L’immobilier face à la crise : incertitudes, perspectives et évolutions
Mathieu Lepeltier (85), directeur général de BPCE Solutions immobilières, nous livre sa lecture du contexte actuel entre la crise qui se prolonge, un marché de l’immobilier qui se transforme et la nécessité de s’adapter.
Quels sont les métiers de BPCE Solutions immobilières ?
BPCE Solutions immobilières est une société de conseil en immobilier créée il y a 10 ans. C’est une filiale directe de BPCE SA, l’organe central du groupe BPCE. Son activité s’articule autour de trois services :
- l’évaluation et la valorisation immobilière pour tout type d’actif immobilier et foncier (terrains à bâtir, forêts, bureaux, entrepôts, centres commerciaux, logement…) ;
- la commercialisation de biens immobiliers résidentiels pour les clients particuliers des Banques Populaires et des Caisses d’Épargne qui constituent le réseau BPCE ;
- la vente en bloc d’immeubles de bureaux et de logements.
Face aux grands acteurs internationaux du secteur, BPCE Solutions immobilières est une entreprise agile, à taille humaine (200 collaborateurs), ce qui lui permet d’offrir un service personnalisé, très professionnel et de grande proximité avec ses clients, partout sur le territoire national.
“Si la crise sanitaire a marqué les esprits,
les nombreuses évolutions qui se dessinent actuellement dans le secteur de l’immobilier
étaient déjà présentes avant la Covid.”
Vous avez pris vos fonctions à la tête de BPCE Solutions immobilières en mars dernier. Comment la Covid-19 a‑t-elle impacté votre prise de fonction ?
Ma prise de fonction qui est intervenue quelques jours avant le premier confinement a bien évidemment été fortement marquée par la crise sanitaire. Ces débuts ont donc été axés sur des actions très concrètes concernant la protection des collaborateurs, l’organisation du travail à distance et la continuité d’activité et du service client.
Lors du premier confinement, notre activité d’évaluation et de valorisation a été fortement pénalisée par l’interdiction de se déplacer. À partir de là, l’enjeu a été de pouvoir réaliser les évaluations à distance sans se rendre sur site. Un certain nombre de clients ont accepté les évaluations à distance de nos experts ce qui a permis de maintenir un bon niveau d’activité. Fort heureusement, le second confinement n’a pas empêché les visites de biens, ce qui permet quand même d’avoir une meilleure appréciation des biens pour les valoriser.
Aujourd’hui, quelle est votre feuille de route ?
Ma principale mission est de développer cette jeune société qu’est BPCE Solutions immobilières. Même si le secteur de l’immobilier est en forte transformation et si la crise économique actuelle a eu et aura des répercussions, l’immobilier reste une valeur refuge, portée par des tendances sociétales de fond.
Dans un contexte financier durablement marqué par des taux bas et une abondance de liquidité, je pense que l’investissement va y rester soutenu, et que BPCE Solutions immobilières dispose des atouts pour continuer à grandir.
J’ai aussi la mission de multiplier les synergies au sein du groupe BPCE. Dans un groupe mutualiste comme BPCE, les partenariats ne se décrètent pas de manière centralisée, mais se construisent dans la durée avec chacun des établissements qui composent le groupe. Ce potentiel de croissance est significatif.
Quelles sont les principales tendances qui marquent le marché actuellement ? Quels sont les principaux enjeux que les acteurs vont avoir à relever sur le moyen et long terme ?
Si la crise sanitaire a marqué les esprits, les nombreuses évolutions qui se dessinent actuellement dans le secteur de l’immobilier étaient déjà présentes avant la Covid :
- la limitation de l’empreinte carbone, qui pousse à construire autrement et à rénover l’existant ;
- l’évolution démographique entre croissance et vieillissement de la population ;
- la raréfaction du foncier en milieu urbain,
- un intérêt plus marqué pour le bien-être et la sociabilisation avec l’émergence du co-living, un concept nouveau qui mêle des espaces privatifs, semi-privatifs et collectifs ;
- la digitalisation ;
- la flexibilité (développement du co-working par exemple) ;
- l’accélération du déploiement du télétravail.
Au-delà de l’impact propre à la crise sanitaire, c’est le choc économique qu’elle entraîne qui représente un impact potentiel plus significatif sur le marché de l’immobilier.
À l’heure actuelle, le marché du logement résiste très bien. La demande des particuliers reste forte et les prix sont à leur niveau pré-covid. On s’attend par ailleurs au retour des investisseurs professionnels sur ce segment après une longue absence dans le secteur du logement libre. Le marché des bureaux est plus incertain et de nombreuses questions se posent, notamment par rapport à leur utilisation future par les entreprises alors que l’essor du télétravail se poursuit. Il est évident que dans ce cadre un retour en arrière n’est pas envisageable.
C’est justement dans ce type de période que des professionnels comme ceux de BPCE Solutions immobilières peuvent accompagner les clients pour les conseiller.
Sur un plan plus personnel, que retenez-vous de votre passage à Polytechnique ? Quels sont les acquis sur lesquels vous capitalisez encore dans le cadre de vos fonctions ?
En sortie de l’univers un peu clos de la classe préparatoire, le passage par l’École Polytechnique m’a permis d’avoir une première expérience du management via les responsabilités confiées lors du service militaire. Il m’a aussi apporté une grande ouverture sur le monde politique et économique grâce à la possibilité d’étudier d’autres sujets, hors champ traditionnel des mathématiques et de la physique, même si les enseignements n’étaient pas aussi modulables qu’aujourd’hui.
C’est quelque chose que j’avais particulièrement apprécié à l’époque. J’ai alors aussi pris conscience également du décalage typiquement français dans l’enseignement qui peut exister entre la maîtrise académique et la capacité pédagogique. Ce constat m’a par la suite toujours incité à m’adapter à mon auditoire lors d’une prise de parole.
Enfin, je pense que l’acquis fondamental de cette période reste le culte d’une forme d’exigence intellectuelle, pour approfondir les sujets et ne pas rester à la surface des choses.
Le Groupe BPCE EN BREF
- 5 Caisses d’Épargne
- 14 Banques Populaires, dont 2 Banques Populaires nationales affinitaires CASDEN et Crédit Coopératif
- 36 millions de clients
- 105 000 collaborateurs
- 24,3 milliards d’euros de PBN
- 9 millions de sociétaires
- Une présence dans 40 pays