Symbio : le leader français et européen de la pile à combustible
La pile à combustible est un composant clé de la mobilité hydrogène. C’est aussi le cœur de métier du groupe Symbio, d’origine française, qui a développé une expertise et un savoir-faire avéré en la matière. Le point avec Philippe Rosier, CEO de Symbio.
Pouvez-vous nous présenter Symbio ?
Symbio est une entreprise française basée dans la région lyonnaise. C’est aussi une société détenue à part égale par Michelin et Faurecia/Forvia. Plus particulièrement, Symbio est un
spécialiste des systèmes de piles à combustible et des composants connexes pour des applications de mobilité lourde et légère. Historiquement, Symbio était, à sa création en 2010, une start-up qui a été rachetée par Michelin. En 2019, Michelin a réouvert son capital à Faurecia pour accélérer sa croissance et son positionnement comme équipementier de rang 1, c’est-à-dire un acteur qui livre directement les constructeurs automobiles et qui co-développe avec eux les véhicules de demain.
Aujourd’hui, notre ambition est de devenir un leader mondial de la pile à combustible avec un objectif de 200 000 systèmes vendus dans le monde d’ici 2030, soit un chiffre d’affaires de 1,5 milliards d’euros.
Au cœur de votre positionnement, on retrouve donc l’hydrogène. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Notre cœur de métier est, en effet, la technologie de la pile à combustible qui convertit l’hydrogène en électricité à bord des véhicules pour les rendre plus autonomes dans une version zéro-émission. En effet, une pile à combustible n’émet pas de pollution sonore, ni CO2, ni de particules. Il n’y a que l’eau qui ressort du pot d’échappement.
Notre système permet ainsi à un véhicule électrique de gagner en autonomie et rend la recharge possible en quelques minutes.
À partir de là, notre objectif est de contribuer à mettre sur nos routes des véhicules propres sans en compromettre la performance, alliant ainsi le meilleur des deux mondes : la liberté des usages propre aux véhicules thermiques d’hier et le zéro-émission des véhicules de demain.
L’hydrogène est aujourd’hui un sujet qui mobilise de plus en plus d’acteurs. Comment expliquez-vous cet engouement ?
Ces dernières années, nous nous sommes rendu compte que, dans le cadre de la transition énergétique, il nous manquait une brique pour stocker les énergies renouvelables, qui par nature sont intermittentes, en électricité.
L’hydrogène peut jouer ce rôle de vecteur énergétique. Cette énergie secondaire, qui n’est pas un produit naturel à quelques très rares exceptions, est produit à partir d’une énergie primaire.
Au-delà, l’hydrogène se démarque par sa très forte capacité de stockage et la possibilité de le transporter facilement.
Sur un plan technique et opérationnel, grâce à l’électrolyse de l’eau, il permet de stocker les énergies renouvelables, de transporter l’énergie produite vers son point d’usage et de l’utiliser sans émettre de particules ou de CO2.
Actuellement, il y a une course à la production de l’hydrogène vert en Europe, mais aussi dans le monde entier. On recense ainsi plus de 250 milliards de dollars de projets sur l’hydrogène en production ou en exploitation dans le monde entier.
Concrètement, quelles sont les solutions hydrogène que vous proposez et quelles sont les caractéristiques ?
Nous développons donc des systèmes de piles à combustible pour la mobilité on-road et off-road. Nous les adaptons en fonction du besoin et des cas d’usages de nos clients, mais aussi afin de les aligner sur les standards de l’industrie automobile en termes de qualité, de sécurité et de compétitivité. Nous proposons notamment une large gamme de produits satisfaisant tous les besoins de puissance et durabilité du marché. De 40 kw pour les véhicules utilitaires hydrogène de Stellantis qui sont déjà commercialisés, jusqu’à 300 kw pour des systèmes qui équiperont les poids lourds dès 2027.
Dans le développement de nos produits, nous nous concentrons sur l’amélioration continue de la performance des systèmes en termes de durabilité et de compacité, afin de pouvoir les installer sous les capots des véhicules, mais aussi de coût avec l’objectif à horizon 2030 d’avoir un prix au kilomètre qui soit identique et à parité avec le prix pour les véhicules thermiques. En effet, notre ambition est de mettre sur le marché d’ici 2030 des solutions zéro émission et zéro bruit qui aient les mêmes qualités d’usages en termes de performance et de coût que les véhicules thermiques.
Sur quelles expertises vous appuyez-vous pour développer vos solutions ?
Nous nous appuyons sur le savoir-faire et les expertises historiques de Michelin qui étudie les piles à combustible depuis déjà plus de 20 ans et de Faurecia qui développe une activité en propre de réservoir hydrogène. Aujourd’hui, sur nos 600 collaborateurs, 300 sont des ingénieurs qui travaillent notamment sur des sujets et des enjeux d’ingénierie et R&D.
Nous collaborons depuis plusieurs années avec Stellantis, le premier constructeur au monde à mettre sur le marché un véhicule utilitaire à hydrogène. Nous équipons toutes leurs gammes d’utilitaires de milieu de puissance : Peugeot Expert, Citroën ë‑Jumpy, Opel Vivaro… Ces véhicules utilisent une pile à combustible Symbio de 40 KW qui permet d’avoir une autonomie de plus de 400 km, ainsi qu’une recharge rapide en 3 minutes. C’est un système hybride où le moteur thermique est remplacé par une pile a combustible.
En outre, nous avons développé un système pour le bus à hydrogène de seconde génération HYCITY du groupe français SAFRA dont la commercialisation est prévue en 2023. Côté poids lourds, nous contribuons à un projet pilote annoncé en Californie. Nous travaillons aussi sur des véhicules type SUV pour les particuliers. Actuellement, Symbio est impliqué dans plus d’une vingtaine de programmes de développement en partenariat avec ses clients.
Au-delà, nous avons une forte expertise en matière d’industrialisation et la principale illustration est le développement de notre première gigafactory, baptisée SymphonHy, dont l’activité débutera fin 2023. Cette usine représente un investissement initial de 140 millions avec un volume de production de 15 000 systèmes au lancement pour atteindre à termes un volume annuel de 50 000. À horizon 2030, notre objectif est d’avoir 4 usines de ce type pour tenir nos objectifs de production.
Alors que l’hydrogène représente indéniablement un enjeu stratégique afin d’atteindre la neutralité carbone, comment résumeriez-vous vos forces et votre valeur ajoutée ?
Symbio, de par son histoire et sa culture, est historiquement une start-up agile et flexible, qui, en même temps, est adossée à deux actionnaires qui disposent d’une importante force de frappe sur le plan industriel et une vision de long terme. Ce positionnement dual et hybride nous permet de nous démarquer dans cette filière de l’hydrogène en pleine structuration.
En parallèle, comme évoqué, notre gigafactory, à Saint-Fons va nous permettre d’accélérer notre développement technologique et l’industrialisation à grande échelle. Elle fait partie de notre projet Hymotive, reconnu au titre du PIIEC ou Projet Important d’Intérêt Européen Commun (en anglais IPCEI (Important projects of common European interest), qui contribuera à créer 1 000 emplois à terme. Par ailleurs, nous avons créé, l’an dernier, la Symbio H2 Academy, une initiative innovante et pionnière, pour accélérer la montée en compétences nécessaires à la filière hydrogène. C’est un projet que nous avons mis en place en collaboration avec une quinzaine d’écoles et d’universités en France. Son objectif est de former 300 personnes en moyenne chaque année aux métiers de l’hydrogène : production, industrialisation, ingénierie…
Sur un plan plus opérationnel, Symbio est un des rares acteurs positionnés sur le segment de la pile à combustible à pouvoir gérer toute la chaîne de valeur. Il y a quelques mois, nous avons annoncé une joint-venture avec Schaeffler pour la fabrication des plaques bipolaires qui est un des composants clés des piles à combustible. Cela nous permettra de sécuriser la chaîne de fabrication de ce composant stratégique, avec la construction d’une usine en Alsace pour alimenter en plaques bipolaires notre site de Saint-Fons. Nous avons aussi annoncé la signature d’un accord avec CNR et Engie pour la fourniture en hydrogène vert de notre site de Saint-Fons dans une optique de neutralité carbone.
Et pour conclure, comment vous projetez-vous sur le marché ?
Notre ambition est d’être reconnu comme un leader mondial des piles à combustible. Pour ce faire, nous avons un fort enjeu de massification et de totale maîtrise de la chaîne de valeur, ce qui représente, par ailleurs, un enjeu de souveraineté économique à l’échelle européenne.
Sur le plan règlementaire, des efforts doivent encore être fournis pour soutenir le déploiement de tout l’écosystème hydrogène ; comme accélérer le déploiement de stations à hydrogène.
Enfin, pour relever ces défis et atteindre nos ambitions nous avons besoin d’ingénieurs talentueux et motivés, auxquels nous offrons de beaux parcours sur des sujets et thématiques d’actualité : décarbonation des usages, développement de la mobilité durable de demain, accélération de la transition énergétique…
Plus particulièrement, nous recherchons des ingénieurs avec des profils automobile ou chimiste pour rejoindre nos équipes d’ingénierie projet et contribuer à l’industrialisation de ces piles, à l’amélioration de leur durabilité, de leur densité, et de leur recyclabilité sur un marché qui connaît une ultra-croissance à l’échelle mondiale.