Objectif zéro émission nette dès 2040 pour Vattenfall !

Objectif zéro émission nette dès 2040 pour Vattenfall !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Henri REBOULLET

Pro­duc­teur, dis­tri­bu­teur et four­nis­seur d’énergie, l’énergéticien sué­dois Vat­ten­fall, un des lea­ders du sec­teur en Europe, se mobi­lise depuis déjà plu­sieurs années pour atteindre l’objectif de zéro émis­sion nette dès 2040. Hen­ri Reboul­let, PDG de Vat­ten­fall Ener­gies et repré­sen­tant du groupe en France, nous pré­sente son entre­prise, ses ambi­tions et ses enga­ge­ments en faveur d’une éner­gie décar­bo­née acces­sible à tous.

Quel est votre positionnement dans le monde de l’énergie ? Et qu’en est-il plus particulièrement en France ? 

Vat­ten­fall est un éner­gé­ti­cien public sué­dois qui a vu le jour en 1909. Le groupe est pré­sent exclu­si­ve­ment en Europe, essen­tiel­le­ment en Europe du Nord : la Suède, les Pays-Bas, le Dane­mark, la Fin­lande, le Royaume-Uni, l’Allemagne, et la France. 

Le groupe couvre toute la chaîne de valeur du métier d’énergéticien. Selon les pays, nous sommes pro­duc­teur d’électricité et de cha­leur, dis­tri­bu­teur et/ou four­nis­seur d’énergie (élec­tri­ci­té, cha­leur et gaz). 

Aujourd’hui, 83 % de notre mix éner­gé­tique est décar­bo­né et 47 % de nos actifs de pro­duc­tion sont issus d’énergies renou­ve­lables (hydro­élec­tri­ci­té, éolien…). 

Vat­ten­fall s’est posi­tion­né en France suite à l’ouverture du mar­ché à la concur­rence en 2000. Nous avons, d’abord, déve­lop­pé nos acti­vi­tés auprès des pro­fes­sion­nels et des grands comptes, puis auprès des entre­prises inter­mé­diaires, des PME et même des arti­sans. Depuis 2018, nous avons élar­gi notre acti­vi­té de four­nis­seurs auprès des clients rési­den­tiels. Nous opé­rons en qua­li­té de four­nis­seur d’électricité et de gaz. En 2020, nous avons dépas­sé le seuil sym­bo­lique des 100 000 clients par­ti­cu­liers et des 10 000 clients pro­fes­sion­nels, dont plus de 3 000 clients grands comptes. 

En France, sur l’activité de four­ni­ture d’énergie, notre ambi­tion est d’intégrer le top 5 des plus grands acteurs à hori­zon 2025. Nous sou­hai­tons aus­si déve­lop­per notre acti­vi­té en France dans la pro­duc­tion d’énergie renou­ve­lable, en par­ti­cu­lier l’éolien en mer, et visons d’avoir 1 à 2 GW de capa­ci­té ins­tal­lée d’ici 2035. 

Vat­ten­fall emploie en France une équipe à taille humaine d’une soixan­taine de per­sonnes répar­ties dans nos deux filiales : Vat­ten­fall Ener­gies et Vat­ten­fall Eolien. Et à cela s’ajoutent plus de 1 000 emplois indi­rects, notam­ment dans les centres de rela­tion clients et chez nos par­te­naires com­mer­ciaux au ser­vice de notre acti­vi­té de fournisseur.

Vattenfall fait partie des premiers énergéticiens européens dont la stratégie visant à atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2040 a été validée par la Science Based Target initiative (SBTi). Qu’en est-il et quels sont les grands axes de votre stratégie ?

Notre stra­té­gie de décar­bo­na­tion a été ini­tiée en 2018 et s’appuie sur des réfé­rences chif­frées de l’année 2017. En 2021, La SBTi a vali­dé nos objec­tifs inter­mé­diaires à 2030. Plus récem­ment en juin der­nier, elle a aus­si vali­dé nos objec­tifs à hori­zon 2040. 

La stra­té­gie de Vat­ten­fall pour atteindre la neu­tra­li­té car­bone est scien­ti­fi­que­ment vali­dée par un orga­nisme indé­pen­dant, la SBTi. Elle consiste à décar­bo­ner nos acti­vi­tés et à sor­tir com­plè­te­ment des éner­gies fos­siles sur l’ensemble des scopes, c’est-à-dire les émis­sions en amont, qui incluent les chaînes d’approvisionnement liées aux inves­tis­se­ments de crois­sance du groupe dans la pro­duc­tion d’électricité sans éner­gies fos­siles et celles liées aux acti­vi­tés de nos four­nis­seurs de biens et ser­vices, ain­si que les émis­sions en aval, qui com­prennent la vente d’énergie à nos clients par­ti­cu­liers et entreprises.

Concrè­te­ment, d’ici 2040, nous visons : 

  • la réduc­tion de 93,5 % par kWh des émis­sions de gaz à effet de serre des scopes 1 et 2 ;
  • la réduc­tion de 94 % par kWh des émis­sions de GES des caté­go­ries 1 et 3 de toute l’électricité vendue ;
  • la réduc­tion de 90 % des émis­sions abso­lues de GES du scope 3 pro­ve­nant de l’utilisation des pro­duits vendus ;
  • la réduc­tion de 90 % de toutes les autres émis­sions abso­lues de GES du scope 3 ; 
  • la réduc­tion de 50% des émis­sions de CO2 de nos four­nis­seurs de biens et de ser­vices d’ici 2030 ;
  • la mul­ti­pli­ca­tion par 4 de notre capa­ci­té solaire et éolienne ins­tal­lée d’ici 2030 ;
  • la sor­tie com­plète du char­bon d’ici 2030 ;
  • la sor­tie du gaz natu­rel d’ici 2040, notam­ment par le pas­sage à l’hydrogène.

L’ensemble de ces actions va nous per­mettre de réduire de 90 à 95 % nos émis­sions car­bone. En paral­lèle, nous allons prendre aus­si des mesures sup­plé­men­taires pour neu­tra­li­ser les émis­sions res­tantes tout au long de notre chaîne de valeur grâce aux cer­ti­fi­cats car­bone et à la séques­tra­tion de carbone.

Grâce à cette stra­té­gie, notre contri­bu­tion nette au bud­get car­bone mon­dial sera nulle en 2040 !

Dans cette démarche de décarbonation, vous avez noué de nombreux partenariats. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

En 2021, lors du World Eco­no­mic Forum, nous avons rejoint la First Movers Coa­li­tion pour le cli­mat en tant que membre fon­da­teur et nous nous sommes ain­si enga­gés à tra­vailler en par­te­na­riat avec les dif­fé­rentes par­ties pre­nantes pour trou­ver des solu­tions visant à décar­bo­ner les sec­teurs les plus cri­tiques comme les trans­ports et l’industrie.

Déjà en 2016, nous avions lan­cé l’initiative Hybrit en coopé­ra­tion avec deux acteurs sué­dois (SSAB, une acié­rie, et LKAB, une com­pa­gnie minière) pour décar­bo­ner la pro­duc­tion d’acier. Dans ce cadre, nous avons déve­lop­pé un démons­tra­teur dans le nord de la Suède à Luleå pour fabri­quer de l’acier décar­bo­né. Pour ce faire, dans les pro­ces­sus, nous avons rem­pla­cé le char­bon par de l’hydrogène vert. Actuel­le­ment, nous avons dépas­sé le stade de l’expérimentation. La pro­duc­tion est en cours et nous avons d’ores et déjà des clients, dont Vol­vo, et nous visons d’atteindre l’échelle com­mer­ciale dès 2026. Par ailleurs, le pro­duit final obte­nu, l’acier décar­bo­né, a un prix de revient qui n’est pas signi­fi­ca­ti­ve­ment plus cher que l’acier clas­sique. Hybrit démontre ain­si de manière très concrète qu’il est pos­sible de décar­bo­ner des indus­tries très pol­luantes sans que le pro­duit final coûte beau­coup plus cher pour le consommateur. 

Au cœur des enjeux qui mobilisent les énergéticiens, on retrouve la question de l’électrification. Comment vous positionnez-vous dans ce cadre ?

L’électrification est un des leviers de notre stra­té­gie zéro émis­sion nette. Nous nous ins­cri­vons véri­ta­ble­ment dans une démarche d’électrification de la pro­duc­tion et des usages. Nous consi­dé­rons, en effet, que l’électrification per­met de répondre à trois grands enjeux : notre indé­pen­dance et notre sécu­ri­té éner­gé­tique, la tran­si­tion éner­gé­tique en faveur du cli­mat et la pos­si­bi­li­té de pro­po­ser une éner­gie à un coût com­pé­ti­tif et acces­sible à tous. 

Les récents évé­ne­ments géo­po­li­tiques et mon­diaux l’ont prou­vé : sans notre dépen­dance au gaz et aux éner­gies fos­siles, en pro­ve­nance de Rus­sie notam­ment, les impacts de la crise éner­gé­tique auraient été tout autre. 

Aujourd’hui, comme l’a expri­mé la ministre de la Tran­si­tion éner­gé­tique, Agnès Pan­nier-Runa­cher, nous sommes face à un “mur éner­gé­tique” qui se tra­duit par un dou­ble­ment des besoins élec­triques dans les dix pro­chaines années.

Face à cette réa­li­té et en cohé­rence avec notre objec­tif zéro émis­sion nette à hori­zon 2040, nous flé­chons tous nos nou­veaux inves­tis­se­ments vers les éner­gies décar­bo­nées, et en par­ti­cu­lier l’éolien en mer, afin de pro­duire une élec­tri­ci­té sans éner­gie fos­sile en France et en Europe.

Au-delà, quels sont les autres sujets et enjeux qui vous mobilisent actuellement en France ?

Actuel­le­ment, il y a deux grands sujets qui nous mobi­lisent sur le mar­ché fran­çais. Tout d’abord, la réflexion en cours autour du post-ARENH et de la régu­la­tion du mar­ché de l’électricité. Ce sys­tème en place depuis 2012 per­met aux four­nis­seurs alter­na­tifs d’acheter une par­tie des volumes d’électricité pro­duits par le parc nucléaire his­to­rique à un prix régu­lé pour four­nir leurs clients en éner­gie tout en leur fai­sant pro­fi­ter de la com­pé­ti­ti­vi­té du nucléaire his­to­rique que les Fran­çais ont contri­bué à finan­cer par l’impôt. Ce méca­nisme doit prendre fin en 2025 alors que la situa­tion du mar­ché n’a pas for­cé­ment évo­lué. Encore aujourd’hui, nous fai­sons face à un mar­ché de l’énergie très concen­tré aux mains de l’acteur his­to­rique, que ce soit dans le domaine de la pro­duc­tion ou dans la four­ni­ture d’énergie. Nous sommes donc enga­gés dans un dia­logue avec le Gou­ver­ne­ment, notam­ment au tra­vers de nos asso­cia­tions (AFIEG et ANODE) pour défi­nir un cadre régle­men­taire per­met­tant à la concur­rence de conti­nuer d’exister sur le mar­ché fran­çais comme l’exige la régle­men­ta­tion euro­péenne, dans l’intérêt des consommateurs. 

En paral­lèle, nous sommes aus­si très enga­gés sur la ques­tion de l’éolien en mer. Le gou­ver­ne­ment fran­çais a annon­cé une ambi­tion d’atteindre un mini­mum de 40 GW d’éolien en mer ins­tal­lés d’ici 2050. Pour y par­ve­nir, il est impé­ra­tif que la pla­ni­fi­ca­tion spa­tiale mari­time, dont le débat public va débu­ter d’ici la fin de l’année 2023, soit réa­li­sée avant la fin 2024 et qu’elle iden­ti­fie pré­ci­sé­ment les zones où les futurs pro­jets seront loca­li­sés. Par ailleurs, il est néces­saire que les pou­voirs publics confirment le lan­ce­ment d’un grand appel d’offres mul­ti-pro­jets de 10 GW d’ici 2026 pour atteindre l’objectif inter­mé­diaire de 18 GW ins­tal­lés en 2035. Nous avons de très fortes ambi­tions sur ce seg­ment et Vat­ten­fall est en pre­mière ligne pour appor­ter sa contri­bu­tion. Par exemple, nous sommes can­di­dats avec nos par­te­naires Sky­born Rene­wables et la Banque des Ter­ri­toires au 8e appel d’offres éolien en mer au large de la Nor­man­die, actuel­le­ment en cours. 

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