Les hélicoptères civils d’Airbus Helicopters.

Airbus Helicopters : un leader résilient et engagé

Dossier : HélicoptèresMagazine N°767 Septembre 2021
Par Bruno EVEN (87)

Air­bus Heli­cop­ters est une exem­plaire réus­site tech­nique, indus­trielle et com­mer­ciale euro­péenne, mais notam­ment fran­çaise. Notre cama­rade qui dirige cette entre­prise peut en tirer une légi­time fier­té ! Il nous pré­sente sa stra­té­gie pour conser­ver son lea­der­ship mondial.

Si vous levez les yeux au ciel en enten­dant un héli­co­ptère, il y a de fortes chances pour que celui-ci soit une machine d’Airbus Heli­cop­ters. L’entreprise occupe depuis de nom­breuses années la place de lea­der sur le mar­ché des héli­co­ptères, pour ser­vir les popu­la­tions, pro­té­ger, sau­ver des vies et trans­por­ter des pas­sa­gers en toute sécu­ri­té dans des envi­ron­ne­ments exi­geants. Cette place n’est pas le fruit du hasard mais celui d’une his­toire, de la pas­sion d’hommes et de femmes issus des meilleures écoles, dont Poly­tech­nique natu­rel­le­ment, d’un esprit pion­nier autant que de réus­sites tech­niques et indus­trielles, natio­nales ou en coopé­ra­tion, à nulle autre pareille.


REPÈRES

Un héli­co­ptère sur deux qui vole dans le monde, et beau­coup plus en France natu­rel­le­ment, est un appa­reil pro­duit par Air­bus Heli­cop­ters. Avec plus de 12 000 appa­reils en ser­vice dans le monde entier et à bien­tôt 30 ans d’existence, la socié­té, ori­gi­nel­le­ment appe­lée Euro­cop­ter, est lea­der mon­dial. Aujourd’hui, plus de 3 000 opé­ra­teurs basés dans 148 pays volent à bord de ses appa­reils. Un chiffre mécon­nu reflète l’exigence de ce mar­ché : 85 % de ses clients pos­sèdent 5 héli­co­ptères ou moins. 


Un leader résilient sur son marché

Pour­tant le mar­ché des héli­co­ptères a vécu de nom­breuses crises ces der­nières années. De celle du prix du pétrole affec­tant les flottes des opé­ra­teurs Oil & Gas à la plus récente en rai­son de la pan­dé­mie de la Covid-19, notre busi­ness modèle nous a per­mis de tra­ver­ser ces tur­bu­lences en fai­sant preuve de rési­lience. Il se fonde sur quatre piliers essen­tiels. Tout d’abord, et en sché­ma­ti­sant, notre acti­vi­té s’équilibre entre la vente d’hélicoptères neufs et nos acti­vi­tés de ser­vice aux clients. 

Notre gamme est duale car elle nous per­met de satis­faire à la fois le mar­ché civil et le mar­ché mili­taire. Cette gamme est aus­si la plus com­plète sur le mar­ché puisque nous pro­po­sons des machines de toutes tailles, des héli­co­ptères légers mono­mo­teurs jusqu’aux héli­co­ptères lourds. Enfin, notre pré­sence inter­na­tio­nale avec des centres clients dans trente pays nous per­met de gar­der une proxi­mi­té étroite avec le mar­ché et nos clients. Mais je ne prends pas cette posi­tion de lea­der pour un acquis ; aus­si nous tra­vaillons ardem­ment à pré­pa­rer le futur en termes d’innovations et en termes de robus­tesse financière. 

Un leader qui tire les standards de la sécurité aérienne vers le haut

Se rendre dans des zones acces­sibles à aucun autre moyen de trans­port est le propre des héli­co­ptères, c’est pour­quoi la notion d’exposition aux risques est intrin­sè­que­ment liée à leurs mis­sions. Qu’ils réa­lisent des vols en haute mon­tagne par vents chan­geants, un sau­ve­tage en haute mer avec des vagues de dix mètres de haut, une opé­ra­tion de lutte contre le feu sur un grand nombre de fronts dif­fé­rents ou un tra­vail aérien exi­geant une pré­ci­sion chi­rur­gi­cale, les femmes et les hommes qui pilotent des héli­co­ptères au quo­ti­dien sont par­fai­te­ment conscients que leurs mis­sions sortent de l’ordinaire.

C’est pour­quoi, en tant que construc­teur, nous devons veiller à four­nir à nos clients toutes les res­sources dont ils ont besoin pour qu’ils puissent se concen­trer plei­ne­ment sur la sécu­ri­té de leurs mis­sions pen­dant que nous nous occu­pons du reste. En tant que fabri­cant, c’est notre res­pon­sa­bi­li­té de faire en sorte que ces héros ano­nymes dis­posent d’hélicoptères leur garan­tis­sant une sécu­ri­té sans faille, à l’efficacité éprou­vée, sur les­quels ils peuvent comp­ter dans les situa­tions les plus cri­tiques, quand il n’y a pas une seconde à perdre.

“La sécurité
est un avantage collaboratif.”

Outre le fait de livrer des héli­co­ptères tota­le­ment fiables, il nous appar­tient d’accompagner nos clients à chaque étape sur la voie de l’excellence en matière de sécu­ri­té : ser­vices connec­tés amé­lio­rés, for­ma­tion sur mesure, déploie­ment de Safe­ty Mana­ge­ment Sys­tems, inno­va­tions dans le domaine de l’automatisation et par­tage de bonnes pra­tiques à tra­vers nos road­shows auprès des uti­li­sa­teurs. Nous nous enga­geons à aller au-delà des exi­gences régle­men­taires en vigueur chaque fois que c’est pos­sible, pour gagner cette bataille avec nos opérateurs. 

La sécu­ri­té est ma prio­ri­té abso­lue. C’est la clé de voûte de la confiance de nos clients. Tous les jours, en pro­duc­tion, au sou­tien ou aux opé­ra­tions, nos équipes accom­plissent leurs tâches sans perdre de vue que la vie de mil­liers de pas­sa­gers et de membres d’équipage dépend de la qua­li­té de leur tra­vail. C’est pour nous une source de fier­té, qui nous pousse à mul­ti­plier nos efforts pour être la réfé­rence dans notre sec­teur d’activité en matière de sécu­ri­té aérienne.

Plus qu’un avan­tage concur­ren­tiel, la sécu­ri­té est à mes yeux un avan­tage col­la­bo­ra­tif. Seuls les efforts conju­gués des construc­teurs, des régu­la­teurs, des opé­ra­teurs et des asso­cia­tions nous per­met­tront d’atteindre notre objec­tif com­mun – notre déno­mi­na­teur com­mun. Nous sommes fer­me­ment convain­cus que tous les acci­dents peuvent être évi­tés ; car un seul acci­dent, c’en est déjà un de trop. D’importants résul­tats ont donc été obte­nus en matière de concep­tion, de main­te­nance, de for­ma­tion (en classe, en vol et sur simu­la­teur), en opé­ra­tions et ges­tion de la sécu­ri­té. Le construc­teur que nous sommes joue un rôle majeur dans l’introduction de nou­velles tech­no­lo­gies qui ren­forcent la sécu­ri­té opé­ra­tion­nelle et il a appor­té de nom­breuses amé­lio­ra­tions dans ce domaine. 

Un leader qui innove pour une aéronautique durable

Inno­va­tion et nou­velles tech­no­lo­gies ne s’appliquent pas uni­que­ment à la sécu­ri­té aérienne. Notre stra­té­gie en la matière com­porte deux volets. Nous enten­dons, d’une part, pro­po­ser de nou­veaux pro­duits et amé­lio­rer notre gamme actuelle afin de per­mettre aux quelque 3 000 opé­ra­teurs qui uti­lisent nos héli­co­ptères d’accomplir leur mis­sion encore plus effi­ca­ce­ment. C’est le cas par exemple avec le tout nou­veau H160 qui devrait entrer en ser­vice cette année et qui a fait l’objet de 68 bre­vets dépo­sées (pale Blue Edge®, nou­veau fenes­tron® incli­né) ou le H145 à cinq pales doré­na­vant, qui a été cer­ti­fié en 2020, et aus­si les amé­lio­ra­tions du H125 (aus­si appe­lé Écu­reuil) des­ti­né au tra­vail aérien. 

D’autre part, nous pré­voyons de déve­lop­per et de por­ter à matu­ri­té des « briques tech­no­lo­giques », autre­ment dit des domaines de recherche poten­tiel­le­ment dis­rup­tifs, qui nous aide­ront à trans­for­mer le sec­teur du vol ver­ti­cal en nous appuyant sur trois prin­cipes direc­teurs : sécu­ri­té, auto­no­mie et éco­res­pon­sa­bi­li­té. À ce titre et pour citer deux exemples, nous allons pro­po­ser le RSAS (Rotor Strike Aler­ting Sys­tem), un détec­teur d’obstacles autour du rotor prin­ci­pal ou du rotor arrière, ou bien Eagle, un sys­tème optro­nique per­met­tant d’assister l’équipage en cap­tu­rant jusqu’à 2 000 mètres l’image de l’hélistation où devra se poser l’appareil ou même ali­men­ter un mode supé­rieur du pilote auto­ma­tique pour auto­ma­ti­ser l’approche.

“La pandémie a démontré
que les hélicoptères étaient irremplaçables.”

Nous déve­lop­pons aus­si des démons­tra­teurs afin de répondre aux besoins futurs : le CityAir­bus dans le domaine de la mobi­li­té urbaine aérienne et le Racer pour vali­der des tech­no­lo­gies inno­vantes et pour aug­men­ter la vitesse et le rayon d’action des héli­co­ptères. Cette inno­va­tion est aus­si au ser­vice d’une avia­tion plus durable et éco­res­pon­sable en visant deux sujets majeurs que sont le niveau de bruit et les émis­sions de CO2 de nos appa­reils. C’est aus­si le rôle d’un lea­der sur son mar­ché que de trai­ter des pro­blé­ma­tiques socié­tales. L’environnement, l’empreinte car­bone de nos moyens de pro­duc­tion autant que celle de nos appa­reils, sont aujourd’hui au cœur de nos préoccupations. 

Un leader, partenaire dans la crise

La pan­dé­mie que nous avons dû affron­ter a démon­tré une fois de plus que les héli­co­ptères étaient irrem­pla­çables pour sau­ver des vies. Tous les héli­co­ptères qui ont trans­por­té des four­ni­tures urgentes, réduit la satu­ra­tion des hôpi­taux ou veillé à l’application des règles liées au confi­ne­ment ont pro­té­gé la vie de cen­taines de personnes. 

Notre res­pon­sa­bi­li­té va bien au-delà de celle d’un construc­teur et de pres­ta­taire de sou­tien et de ser­vices ; elle demeure d’être à l’écoute et en sou­tien de nos clients, dans une véri­table rela­tion de par­te­na­riat. Il est vrai que, au plus fort de la crise, cette tâche n’a pas été facile, mais le dévoue­ment et la réac­ti­vi­té de nos équipes nous ont per­mis de faire la dif­fé­rence pour appor­ter tout le sou­tien néces­saire et livrer les héli­co­ptères commandés. 

Mais notre res­pon­sa­bi­li­té de construc­teur s’étend aus­si à notre éco­sys­tème : nous avons une res­pon­sa­bi­li­té sociale et indus­trielle envers notre réseau de four­nis­seurs. Leur situa­tion est encore plus dra­ma­tique, car ils souffrent direc­te­ment de la crise tra­ver­sée par l’aviation com­mer­ciale. C’est pour­quoi nous met­tons tout en œuvre pour leur garan­tir une sta­bi­li­té rela­tive dans ce contexte d’incertitude, en col­la­bo­rant étroi­te­ment avec eux afin d’anticiper les risques et de ren­for­cer notre chaîne d’approvisionnement.

HIL-H160M
HIL-H160M

Un partenaire historique des armées françaises

De la métro­pole à la Poly­né­sie, de l’Afghanistan au Sahel, d’un océan à un autre, les armées fran­çaises ont déployé ces der­nières années leurs héli­co­ptères sous toutes les lon­gi­tudes… et pra­ti­que­ment toutes les lati­tudes. Seules ou en coa­li­tion, les armées de terre, de l’air et la Marine natio­nale ont fait face à un grand nombre de scé­na­rios très dif­fé­rents où la poly­va­lence des appa­reils et des équi­pages a été mise à rude épreuve. L’actualité pas­sée en a encore appor­té l’illustration, avec l’engagement des héli­co­ptères dans l’opération Rési­lience, quand il a fal­lu trans­fé­rer des patients tou­chés par la Covid-19. Rési­lience s’est jouée à domi­cile et ses acteurs évo­luaient avec des masques, des gants et des res­pi­ra­teurs comme seules armes. 

Cette guerre nou­velle ne sut pour­tant faire oublier que d’autres com­bats se jouaient quo­ti­dien­ne­ment quelques mil­liers de kilo­mètres plus au sud, au cœur du Sahel. Les héli­co­ptères fran­çais sont fami­liers du conti­nent afri­cain, Puma et Gazelle y ayant été enga­gés dans des dizaines d’opérations depuis plus d’un demi-siècle. C’est main­te­nant au tour de la nou­velle géné­ra­tion de prendre la relève. 

Depuis 2014, les héli­co­ptères de l’armée de terre et de l’armée de l’air sont enga­gés dans l’opération Bar­khane, sur un ter­ri­toire semi-déser­tique vaste comme l’Europe occi­den­tale. Appui feu, raids de com­man­dos, mis­sions de des­truc­tion, éva­cua­tions sani­taires… : du Tigre au Cara­cal, des Gazelle aux Cou­gar réno­vés, toutes les capa­ci­tés offertes par les héli­co­ptères sont uti­li­sées. Les Cara­cal ont même uti­li­sé pour la pre­mière fois en opé­ra­tions la capa­ci­té de ravi­taille­ment en vol, avec des mis­sions longues de plu­sieurs heures, sans tou­cher terre dans les zones hostiles. 

Ces héli­co­ptères, déployés au béné­fice des Fran­çais mais sur­tout sur des théâtres d’opérations où ils font régu­liè­re­ment la démons­tra­tion de leur puis­sance et de leur effi­ca­ci­té, sont le fruit de choix poli­tiques d’indépendance et de souveraineté.

CityAirbus
CityAir­bus

Un leader garant de la souveraineté européenne

La situa­tion sani­taire a eu de mul­tiples impacts, dont celui d’être aus­si le révé­la­teur d’un besoin de sou­ve­rai­ne­té et d’une indus­trie natio­nale forte. L’autonomie stra­té­gique n’est plus un débat acces­soire mais une néces­si­té affi­chée en France autant qu’en Europe, celle de pou­voir déci­der en toute indé­pen­dance, ou plu­tôt en choi­sis­sant ses dépen­dances. Cette sou­ve­rai­ne­té choi­sie, elle a été incar­née chez Euro­cop­ter dès sa créa­tion en 1992. Elle s’appuie sur une coopé­ra­tion et une inté­gra­tion fran­co-alle­mande fon­dées sur le déve­lop­pe­ment des pro­grammes d’hélicoptères Tigre et NH90. Elle n’a jamais été remise en cause depuis lors et elle se ren­force même aujourd’hui, tant la volon­té poli­tique affi­chée des deux côtés du Rhin place haut la coopé­ra­tion mutuelle et le besoin de sou­ve­rai­ne­té en matière de défense. 

La sou­ve­rai­ne­té a aus­si plu­sieurs dimen­sions en France. Elle repose sur un trip­tyque unique entre les forces armées, les indus­triels et la DGA. Cette der­nière joue un rôle cru­cial dans la défi­ni­tion et la mise en œuvre d’une stra­té­gie indus­trielle forte pour main­te­nir une BITD (Base indus­trielle et tech­no­lo­gique de défense) à la hau­teur des enjeux d’indépendance stra­té­gique et d’autonomie de la France.

« Airbus Helicopters réalise près de 80 % de son chiffre d’affaires à l’export. »

Cette base indus­trielle, le main­tien de ses com­pé­tences et de ses capa­ci­tés stra­té­giques en appui de notre sou­ve­rai­ne­té, ne peuvent se dis­pen­ser de se tour­ner éga­le­ment vers l’export où Air­bus Heli­cop­ters réa­lise près de 80 % de son chiffre d’affaires. Autre dimen­sion pour la sou­ve­rai­ne­té, le main­tien en condi­tion opé­ra­tion­nelle (MCO) afin de répondre aux besoins des armées fran­çaises lorsqu’elles sont enga­gées en opé­ra­tions. Là encore, l’entreprise y prend sa part en y exer­çant toutes ses res­pon­sa­bi­li­tés et en étant enga­gée dans des contrats glo­baux. Der­nière dimen­sion de la sou­ve­rai­ne­té, celle de la pré­pa­ra­tion de l’avenir. Indis­pen­sable pour pré­ser­ver nos capa­ci­tés futures, elle néces­site une vision à long terme à laquelle un groupe comme Air­bus contri­bue en étant à la fois un cham­pion natio­nal dans chaque pays et un acteur de conso­li­da­tion à l’échelle européenne. 

Une par­faite illus­tra­tion de ces enjeux de sou­ve­rai­ne­té se retrouve donc aujourd’hui chez nous : le main­tien d’une base indus­trielle solide en France, mais aus­si en Alle­magne, pour gar­der nos com­pé­tences notam­ment dans les héli­co­ptères lourds, la mise en place des contrats ver­ti­caux pour amé­lio­rer la dis­po­ni­bi­li­té des flottes d’hé­li­co­ptères, le pilo­tage des pro­grammes en coopé­ra­tion euro­péenne avec le NH90 et le Tigre et enfin la pré­pa­ra­tion du futur avec le lan­ce­ment du nou­veau pro­gramme Gué­pard-H160M qui vise à ratio­na­li­ser le parc actuel d’hélicoptères des forces armées. Je n’oublie jamais que ce qui rend unique Air­bus Heli­cop­ters, qui est par ailleurs un acteur indus­triel majeur, garant de la sou­ve­rai­ne­té euro­péenne et fran­co-alle­mande en par­ti­cu­lier donc, c’est aus­si son his­toire et nous l’écrivons chaque jour avec fier­té et engagement. 

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