Claude Janssen (50), un des fondateurs de l’Insead
Claude Janssen, décédé en mars 2021, a été un homme éclectique combinant une carrière brillante dans la finance, sa passion pour l’Insead dont il a été un des fondateurs, et son goût pour les arts et la culture.
Né à Paris en 1930, Claude Janssen a fait ses études dans les lycées parisiens Carnot et Janson-de-Sailly. Entré à l’X en 1950, il fera ensuite un MBA à la Harvard Business School.
Il démarre en 1955 une carrière de plus de 40 ans dans le groupe Worms qui le conduira à la direction générale dès 1978, et aux plus hautes fonctions : administrateur-directeur général de la Banque Worms, associé-gérant de MM. Worms & Cie devenu ensuite Maison Worms & Cie, président de la banque Worms & Cie (Suisse) SA, gérant de Demachy Worms & Cie, membre du conseil de surveillance de Worms & Cie.
Il a en outre été administrateur de sociétés importantes (La Redoute, Unibail, Russell Reynolds Associates, Lebon & Cie, la Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque) et actif dans différentes instances professionnelles, dont le Conseil national du patronat français (CNPF, prédécesseur du Medef), où il siégeait à la commission des finances.
Le projet d’une vie
Cette carrière s’est accompagnée d’une passion pour un projet dont il a été un des initiateurs, et qu’il aura suivi jusqu’à ses derniers jours : la création et le développement de l’Insead, l’Institut européen d’administration des affaires, devenu « The business school for the world », dont le MBA se situe dans les premières places mondiales. L’Insead a en effet été créée en 1957 sur le modèle d’Harvard par le général Georges Doriot (professeur à Harvard), Claude Janssen, Olivier Giscard d’Estaing et Jean Raindre, et inaugurée en septembre 1959 au château de Fontainebleau, où a débuté la première classe.
Si Claude Janssen a présidé l’Insead pendant 22 ans (de 1982 à 2004), son implication n’avait pas cessé depuis 1957, et a continué ensuite avec la Présidence du conseil international jusqu’en 2014, et la présidence d’honneur de l’Insead.
« J’ai été dans les affaires et j’ai partagé ma carrière entre la banque et l’Insead.
Mais pour moi, l’Insead était la partie la plus importante. »
Pour le Doyen de l’Insead : « Personne n’a soutenu la famille de l’Insead ou promu sa mission et ses valeurs avec plus de flexibilité, de fidélité et d’efficacité que Claude Janssen. Le plus fidèle des développeurs, et la définition même de l’efficacité associée à la discrétion (…) pour projeter notre école vers des sommets toujours plus élevés d’impact et d’excellence. »
Claude Janssen lui-même témoignait :
« J’ai été dans les affaires et j’ai partagé ma carrière entre la banque et l’Insead. Mais pour moi, l’Insead était la partie la plus importante. Doriot m’a dit un jour : « Tu sais, je te confie des responsabilités à l’Insead mais ça devrait être ton activité principale. » Et quand j’ai épousé Tuulikki, il a dit à Tuulikki : « Tu vas épouser Claude, il est impliqué dans l’Insead, alors tu le seras aussi. » Il n’a pas eu d’enfant, et je n’ai pas eu d’enfant non plus. Et pour nous deux, l’Insead était une sorte d’enfant que nous avons porté de la naissance à aujourd’hui. Je suis impliqué dans l’Insead depuis 1957. Je ne sais pas si c’est le travail de ma vie, mais c’est presque ça. C’est la partie la plus importante de ce que j’ai fait. C’est une grande partie de ma vie. »
La passion des arts et de la culture
Toutes ces responsabilités n’ont pas empêché Claude Janssen de s’impliquer aussi dans le monde des arts et de la culture : Arts Décoratifs, musée national d’art moderne, ProQuartet, French Library in Boston, et Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris qu’il a présidée.
« La mort transforme la vie en destin » disait Malraux. Claude Janssen n’aura pas attendu de nous quitter pour témoigner au monde qu’il vivait pour une mission. Son souvenir vivra longtemps à l’Insead et dans de nombreuses autres institutions. Un homme à la fois impressionnant et humain, que sa vive intelligence n’empêchait pas d’écouter et de sourire.