Les tout débuts des hélicoptères en France
La France fait partie des pionniers dans le développement des hélicoptères. Aperçu de cette aventure, dont les illustrations photographiques sont savoureuses.
Les premiers balbutiements, des machines capables de vols verticaux très éphémères, datent de 1907. C’étaient le Breguet-Richet, le Paul Cornu et le Maurice Léger (à Monaco), tous stimulés par le Grand Prix de l’Aéro-Club de France (équivalent à 500 000 €), qui devait récompenser le premier kilomètre en circuit fermé réalisé par un aéronef plus lourd que l’air. Aucun ne réussit à dépasser de courts décollages incontrôlés à proximité du sol. Le prix fut finalement remporté par Henry Farman, à Issy-les-Moulineaux, le 13 janvier 1908 sur avion Voisin.
L’entre-deux-guerres
Ensuite, pendant les années trente, l’hélicoptère de Pescara avait atteint en 1922 à Issy-les-Moulineaux l’altitude de… 1,5 m, mais il avait inventé la variation cyclique du pas et le levier de pas général. À Montbéliard, Œhmichen, qui était financé au départ par Peugeot puis par le service technique aéronautique, avait fait voler des hélicoptères « purs » et des « héliostats », hybrides de l’hélicoptère et du plus léger que l’air. Il ne réalisa le premier kilomètre en circuit fermé que le 4 mai 1924. En Espagne, La Cierva avait réalisé à partir de 1923 des autogires munis d’une hélice propulsive et d’un rotor sustentateur en autorotation. Son appareil fut présenté dans les capitales européennes. La Cierva Autogiro Company, créée au Royaume-Uni, vendit sa licence à de nombreux constructeurs : Lioré et Olivier en France, Focke-Achgelis en Allemagne, ainsi qu’à trois industriels américains (Pitcairn, Kellett et Buhl). Le gyroplane Breguet-Dorand Laboratoire fut le premier hélicoptère réussi : Louis Breguet franchit 44 km en novembre 1936. Même configuration inaugurée dix-neuf ans plus tôt par Léger et confirmée par la Nasa sur Ingenuity sur Mars quatre-vingt-cinq ans plus tard ! Les États-Unis connurent leur premier vol le 14 septembre 1939, celui du VS-300 avec Igor Sikorsky. En Allemagne le Focke-Achgelis Fa 223 vole dès 1940.
L’après-guerre
En France le redémarrage intervient dès 1945, par des marchés d’étude confiés par le Service technique de l’aéronautique (STAé) aux sociétés nationales créées en 1936 : la SNCASE, la SNCASO, la SCAN, certaines avec du personnel et des matériels récupérés en Allemagne. Le 13 juin 1948, Jean Boulet (40) de la SNCASE fait décoller le SE 3101, premier hélicoptère français de l’après-guerre. Le 2 janvier 1953, Jean Dabos de la SNCASO fit le premier vol du SO 1220 n° 01, prototype du Djinn, premier hélicoptère « à réaction » construit en série à 180 exemplaires dès juillet 1956, dont 112 exemplaires pour l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT). Dans le même temps, l’État français souhaite s’équiper d’hélicoptères moyens-lourds : un accord de licence est conclu avec Sikorsky par la SNCASE en janvier 1952, pour la production du S‑55 de 3 950 kg/800 ch. Les premiers appareils arrivent à Saïgon dès 1953. L’État complète ses besoins en hélicoptères légers par une fiche STAé / VT du 8 février 1954 conduisant au premier vol du SE 3130 n° 01 Alouette II aux mains de Jean Boulet, le 12 mars 1955. C’est le succès pour ce tout premier appareil à moteur à turbine, le n° 02 vole en mai 1955, les deux appareils sont présentés au salon du Bourget de 1955, 180 exemplaires sont commandés par les forces armées, 30 appareils sont livrés à fin 1956. 1 305 appareils seront construits à fin 1975.
C’est le véritable début de l’ère industrielle française , de ce qui deviendra la division hélicoptères de l’Aérospatiale, dirigée par François Legrand (43) s’internationalisera en Eurocopter, récemment présidée par Guillaume Faury (87) puis Airbus Helicopters actuellement présidée par Bruno Even (87).