Dernière saison à Oran
Ma promotion (X56) a été l’une de celles qui ont été maintenues sous les drapeaux un an de plus que prévu pour participer, comme les autres jeunes Français, à la guerre d’Algérie.
Toutefois les corpsards avaient le choix entre effectuer leur deuxième année de service militaire dans la foulée et de n’intégrer leur école d’application qu’après ou de commencer leur formation immédiatement dans leur école d’application.
La plupart des corpsards ont choisi la deuxième formule et 89 d’entre eux ont ainsi été rappelés à titre militaire au 1er octobre 1961. En fait ils ont été détachés pour des missions en Algérie dans leur corps d’origine, car l’armée avait beaucoup moins besoin d’officiers en cette fin d’une guerre qui allait s’achever par les accords d’Évian et l’indépendance de l’Algérie en juin 1962 : une situation « compliquée », le moins que l’on puisse dire !
Dans ce roman, Dernière saison à Oran, François, ingénieur des Manufactures de l’État (la Seita à l’époque), a été envoyé sans mission précise à la préfecture d’Oran. Jeune marié, père d’une petite fille, il s’est installé tant bien que mal dans un Oran accueillant pour le jeune métropolitain. Son épouse l’a rejoint un peu plus tard avec bébé (et argenterie).
L’insouciance, l’envie de vivre et de connaître un monde inconnu pour une jeune femme, dans des circonstances incertaines et souvent dangereuses, transpirent dans le récit d’Antoinette Maux-Robert. Cette aventure vécue sert de toile de fond au roman qui reste une fiction, y compris dans son dénouement.
Peu à peu le désordre, la cruauté, l’injustice de cette période, où l’OAS et le FLN s’affrontent, occupent le devant de la scène. L’inertie d’une administration qui persiste, alors qu’elle perd peu à peu ses raisons d’être, la passivité de l’armée sont les éléments de la tragédie qui aboutit aux massacres du 5 juillet 1962.
Dernière saison à Oran est un petit livre qui vaut le détour.