y trouvait par rapport à sa propre vie. Il s’en est très peu expliqué dans une interview au Figaro, estimant certes qu’il avait écrit ce livre sans doute avant tout pour lui-même et qu’il s’était servi de ses propres connaissances de l’Afrique, mais que le personnage tenait plus de René Monory que de lui et que pour sa part il n’avait jamais eu la tentation de disparaître car il ne s’était jamais senti emprisonné. En tout cas le chasseur de gros gibier qu’il était aura appris à ses lecteurs comment tuer l’éléphant au fusil. Information qu’on ne trouve ni chez Tolstoï, ni chez Maupassant, ni chez Jean d’Ormesson, les trois auteurs qu’il aurait emportés sur l’île déserte.