Loxam

Loxam : l’hydrogène vert, une alternative intéressante aux énergies fossiles

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Olivier GRISEZ (X92)

Oli­vier Gri­sez (X92), Direc­teur Géné­ral Ren­tal France de Loxam, nous explique com­ment ce lea­der de la loca­tion de maté­riel et d’équipement appré­hende la ques­tion de la neu­tra­li­té car­bone. Il revient éga­le­ment sur le rôle cru­cial que l’hydrogène vert va jouer dans le sec­teur. 

Alors que la décarbonation et la neutralité carbone sont des enjeux majeurs, comment se positionne un acteur comme Loxam ? 

Lea­der euro­péen de la loca­tion de maté­riel et d’équipement prin­ci­pa­le­ment pour le sec­teur du bâti­ment et des tra­vaux publics, Loxam a pris des enga­ge­ments envi­ron­ne­men­taux très ambi­tieux. Nous avons fait par­tie des pre­mières entre­prises de notre sec­teur à avoir signé le Glo­bal Com­pact. Aujourd’hui, nous sou­te­nons le scé­na­rio à 1,5°. Nous pre­nons part à l’initiative Science Based Tar­gets et sommes audi­tés chaque année par un tiers. 

Sur un plan plus opé­ra­tion­nel et en matière de décar­bo­na­tion de notre acti­vi­té, nous sommes essen­tiel­le­ment concer­nés par le scope 3 qui repré­sente 94 % de notre bilan car­bone. Ce scope ren­voie à la pro­duc­tion, au trans­port sous-trai­té, ain­si qu’à l’utilisation des équi­pe­ments que nous louons à nos clients (53 %). Dans le cadre de notre tra­jec­toire et notre stra­té­gie car­bone, nous avons pour ambi­tion de réduire de 30 % notre bilan car­bone à l’horizon 2030 sur le scope 3 et de 50 % sur les scopes 1 et 2. 

Pour ce faire, nous déployons de nom­breuses actions. Par exemple, aujourd’hui, 25% de nos inves­tis­se­ments sont flé­chés vers des maté­riels qui consti­tuent des alter­na­tives à des solu­tions car­bo­nées. Dans cette démarche, nous nous foca­li­sons sur notre maté­riel cœur de gamme et nous nous inté­res­sons à des moto­ri­sa­tions hybride, élec­trique et hydro­gène. 

Dans ce cadre, quel rôle l’hydrogène renouvelable peut-il être amené à jouer ? 

S’il est aujourd’hui évident que le rôle de l’hydrogène est de plus en plus impor­tant sur ces enjeux et thé­ma­tiques, dans notre sec­teur, l’hydrogène renou­ve­lable reste tou­te­fois à un stade embryon­naire et de pré-indus­tria­li­sa­tion. Aujourd’hui, en matière d’électrification, nous nous heur­tons à des pro­blé­ma­tiques d’autonomie, de temps de recharge et de sto­ckage. En effet, sur des maté­riels de grande puis­sance, il y a un arbi­trage à faire entre l’autonomie et la puis­sance. Au-delà, sur un chan­tier de construc­tion, il est aus­si très dif­fi­cile de dis­po­ser d’une source ou d’une infra­struc­ture élec­trique pour rechar­ger le maté­riel. Pour faire face à ces enjeux, l’hydrogène est une alter­na­tive inté­res­sante : les délais de rem­plis­sage du maté­riel sont plus courts et le pou­voir calo­ri­fique pour un volume don­né est plus favo­rable que pour l’électrique. C’est aus­si un vec­teur éner­gé­tique que l’on peut uti­li­ser pour sto­cker de l’énergie et ali­men­ter du maté­riel, et donc rem­pla­cer les car­bu­rants fos­siles. Il est évident que pour tirer plei­ne­ment avan­tage de l’hydrogène ce der­nier doit être décar­bo­né et idéa­le­ment pro­duit à par­tir d’énergies renouvelables.

Comment cela se traduit au niveau de votre à votre activité ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Le pre­mier cas d’usage que l’on peut citer est celui du groupe élec­tro­gène à hydro­gène pour la pro­duc­tion d’énergie tem­po­raire. Loxam est le pre­mier loueur en France à avoir inves­ti dans un groupe élec­tro­gène à hydro­gène de 100 kva zéro émis­sion pour des chan­tiers. Nous dis­po­sons de plu­sieurs groupes de ce type en opé­ra­tion sur des chan­tiers démons­tra­teurs. Ils peuvent, d’ailleurs, être uti­li­sés par le sec­teur de l’événementiel, dans des envi­ron­ne­ments urbains. Autre avan­tage de ce maté­riel : il n’émet aucune pol­lu­tion sonore ! En paral­lèle, nous tra­vaillons aus­si sur des pro­to­types de maté­riel rou­lant à l’hydrogène pour enri­chir notre gamme et être en mesure de pro­po­ser ces alter­na­tives à nos clients. 

Dans cette démarche, quels sont vos enjeux et vos perspectives ?

Le pas­sage à l’échelle ! C’est aujourd’hui notre prin­ci­pal enjeu. L’offre est encore émer­gente dans notre sec­teur d’activité et couvre prin­ci­pa­le­ment deux champs : la pro­pul­sion à hydro­gène et la pro­duc­tion d’hydrogène vert. 

La tech­no­lo­gie du moteur à hydro­gène est assez proche de celle du moteur die­sel ce qui peut lais­ser espé­rer une cer­taine rapi­di­té de mise en pro­duc­tion. Le déve­lop­pe­ment de la pile à com­bus­tible implique, quant à elle, une refonte totale sur le plan de l’ingénierie. Au-delà, le moteur à hydro­gène a éga­le­ment un inté­rêt en matière de rejet de NOx. Les pre­miers tests montrent qu’on pour­rait être en des­sous de la norme Euro 6 ce qui, à ce stade, est assez encou­ra­geant.  

En paral­lèle, pour notre éco­sys­tème indus­triel, la dis­po­ni­bi­li­té de l’hydrogène vert reste un enjeu impor­tant. On ne peut pas envi­sa­ger se rendre à des sta­tions hydro­gène pour char­ger nos dif­fé­rents maté­riels. Pour autant, parce que nos chan­tiers ont une durée de vie tem­po­raire, il faut être en mesure d’acheminer l’hydrogène sur ces sites et de déve­lop­per une offre de mise à dis­po­si­tion tem­po­raire d’hydrogène vert. Dans cette conti­nui­té, se pose la ques­tion du sto­ckage de l’hydrogène sur des chan­tiers en mobi­li­té, mais aus­si du ravi­taille­ment du maté­riel en hydro­gène. Pour l’hydrogène gazeux, cela implique de pou­voir com­pri­mer le gaz sur site pour rem­plir des bon­bonnes ou des réser­voirs. 

Et pour conclure ?

Pour rele­ver l’ensemble de ces défis, il est essen­tiel de pou­voir mettre en place des syner­gies entre les dif­fé­rentes indus­tries en capi­ta­li­sant sur les briques tech­no­lo­giques exis­tantes et matures qui ont déjà fait leur preuve. C’est aus­si ce qui per­met­tra d’accélérer le déploie­ment de l’hydrogène dans notre domaine à des coûts com­pé­ti­tifs. 

Chez Loxam, nous sommes ouverts au dévelop­pe­ment de par­te­na­riats avec notre éco­sys­tème indus­triel de four­nis­seurs pour accé­lé­rer le pas­sage à l’échelle et lever ensemble les freins qui per­sistent à l’heure actuelle, à savoir l’offre d’équipements hydro­gène, la pro­duc­tion d’hydrogène renou­ve­lable et son sto­ckage sécu­ri­sé. 

Enfin, il est aus­si impor­tant que le cadre règle­men­taire évo­lue de manière à faci­li­ter ce pas­sage à l’échelle afin que l’hydrogène puisse plei­ne­ment prendre sa place dans le pay­sage des alter­na­tives éner­gé­tiques au die­sel ou à l’essence.  

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