Emma sortit à cinq heures
En début d’année Pierre Fiastre a publié un livre de photos Contraste à l’italienne et, dans un tout autre registre, le roman Emma sortit à cinq heures que l’on peut, sans faire injure à l’auteur, qualifier de policier : c’est Sherlock Holmes qui donne la clé de l’intrigue in fine. Le titre fait écho à une approche d’écrivains français, se rattachant au surréalisme, qui, avec Breton, Gide, Valéry et d’autres plus récents, ont voulu renouveler l’écriture du roman. Leur titre de ralliement était La marquise sortit à cinq heures. Dans le cours du récit de Pierre Fiastre, les références à des écrivains contemporains sont ‑nombreuses : J. D. Salinger, Camus, Ayn Rand…
L’objectif annoncé du narrateur est, pour son premier roman, de réécrire Madame Bovary dans une version moderne. Totalement déconnectée de celle de Flaubert, l’intrigue peut être résumée en quelques mots : un atelier d’écriture dont l’animateur Léon / Gustave séduit une de ses élèves Cécile / Emma et se débarrasse ou la débarrasse du mari Paul / Charles. Les prénoms font référence au roman de Flaubert. Autre référence à Gustave Flaubert : le couple d’amis (les Homais) qui ne sont pas pharmaciens, mais dans les affaires.
Emma sortit à cinq heures est écrit sur un ton léger où l’autodérision ne manque pas. Tout est bon pour l’humour : le meilleur endroit pour voir la nuque de l’aimée ? Soit le fauteuil d’une corbeille à l’opéra soit dans son dos devant son PC. Une énigme pour cruciverbiste : tube de rouge, en 14 lettres ? Une autre énigme : l’histoire de la jument à l’arrière-train peint en vert.
Pierre Fiastre tient sa promesse : « Raconter le rien, y prendre plaisir et en donner du plaisir au lecteur, c’est ce que j’appelle la littérature. » Proust aurait peut-être dit la même chose (mais en moins léger) !