Paul Lascombes (X13), Construire des choses
Paul Lascombes a été nommé dans la catégorie 30 Under 30 – Europe par Forbes. La start-up qu’il a cofondée se nomme Exotrail. Elle développe et commercialise des moteurs pour satellite de petite taille. Ses petits propulseurs à effet Hall permettent aux satellites de changer d’altitude en fonction des missions attribuées, voire de revenir dans l’atmosphère pour ne pas polluer l’espace.
Paul Lascombes illustre ce qu’est l’imagination créatrice : un moteur électrique à propulsion ionique, primé par l’École en 2015, le mène à fonder en 2017 une start-up avec actuellement une petite centaine de salariés fabriquant et opérant des satellites. M’ont impressionné chez ce sage de moins de 30 ans la lucidité, la hauteur de vue et sa réalisation du rêve de bien des élèves de l’École : créer une entreprise. Lui et moi avons les mêmes initiales, peut-être fut-ce l’origine d’une immédiate sympathie réciproque ! J’ai pu rencontrer Paul Lascombes juste avant son départ pour une réunion scientifique et technique (500 participants) à Boston, sur la propulsion électrique. Il y était invité à participer à un panel (table ronde, en français !).
Volley et gendarmerie à l’École
Il est originaire de Tarbes, a des parents ingénieur et pharmacienne, un frère aîné, qui le précéda de deux ans à l’X, à présent ingénieur chez Airbus. Néanmoins, Baptiste et Paul ne sont pas si proches. Les parents, en revanche, eurent un rôle majeur d’initiateurs du culturel. Il fit sa prépa à Toulouse, dans ce grand lycée réputé : Pierre-de-Fermat. Ils furent vingt de sa prépa à intégrer l’X ; dans son cas, la seule des meilleures grandes écoles dont il réussit le concours. Sur le Platâl, ce brun de grande taille (1 m 92) choisit le volley comme section sportive. Son commandant de compagnie lors de l’incorporation venait de la gendarmerie. Coïncidence non fortuite, Paul fit son service national dans la gendarmerie, à Pau. Comme il est randonneur et skieur, la gendarmerie de haute montagne lui plut intensément. Plus généralement, la gendarmerie – cette arme très ancienne mais étonnamment moderne – exerça une séduction majeure sur la promo. D’ailleurs une camarade de promotion, Sarah Pétroff (X13), déclina le corps des Mines pour devenir officier de gendarmerie (on peut lire sa contribution au dossier du récent numéro 778 de notre revue). Pour conclure cet aspect de sa biographie, Paul, tenté un temps par le corps de l’Armement, encadra une section d’X15 à La Courtine.
La découverte des USA
Après l’École, en compagnie de deux autres X, Paul fut stagiaire à Payerne, au bord du lac de Neuchâtel, chez Swiss Space Systems. Cette start-up vaudoise (2012−2017) faisait faillite. Mais ce stage fut extrêmement formateur pour lui. Autre stage formateur, cinq mois durant, à Caltech, à Pasadena au-dessus de Los Angeles, « intense, mais pas forcené ». Paul apprécia beaucoup l’ambiance du laboratoire où il se trouvait sous la supervision d’un X99. Il profita de ce séjour pour découvrir les USA. Il en aime les parcs nationaux. Ainsi de Yellowstone, qu’il estime à juste titre une splendeur. Il goûta aussi énormément ceux proches de Salt Lake City : Canyonlands, Arches, Bryce, Zion.
Lecture, théâtre et vins dans la vie
Paul est marié ; il épousa une juriste, qui travaille à la Banque de France. Ils se connaissent depuis une bonne décennie, c’est une amie d’adolescence. Grand lecteur, Paul me cite Jules Verne – la lecture de cet auteur fut aussi ma passion toute mon enfance durant – et deux auteurs contemporains de science-fiction, l’Anglais Peter F. Hamilton et le Français Alain Damasio. Cette prédilection est le signe d’une intense familiarité avec ce champ littéraire. Il affectionne aussi le théâtre. À cet égard, lors de sa scolarité à Palaiseau, il fut un fidèle du binet théâtre d’improvisation, lieu où se nouaient des amitiés avec d’autres amateurs de théâtre. Il fréquenta aussi le binet œnologie : il affectionne les vins tanniques autres que les bordeaux, tels que les cahors et les madirans. Nous avons évoqué ensemble un grand margaux, le Château-Lascombes (point de lien de parenté !).
Le succès d’Exotrail
La start-up qu’il cofonda se nomme Exotrail : « En 2015, j’ai commencé à travailler sur un projet étudiant visant à concevoir du matériel pour tester un dispositif de micropropulsion. Je ne savais pas à l’époque où cela me mènerait. Sept ans plus tard, l’entreprise née de ce projet précoce est Exotrail et, en plus de la propulsion, nous ouvrons la voie pour fournir des solutions de mobilité dans le secteur spatial. Je ne saurais être suffisamment reconnaissant envers David Henri, qui faisait partie de ma promotion à l’École polytechnique, pour le travail incroyable accompli depuis lors en tant que cofondateur d’Exotrail. Et je n’oublie pas Jean-Luc Maria et Nicolas Heitz. Mais aujourd’hui nous célébrons la jeunesse ! Avec David, nous avons été nommés dans la catégorie 30 Under 30 – Europe par Forbes ! Je ne dirai pas qu’il s’agit d’une réalisation personnelle, puisqu’elle provient du travail collectif réalisé chez Exotrail, mais je suis tout de même fier de faire partie de cette classe lors de ma vingt-neuvième année ! » Deux des quatre cofondateurs de la start-up venaient de la section volley ! À présent (été 2022), Exotrail grandit. Paul veille à sa croissance – 70 salariés à ce jour, 200 comme objectif 2023 – « mais en maintenant l’ADN et en conservant la prise d’autonomie des personnes ».
Pour conclure, une phrase de Paul Lascombes qui exprime bien son caractère : « Ce que j’aime, c’est construire des choses. »
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