Les X et la pratique de l’histoire diversité ou communauté d’approches ?
Le présent dossier entend mettre en lumière la place qu’occupe l’histoire dans la formation et les activités des X, en se fondant sur trois formes de rapport entre les X et l’histoire en tant que discipline.
Premièrement, l’histoire s’inscrit dans le cursus polytechnicien. On peut bien évidemment penser à l’histoire des sciences, abordée au fil des enseignements de mathématiques, de physique, d’économie… L’énoncé du nom de tel ou tel scientifique donné à un théorème, à une constante ou à un dispositif expérimental renvoie à l’histoire de chaque discipline, souvent évoquée en cours. Mais les élèves de l’École se voient aussi offrir des cours directement ancrés dans l’histoire comme discipline : histoire politique, histoire économique, histoire de l’art… L’histoire constitue un fondement de la formation des humanités et sciences sociales. Ce premier volet interroge l’intérêt qu’il y a à recourir à l’histoire pour former des ingénieurs polyvalents que sont les X, alors qu’ils l’ont abandonnée comme matière depuis le lycée.
“Comment comprendre
ce désir d’histoire ?”
Deuxièmement, bien que rares, plusieurs X se sont tournés plus ou moins directement vers l’histoire comme pratique professionnelle. On dit souvent que l’École mène à tout ! Plusieurs questions se posent dès lors pour les X qui se sont tournés vers l’histoire. S’agit-il d’un tournant, d’une rupture ou d’une continuité de la logique d’une formation polyvalente ? L’histoire ne suppose-t-elle pas une polyvalence qui renvoie à celle supposée des X ? Par ailleurs, comment les X ont-ils trouvé leur place dans ce milieu académique, marqué en France par des références littéraires, le concours de l’agrégation et le lien avec le milieu du secondaire ? Leur aisance vis-à-vis des sujets techniques a‑t-elle été un levier pour conquérir leur légitimité ?
Troisièmement, on constate aussi que l’intérêt pour l’activité historique concerne aussi des personnes ayant eu une première carrière professionnelle ou bien retraitées. L’activité généalogique domine souvent ces pratiques, mais de nombreux travaux portent aussi sur des sujets autrement plus variés. Les X ne font pas exception, comme André Turcat (40), premier pilote d’essai du Concorde et docteur en histoire de l’art. Qu’ils soient encore en poste ou déjà retraités, de nombreux X écrivent des productions historiques. Comment comprendre ce désir d’histoire ?
En parcourant ces trois volets, nos lectrices et nos lecteurs pourront ainsi traquer ce que cette pratique de l’histoire révèle de l’identité polytechnicienne : unité ou diversité ?