Objectif zéro émission nette dès 2040 pour Vattenfall !
Producteur, distributeur et fournisseur d’énergie, l’énergéticien suédois Vattenfall, un des leaders du secteur en Europe, se mobilise depuis déjà plusieurs années pour atteindre l’objectif de zéro émission nette dès 2040. Henri Reboullet, PDG de Vattenfall Energies et représentant du groupe en France, nous présente son entreprise, ses ambitions et ses engagements en faveur d’une énergie décarbonée accessible à tous.
Quel est votre positionnement dans le monde de l’énergie ? Et qu’en est-il plus particulièrement en France ?
Vattenfall est un énergéticien public suédois qui a vu le jour en 1909. Le groupe est présent exclusivement en Europe, essentiellement en Europe du Nord : la Suède, les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande, le Royaume-Uni, l’Allemagne, et la France.
Le groupe couvre toute la chaîne de valeur du métier d’énergéticien. Selon les pays, nous sommes producteur d’électricité et de chaleur, distributeur et/ou fournisseur d’énergie (électricité, chaleur et gaz).
Aujourd’hui, 83 % de notre mix énergétique est décarboné et 47 % de nos actifs de production sont issus d’énergies renouvelables (hydroélectricité, éolien…).
Vattenfall s’est positionné en France suite à l’ouverture du marché à la concurrence en 2000. Nous avons, d’abord, développé nos activités auprès des professionnels et des grands comptes, puis auprès des entreprises intermédiaires, des PME et même des artisans. Depuis 2018, nous avons élargi notre activité de fournisseurs auprès des clients résidentiels. Nous opérons en qualité de fournisseur d’électricité et de gaz. En 2020, nous avons dépassé le seuil symbolique des 100 000 clients particuliers et des 10 000 clients professionnels, dont plus de 3 000 clients grands comptes.
En France, sur l’activité de fourniture d’énergie, notre ambition est d’intégrer le top 5 des plus grands acteurs à horizon 2025. Nous souhaitons aussi développer notre activité en France dans la production d’énergie renouvelable, en particulier l’éolien en mer, et visons d’avoir 1 à 2 GW de capacité installée d’ici 2035.
Vattenfall emploie en France une équipe à taille humaine d’une soixantaine de personnes réparties dans nos deux filiales : Vattenfall Energies et Vattenfall Eolien. Et à cela s’ajoutent plus de 1 000 emplois indirects, notamment dans les centres de relation clients et chez nos partenaires commerciaux au service de notre activité de fournisseur.
Vattenfall fait partie des premiers énergéticiens européens dont la stratégie visant à atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2040 a été validée par la Science Based Target initiative (SBTi). Qu’en est-il et quels sont les grands axes de votre stratégie ?
Notre stratégie de décarbonation a été initiée en 2018 et s’appuie sur des références chiffrées de l’année 2017. En 2021, La SBTi a validé nos objectifs intermédiaires à 2030. Plus récemment en juin dernier, elle a aussi validé nos objectifs à horizon 2040.
La stratégie de Vattenfall pour atteindre la neutralité carbone est scientifiquement validée par un organisme indépendant, la SBTi. Elle consiste à décarboner nos activités et à sortir complètement des énergies fossiles sur l’ensemble des scopes, c’est-à-dire les émissions en amont, qui incluent les chaînes d’approvisionnement liées aux investissements de croissance du groupe dans la production d’électricité sans énergies fossiles et celles liées aux activités de nos fournisseurs de biens et services, ainsi que les émissions en aval, qui comprennent la vente d’énergie à nos clients particuliers et entreprises.
Concrètement, d’ici 2040, nous visons :
- la réduction de 93,5 % par kWh des émissions de gaz à effet de serre des scopes 1 et 2 ;
- la réduction de 94 % par kWh des émissions de GES des catégories 1 et 3 de toute l’électricité vendue ;
- la réduction de 90 % des émissions absolues de GES du scope 3 provenant de l’utilisation des produits vendus ;
- la réduction de 90 % de toutes les autres émissions absolues de GES du scope 3 ;
- la réduction de 50% des émissions de CO2 de nos fournisseurs de biens et de services d’ici 2030 ;
- la multiplication par 4 de notre capacité solaire et éolienne installée d’ici 2030 ;
- la sortie complète du charbon d’ici 2030 ;
- la sortie du gaz naturel d’ici 2040, notamment par le passage à l’hydrogène.
L’ensemble de ces actions va nous permettre de réduire de 90 à 95 % nos émissions carbone. En parallèle, nous allons prendre aussi des mesures supplémentaires pour neutraliser les émissions restantes tout au long de notre chaîne de valeur grâce aux certificats carbone et à la séquestration de carbone.
Grâce à cette stratégie, notre contribution nette au budget carbone mondial sera nulle en 2040 !
Dans cette démarche de décarbonation, vous avez noué de nombreux partenariats. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En 2021, lors du World Economic Forum, nous avons rejoint la First Movers Coalition pour le climat en tant que membre fondateur et nous nous sommes ainsi engagés à travailler en partenariat avec les différentes parties prenantes pour trouver des solutions visant à décarboner les secteurs les plus critiques comme les transports et l’industrie.
Déjà en 2016, nous avions lancé l’initiative Hybrit en coopération avec deux acteurs suédois (SSAB, une aciérie, et LKAB, une compagnie minière) pour décarboner la production d’acier. Dans ce cadre, nous avons développé un démonstrateur dans le nord de la Suède à Luleå pour fabriquer de l’acier décarboné. Pour ce faire, dans les processus, nous avons remplacé le charbon par de l’hydrogène vert. Actuellement, nous avons dépassé le stade de l’expérimentation. La production est en cours et nous avons d’ores et déjà des clients, dont Volvo, et nous visons d’atteindre l’échelle commerciale dès 2026. Par ailleurs, le produit final obtenu, l’acier décarboné, a un prix de revient qui n’est pas significativement plus cher que l’acier classique. Hybrit démontre ainsi de manière très concrète qu’il est possible de décarboner des industries très polluantes sans que le produit final coûte beaucoup plus cher pour le consommateur.
Au cœur des enjeux qui mobilisent les énergéticiens, on retrouve la question de l’électrification. Comment vous positionnez-vous dans ce cadre ?
L’électrification est un des leviers de notre stratégie zéro émission nette. Nous nous inscrivons véritablement dans une démarche d’électrification de la production et des usages. Nous considérons, en effet, que l’électrification permet de répondre à trois grands enjeux : notre indépendance et notre sécurité énergétique, la transition énergétique en faveur du climat et la possibilité de proposer une énergie à un coût compétitif et accessible à tous.
Les récents événements géopolitiques et mondiaux l’ont prouvé : sans notre dépendance au gaz et aux énergies fossiles, en provenance de Russie notamment, les impacts de la crise énergétique auraient été tout autre.
Aujourd’hui, comme l’a exprimé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, nous sommes face à un “mur énergétique” qui se traduit par un doublement des besoins électriques dans les dix prochaines années.
Face à cette réalité et en cohérence avec notre objectif zéro émission nette à horizon 2040, nous fléchons tous nos nouveaux investissements vers les énergies décarbonées, et en particulier l’éolien en mer, afin de produire une électricité sans énergie fossile en France et en Europe.
Au-delà, quels sont les autres sujets et enjeux qui vous mobilisent actuellement en France ?
Actuellement, il y a deux grands sujets qui nous mobilisent sur le marché français. Tout d’abord, la réflexion en cours autour du post-ARENH et de la régulation du marché de l’électricité. Ce système en place depuis 2012 permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie des volumes d’électricité produits par le parc nucléaire historique à un prix régulé pour fournir leurs clients en énergie tout en leur faisant profiter de la compétitivité du nucléaire historique que les Français ont contribué à financer par l’impôt. Ce mécanisme doit prendre fin en 2025 alors que la situation du marché n’a pas forcément évolué. Encore aujourd’hui, nous faisons face à un marché de l’énergie très concentré aux mains de l’acteur historique, que ce soit dans le domaine de la production ou dans la fourniture d’énergie. Nous sommes donc engagés dans un dialogue avec le Gouvernement, notamment au travers de nos associations (AFIEG et ANODE) pour définir un cadre réglementaire permettant à la concurrence de continuer d’exister sur le marché français comme l’exige la réglementation européenne, dans l’intérêt des consommateurs.
En parallèle, nous sommes aussi très engagés sur la question de l’éolien en mer. Le gouvernement français a annoncé une ambition d’atteindre un minimum de 40 GW d’éolien en mer installés d’ici 2050. Pour y parvenir, il est impératif que la planification spatiale maritime, dont le débat public va débuter d’ici la fin de l’année 2023, soit réalisée avant la fin 2024 et qu’elle identifie précisément les zones où les futurs projets seront localisés. Par ailleurs, il est nécessaire que les pouvoirs publics confirment le lancement d’un grand appel d’offres multi-projets de 10 GW d’ici 2026 pour atteindre l’objectif intermédiaire de 18 GW installés en 2035. Nous avons de très fortes ambitions sur ce segment et Vattenfall est en première ligne pour apporter sa contribution. Par exemple, nous sommes candidats avec nos partenaires Skyborn Renewables et la Banque des Territoires au 8e appel d’offres éolien en mer au large de la Normandie, actuellement en cours.