De nouvelles perspectives pour lutter contre l’insuffisance cardiaque sévère
Avec l’ICOMS® FLOWMAKER®, FineHeart apporte une véritable innovation de rupture en matière de traitement de l’insuffisance cardiaque sévère. Arnaud Mascarell, son CEO, revient sur la création de la MedTech et la valeur ajoutée du dispositif médical qu’elle développe. Explications.
Comment est née FineHeart ?
Ingénieur biomédical, j’ai réalisé la plus grande partie de ma carrière chez Medtronic, un des leaders mondiaux des technologies implantables, notamment dans le domaine vasculaire. Au cours de mon parcours, j’ai eu la chance de travailler avec des leaders d’opinion en cardiologie et en rythmologie, dont le docteur Stéphane Guarrigue, un des cofondateurs de FineHeart. C’est justement pour concrétiser son concept innovant visant à traiter l’insuffisance cardiaque que la MedTech a vu le jour.
Quels sont les constats qui ont motivé la création de FineHeart ?
L’insuffisance cardiaque sévère est une des maladies chroniques les plus graves. Elle est la 2e cause de mortalité après toutes les formes de cancer. Il n’existe pas de traitement efficace et pérenne. La maladie poursuit inexorablement son évolution et l’espérance de vie est en moyenne de moins de cinq ans.
C’est pour apporter une réponse thérapeutique que les équipes et médecins cofondateurs de FineHeart ont développé l’ICOMS® FLOWMAKER®. Il est, par ailleurs, important de souligner que cette équipe n’en est pas à son premier coup d’essai dans l’innovation en matière d’insuffisance cardiaque. Parmi elle, le Dr Philippe Ritter, co-inventeur de la thérapie de resynchronisation cardiaque devenue un standard pour traiter l’insuffisance cardiaque qui se traduit par l’incapacité du cœur, à chaque contraction, d’éjecter suffisamment de sang dans l’ensemble de l’organisme. Ce dispositif est aujourd’hui une des thérapies phares de la cardiologie implantable.
Pour plus de 200 000 personnes, leur insuffisance cardiaque est due à une faiblesse du cœur qui ne peut pas éjecter suffisamment de sang dans l’organisme. Pour traiter ces patients, une des options est d’implanter un générateur de flux directement dans le cœur. FineHeart a développé une petite turbine, l’ICOMS® FLOWMAKER®, environ 10 cm, qui peut être implantée dans le cœur et dont l’action est synchronisée avec le fonctionnement natif du cœur afin d’accélérer le flux sanguin.
En quoi l’ICOMS® FLOWMAKER® est-il différent des autres dispositifs médicales existants ?
Pour les patients les plus sévères que nous ciblons aussi avec notre dispositif, il existe des assistances cardiaques partiellement implantables ou des pompes cardiaques qui viennent remplacer la fonction cardiaque. L’implantation de ces dispositifs qu’on appelle LVAD – (left ventricular assist device) nécessite un chirurgie plus invasive (arrêt du cœur, mise en place d’une circulation extracorporelle…). Ces pompes aspiratives sont placées à l’extérieur du cœur avec une canule implantée dans le cœur pour aspirer le sang qu’il contient et le « court-circuiter » afin de le rejeter directement dans l’aorte. Parce qu’elles ont vocation à remplacer l’activité native du cœur, ces pompes ont besoin de beaucoup d’énergie et sont ainsi alimentées par des batteries externalisées connectées à la pompe implantée dans le thorax du patient par un câble percutané, voie d’entrée de nombreuses infections très difficiles à soigner et malheureusement trop souvent fatales pour le patient.
En parallèle, les LVAD fonctionnant majoritairement en continu sans prendre en compte la contraction native du cœur et sans respecter la pulsatilité, leur utilisation va sur le long terme dégrader l’imperméabilité des membranes des artères, exposant ainsi les patients à un fort risque d’hémorragie qu’il est là aussi très difficile de stopper, les patients nécessitant un traitement anticoagulant dès l’implantation de ce type de dispositif.
Au cours des 20 dernières années, ces dispositifs ont été améliorés et miniaturisés, mais les risques de complications, infection majeure, hémorragie, souvent mortelles, suite à l’implantation, restent très élevés. Avec l’ICOMS® FLOWMAKER®, nous prenons le contre-pied de cette approche : nous ne remplaçons pas l’activité cardiaque native, mais l’augmentons. Nous utilisons la fonction native du cœur, certes altérée, nous la factorisons grâce notre petite turbine.
En synchronisant son action avec la fonction native du cœur, nous allons pouvoir générer le même flux sanguin que les pompes aspiratives en consommant cinq à dix fois moins d’énergie. Et pour l’alimenter en énergie, nous mettons en place une batterie internalisée et implantée au niveau de l’abdomen du patient , qui se recharge grâce à un système d’induction (TET), qui ne nécessite pas de fil percutané.
Pour résumer, quels sont les bénéfices de l’ICOMS® FLOWMAKER® ?
Notre dispositif médical , minimalement invasif, est entièrement implantable à cœur battant . Son implantation ne nécessite pas d’ouvrir le thorax, ce qui réduit considérablement le risque de complications post-chirurgicales. Enfin parce que nous respectons la synchronisation de la pulsatilité du cœur, nous n’altérons pas la perméabilisation des artères ce qui n’expose pas les patients au risque d’hémorragie. Son alimentation par TET, sans fil extérieur, ne va pas générer de complications lourdes liées.
Aujourd’hui, où en êtes-vous ? Quelles sont les prochaines étapes ?
FineHeart emploie actuellement plus de 50 personnes et a déjà levé plus de 40 M d’euros. Nous avons récemment obtenu une subvention de l’Europe dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir de l’EIC. Sur 3 000 candidats, 13 sociétés françaises ont été retenues et FineHeart est la seule MedTech. Depuis notre création, nous sommes soutenus par une communauté internationale de cardiologues, en attente de solution efficace pour le traitement efficace de leurs patients atteints d’insuffisance cardiaque sévère, par la région Aquitaine et la région Centre, la BPI, ainsi que des d’investisseurs privés de renommée internationale. Aujourd’hui, après avoir franchi avec succès tous les tests précliniques, nous sommes impatients de montrer et confirmer l’efficacité de notre innovation sur des patients humains, au cours d’un essai clinique, First in Human, prévu cette année.
Et pour conclure ?
Dès le départ, nous avons fait le choix de nous inscrire dans une logique d’internalisation des compétences et des expertises pour gagner en agilité (design, prototypage, fabrication, développement…). Cela nous permet aujourd’hui d’être totalement autonomes et de mettre en place notre process d’industrialisation. Nous sommes fiers d’avoir conçu et développé grâce à nos ingénieurs en R&D l’ICOMS® FLOWMAKER®, un dispositif médical 100 % français, capable de se synchroniser avec la fonction pulsatile du cœur, et d’avoir acquis la maîtrise complète de son industrialisation.
La parole à Guillaume Buc (X85), directeur technique de FineHeart
Présentez-nous votre parcours.
Diplômé de l’École polytechnique en mathématiques appliquées et de l’École Nationale Supérieure des Télécommunications de Paris en traitement des images et informatique, j’ai commencé ma carrière dans une société de services dans le secteur de la défense avant de rejoindre en 1995 GE Healthcare, un des acteurs mondiaux de l’imagerie de diagnostic où j’ai occupé diverses fonctions. En 2013, j’ai rejoint Pixium Vision, une medtech qui développe un implant rétinien qui a vocation à stimuler électriquement les fonctions résiduelles de la rétine dans le cadre de maladies neurodégénératives de ces cellules, comme la DMLA. Neuf ans plus tard, j’ai eu le plaisir de rejoindre FineHeart et de retrouver le monde de la cardiologie que j’avais découvert chez GE Healthcare.
Au sein de FineHeart, quels sont votre feuille de route et vos principaux enjeux ?
Aujourd’hui, je mets mon expérience des enjeux réglementaires et de la gestion « multi métiers » d’un medical device innovant au service du développement de l’ICOMS® FLOWMAKER®.
Sur le très court terme, il s’agit de consolider le développement de la société en nous concentrant sur différents axes complémentaires : l’évolution du dispositif actuel et son développement au cours des prochaines générations, l’investigation de nouvelles applications pour notre technologie, la sécurisation de l’industrialisation. L’objectif est de mettre au point un dispositif essentiel pour la vie des patients. Cela représente une responsabilité et un challenge de grande envergure. Ce dispositif innovant a vocation à améliorer significativement la vie des patients atteints d’insuffisance cardiaque sévère.