La Loi du désordre
La loi du désordre, un titre bien sévère pour un roman très agréable à lire car très bien écrit et rempli de références lyriques aux arts. Dans ce troisième roman, Philippe Hayat, par ailleurs bien connu comme entrepreneur engagé, a choisi de faire se rencontrer la grande et la petite histoires pendant la période courte du 12 juillet au 15 septembre 1914.
Le monde passe de l’insouciance et de l’espoir du maintien de la paix au basculement brutal dans la Grande Guerre, dont les toutes premières semaines jusqu’à la bataille de la Marne ont été terriblement meurtrières. La famille Rougier vit bourgeoisement à Senonches en Eure-et-Loire : Fulbert le père, industriel autocrate, froid et sévère ; Vitalie la mère soumise et désœuvrée ; Charles le fils fragile contrarié dans ses rêves de voyage et de littérature par son père qui le force durement à le suivre dans ses affaires ; et enfin Jeanne sa sœur, l’héroïne forte de caractère et douée.
Jeanne rompra avec sa famille et avec les conventions de l’époque pour poursuivre des études brillantes et s’engager derrière Jaurès qu’elle admire. Découpé comme un journal, le livre nous rend témoins de l’hébétement qui gagne Jeanne. Elle voit s’effondrer tous ses espoirs de vie heureuse avec un ami étudiant dans un monde en paix. Très attachée à son frère, elle s’engagera au front comme infirmière pour le retrouver et tenter de le sauver de cet enfer, en le ramenant à l’arrière pour une mission civique de défense nationale dans l’usine de son père.
L’horreur crue de la vie sous les obus n’empêche pas la poésie et la musique et les beaux sentiments d’avoir leur place, comme une réaction au désordre.