Un acteur français désormais incontournable de l’impression 3D métallique
AddUp est une jeune start-up innovante active dans le domaine de l’impression 3D métallique. En moins de six ans, l’entreprise se positionne déjà comme un acteur incontournable de ce secteur en Europe. Frank Moreau, CEO d’AddUp, nous en dit plus dans cet entretien.
Quel est le métier d’AddUp ?
AddUp est une société française d’impression 3D métallique qui a vu le jour en 2016. AddUp est une joint-venture entre les groupes industriels Fives (50 %) et Michelin (50 %). On retrouve au cœur de son activité :
- La conception, la réalisation et la commercialisation de machines d’impression 3D métallique ;
- La réalisation de pièces pour différents clients ;
- Le développement d’un savoir-faire applicatif fort qui s’appuie sur les deux précédentes activités et qui est valorisé au travers de services de conseil, de formation, ou encore de service après-vente dans la continuité de la vente des machines.
Aujourd’hui, AddUp emploie près de 300 personnes. Dans les années 2018, AddUp a connu une première phase de croissance avec l’acquisition de plusieurs sociétés françaises de petite taille. Aujourd’hui, nous vivons une nouvelle phase de croissance, hors des frontières nationales, avec un focus sur l’Allemagne et sa zone d’influence qui sont le cœur historique mondial de l’activité d’impression 3D métallique avec des acteurs majeurs et un marché très dynamique. En parallèle, nous ciblons aussi les États-Unis où nous avons inauguré en 2021 un atelier composé d’une dizaine de machines et où nous sommes en train de structurer notre développement avec un focus sur le secteur médical.
Nous sommes aussi actifs dans d’autres domaines, en particulier le spatial, la Formule 1, l’aéronautique, l’énergie, le nucléaire et le luxe
D’ailleurs, que proposez-vous aux acteurs du monde de la santé ? À quelles problématiques et enjeux répondez-vous ?
Le monde de la santé et notamment le domaine des prothèses (hors dentaire) est le marché le plus mature en termes d’impression 3D métallique. Le segment des prothèses, qui est relativement mûr, affiche de très belles perspectives de croissance dans les prochaines années. En fonction des sous-domaines (colonne vertébrale, hanche…), la part du marché américain est comprise entre 50 et 70 %.
Acteur récent, AddUp doit gagner en visibilité sur ce marché et mettre en avant ses solutions techniques et technologiques, sa maîtrise des machines d’impression 3D métallique et de la conception des pièces afin de se positionner comme une entreprise reconnue par les groupes incontournables de ce segment. Aujourd’hui, nous travaillons déjà avec succès avec l’un des cinq groupes leaders dans le domaine des prothèses aux États-Unis et développons de nouveaux projets avec d’autres acteurs.
Les processus du secteur de la santé sont soumis à de fortes contraintes en termes de certification et de qualifications qui engagent différentes autorités.
Nous avons fait le choix de miser sur le développement de chaînes digitales (acquisition des données et de leur traitement pendant les batchs de fabrication) pleinement intégrées, évolutives et interfaçables avec les univers digitaux de nos clients dès les premiers designs de nos machines. Nous avons ici un avantage concurrentiel reconnu qui nous permet d’avoir une meilleure maîtrise des paramètres et des données générées pendant la phase de fabrication. À titre d’exemple, on estime que le volume de données généré par une de nos machines pendant une journée de fabrication équivaut au volume généré par un groupe comme Michelin sur une année de production, ce qui vous permet de comprendre que nous sommes au cœur des enjeux du Big Data temps réel. Parce que nous avons intégré la dimension Big Data nativement à nos machines, nous sommes ainsi en mesure de développer des suites logicielles performantes qui nous permettent de nous positionner malgré notre jeune âge comme un acteur incontournable de l’impression métallique 3D.
Pouvez-vous nous donner des exemples et des cas d’usages concrets ?
Comme mentionné précédemment, nous travaillons avec des acteurs leaders du secteur des prothèses aux États-Unis. Dans le domaine de l’aéronautique, avec Dassault, nous sommes mobilisés sur un projet soutenu par l’Union européenne et la région Auvergne Rhône-Alpes afin d’introduire l’usage des pièces 3D métalliques dans ce domaine. Nous avons aussi livré pour un acteur français, leader mondial dans la fabrication des satellites, une machine que nous avons utilisées pour la conception et la réalisation de pièces pour des antennes satellites. Enfin, nous travaillons aussi dans l’univers de la formule 1 pour des clients comme Alpine et Ferrari pour qui nous fabriquons diverses pièces.
Vos solutions contribuent à l’essor et au développement de l’industrie 4.0. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Au-delà de la notion d’Industrie 4.0, l’impression 3D métallique participe au développement de la fonderie 4.0. Nous ne sommes pas en concurrence avec les acteurs historiques de la fonderie, car nous nous développons autour d’un business model axé sur la production de longueur de série relativement faible, contrairement aux acteurs traditionnels qui travaillent sur des séries de production beaucoup plus importantes. Sur des séries plus restreintes, l’impression 3D métallique permet de concevoir des objets qui n’étaient pas faisables jusque-là et de développer des solutions avec des délais en termes de supply chain plus courts. Nous répondons ainsi à un double enjeu de performance technique au travers d’un nouveau design et de la supply chain en optimisant les délais et réduisant les durées d’approvisionnement, y compris pour les pièces qui ne nécessitent pas de nouveau design.
En parallèle, l’impression 3D métallique permet une démarche de relocalisation de l’activité avec la création d’ateliers plus petits au plus proche des zones de commercialisation. Ce nouveau moyen de concevoir les produits et de sécuriser la supply chain est aussi nettement plus efficient en termes de gain de matières.
Dans certains secteurs comme la défense, l’impression 3D métallique contribue par ailleurs à la souveraineté nationale, un enjeu stratégique d’actualité.
Quels sont vos enjeux et perspectives actuellement ?
Créée il y a environ six ans, AddUp est une jeune pousse technologique dont le principal enjeu est la croissance. Notre ambition est de multiplier par cinq notre chiffre d’affaires dans les trois prochaines années. Dans cette continuité, nous poursuivons nos activités en France et intensifions notre déploiement à l’international avec un focus sur le médical comme précédemment mentionné.
Sur la partie fabrication des pièces, nous avons en France une quarantaine de machines réparties sur deux ateliers à Clermont-Ferrand et à Salon-de-Provence. Grâce à ces unités de production, AddUp fait partie des leaders européens de production de pièces métalliques 3D. En plus de la dizaine de machines dont nous disposons aux États-Unis, nous souhaitons développer notre outil de production avec une vingtaine de nouvelles machines. Sur le moyen terme, nous visons une centaine de machines ce qui représentera un véritable avantage concurrentiel. En effet, un parc de cette taille nous permettra d’appréhender des problématiques très intéressantes comme la maintenance traditionnelle et prédictive, l’industrialisation des processus, l’interopérabilité des machines, l’IA et la valorisation des données générées… autant d’axes à très forte valeur ajoutée que nous pourrons développer en interne, mais avec nos clients qui achètent nos machines.