Elogen : l‘expert français de l’électrolyse
Elogen développe des technologies de pointe pour concevoir et produire les électrolyseurs qui permettront de produire l’hydrogène vert nécessaire à la réussite de la transition énergétique et à la lutte contre le changement climatique. Explications de son Directeur général, Jean-Baptiste Choimet (X01).
Au cœur de l’activité d’Elogen, on retrouve l’hydrogène vert. Dans ce cadre, quel est votre positionnement ?
Elogen est une entreprise de technologies. Nous sommes des concepteurs et des fabricants d’électrolyseurs, des équipements qui permettent à nos clients, à partir de l’eau et de l’électricité, de produire de l’hydrogène et de l’oxygène. Nous sommes basés en Île-de-France, avec un atelier et un centre de R&D aux Ulis. Nous disposons aussi d’une filiale en Allemagne à Cologne qui, notamment, travaille sur des sujets de R&D avec nos partenaires académiques et industriels allemands. L’entreprise existe depuis 25 ans. Elle a été fondée en 1997 sur le campus de l’École polytechnique. Au fil des années, son actionnariat a évolué et, depuis octobre 2020, elle a été rachetée par le groupe GTT et a été rebaptisée Elogen à cette occasion.
Elogen dispose d’une expérience de plus de 15 ans avec des électrolyseurs aujourd’hui en opération sur trois continents : l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Nous disposons d’une capacité de production de 160 mégawatts, ce qui fait d’Elogen le premier producteur d’électrolyseurs en France.
Concrètement, que proposez-vous ?
Nous proposons à nos clients des machines clé-en-main qui vont leur permettre de produire de l’hydrogène pressurisé à une trentaine de bars environ à partir d’eau et d’électricité haute ou moyenne tension. Nous disposons au sein d’Elogen de toutes les compétences pour concevoir, développer, produire, assembler, faire assembler et mettre en opération les électrolyseurs sur les sites de nos clients. Aujourd’hui, nos machines se présentent sous la forme d’un ou plusieurs conteneurs, et peuvent produire jusqu’à plusieurs tonnes d’hydrogène par jour. De telles installations peuvent, par exemple, alimenter en hydrogène la flotte de bus d’une ville de taille moyenne.
En parallèle, nous avons la particularité d’être le seul acteur en France à utiliser la technologie dite « PEM », à membrane échangeuse de protons. Cette technologie a l’avantage d’offrir des systèmes très compacts et réactifs, ce qui est idéal pour fonctionner avec des énergies renouvelables, par essence intermittentes. Ce sont aussi des systèmes qui contiennent uniquement de l’eau. Donc, aucun produit chimique tel la potasse.
Nos ingénieurs R&D sont experts en électrochimie et disposent d’une très fine connaissance des processus de l’électrolyse aussi bien sur un plan chimique que physique, ainsi que de compétences fortes en modélisation et prototypage. Ces expertises et savoir-faire nous permettent de maîtriser totalement la chaîne de valeur de production de l’électrolyseur.
Il est aujourd’hui évident que l’hydrogène vert est un des leviers de la transition énergétique. Comment appréhendez-vous cette dimension et comment y contribuez-vous ?
Aujourd’hui, plus que jamais, les industriels de tous secteurs ont besoin de verdir leurs processus de production. Dans le contexte économique et géopolitique actuel se pose aussi la question de l’autonomie et de la souveraineté énergique, ainsi que la nécessité, à terme, de substituer le gaz par un autre vecteur d’énergie, comme l’hydrogène vert. Le principal frein au développement de l’hydrogène vert est actuellement son coût, qui reste supérieur à celui des hydrocarbures et de l’hydrogène « gris », produit à partir de méthane. L’enjeu est donc d’être en mesure de produire de la façon la plus efficace et massivement de l’hydrogène vert, pour réduire les coûts. Cela passe, en aval, par une nécessaire structuration du marché et la sécurisation des débouchés commerciaux avec des industriels prêts à investir dans l’acquisition de ces équipements. Afin d’accompagner la structuration de la filière et du marché de l’hydrogène, l’Europe a mis en place un dispositif de financement de projets couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène : le Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC). Notre projet de gigafactory fait partie de la quinzaine de projets sélectionnés par l’État pour faire partie de ce dispositif. Dans ce cadre, nous allons bénéficier d’un soutien de l’État français à hauteur d’un montant maximal de subventions de 86 millions d’euros afin, d’une part, de renforcer nos capacités de R&D pour développer des stacks innovants d’électrolyseurs et leurs composants, et, d’autre part, construire à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, une usine permettant la production en masse de ces stacks.
Quels sont les projets qui vous mobilisent actuellement ?
Nos clients sont de diverses natures. On retrouve des entités publiques qui souhaitent se doter d’une unité de production et de distribution d’hydrogène essentiellement pour des applications de mobilité (camions, bus, utilitaires). Nous avons également des clients industriels qui souhaitent mettre en place des pilotes afin de vérifier la faisabilité de la production d’hydrogène vert pour leurs besoins. Au-delà, nous pouvons aussi apporter des réponses pour des applications particulières. Prenons un exemple intéressant : dans le cadre de l’électrolyse, quand nous cassons la molécule d’eau, nous récupérons également de l’oxygène qui peut être utilisé dans les sous-marins pour permettre à l’équipage de respirer en plongée. C’est une application d’intérêt stratégique, propre à Elogen.
En parallèle, nous travaillons sur des systèmes d’électrolyse de plus grande taille pour nos clients industriels, en remplaçant les containers par des bâtiments. Ce sont des systèmes qui pourront être utilisés par les industriels de l’énergie et du gaz, ou encore des sidérurgistes qui pourront introduire de l’hydrogène vert dans leurs processus en remplacement des hydrocarbures. Nous développons actuellement de tels produits en partenariats avec des acteurs « EPC » (engineering, procurement, construction).
Sur le plan R&D, quels sont vos enjeux ?
Notre premier défi est de parvenir à réduire le coût de nos machines en trouvant des solutions techniques astucieuses et plus compétitives. Pour ce faire, nous développons des stacks (des réacteurs d’électrolyseurs) plus gros afin d’équiper des électrolyseurs de plus grande taille. En parallèle, nous travaillons sur les matériaux afin d’améliorer la membrane qui est intégrée dans le stack, toujours en privilégiant les alternatives les plus performantes et les moins coûteuses.
Notre second enjeu est de travailler sur la réduction de la consommation électrique et énergétique des électrolyseurs. En effet, la part du coût de l’énergie est la plus importante dans le coût final de l’hydrogène vert.
Sur l’ensemble de ces sujets, nous avons noué des partenariats avec des industriels ainsi qu’avec l’Université Paris-Saclay.
Comment vous projetez-vous sur ce marché qui a vocation à se développer ?
La publication de plans hydrogène à l’échelle des pays et de l’Europe dans le cadre du Plan de Relance a créé un engouement extraordinaire pour l’hydrogène de la part des investisseurs, mais aussi des fournisseurs de technologies qui se sont positionnés sur le segment de l’électrolyse. Aujourd’hui, nous évoluons dans un environnement extrêmement compétitif même si la filière est encore en cours de structuration.
Pour Elogen, l’enjeu est de continuer à travailler dans la sérénité et de donner les moyens à nos ingénieurs R&D de développer des produits les plus compétitifs et efficaces possible de manière à nous différencier au travers d’une offre fiable et performante. Au moment de notre arrivée au sein du groupe GTT, nous étions une trentaine de personnes. Nous devrions être une centaine dans les prochains mois. Nous recrutons sur de nombreux métiers : la R&D, le bureau d’études, les achats, la gestion projet, l’industrialisation… Si nous privilégions actuellement le recrutement de profils expérimentés afin de structurer l’entreprise et son activité, nous commençons également à rechercher des profils et talents juniors qui seront les experts de demain.
Notre objectif est de croître pour qu’Elogen soit reconnue comme un leader à l’échelle mondiale. C’est une opportunité de carrière passionnante pour de jeunes diplômés de l’École qui ont une véritable appétence pour la technique et la technologie.
En bref
- Plus de 15 ans d’expérience dans l’électrolyse par la technologie PEM (ou membrane échangeuse de protons)
- Des électrolyseurs en opération en Europe, en Asie et aux États-Unis
- Plus de 70 collaborateurs hautement qualifiés
- Une capacité de production annuelle jusqu’à 160 MW, supérieure à 1 GW en 2025 (avec un projet de « gigafactory » à Vendôme, en Région Centre-Val de Loire)
- Une prise de commandes de 6,2 millions d’euros en 2021
- Un chiffre d’affaires de 5,6 millions d’euros en 2021