Sipartech : un acteur des infrastructures digitales à dimension européenne
Dotée d’une autonomie stratégique dans l’espace numérique, Sipartech construit et maintient des infrastructures fournissant de la connectivité sur de très grands volumes. Quels sont les grands enjeux de l’entreprise et ses perspectives de développement ? Entretien avec le président fondateur de Sipartech, Julien Santina.
Quelles sont les principales activités de Sipartech ?
Sipartech est un opérateur neutre d’infrastructures télécoms pour le marché entreprises. Nous déployons, exploitons et assurons la maintenance d’un réseau de fibre optique de plus de 35 000 km en France et en Europe. Notre métier consiste à créer des solutions sur-mesure de connectivité très haut débit pour nos clients dans les meilleures conditions techniques et économiques. Nous fournissons de la fibre noire sans service ainsi que des produits et services « éclairés » de très haute connectivité pour les entreprises soucieuses de la maîtrise et de la sécurité de leurs transmissions (longueur d’onde, spectrum, Ethernet, Transit IP, Accès Internet Dédié…). Notre activité principale est la fourniture de capacité de transmission pour le compte de tiers, et le déploiement des infrastructures sous-jaçentes. Si nous voulons comparer notre activité au transport, nous fournissons l’autoroute et les camions qui l’empruntent.
Nos principaux clients sont des datacenters, des opérateurs spécialisés dans le cloud ou des grands acteurs de la tech mondiale. Nous leur fournissons de la connectivité entre leurs sites, que ce soient des datacenters ou des bâtiments.
Sipartech fête ses 15 ans cette année. Quels sont les grands enjeux de vos réseaux aujourd’hui ?
Notre premier enjeu est celui de la résilience afin de garantir un service optimal à nos clients. Ensuite la performance car nous devons offrir des capacités toujours plus importantes dans les fibres optiques. Si l’infrastructure longue distance est coupée, l’incident peut produire des dommages sur l’accès au service des fournisseurs de contenus (CSP). Il faut aussi noter l’importance de la maintenance : lorsqu’un incident se produit, nous devons réparer dans des délais courts. En effet quelles que soient les conditions, nous devons pouvoir déployer des solutions logistiques pour réparer les infrastructures endommagées et les remettre en service dans les meilleurs délais. Pour résumer, les grands enjeux de nos réseaux sont la performance, la sécurité et notre capacité à réparer.
Votre réseau est-il souvent mis à l’épreuve dans ses infrastructures ?
Soyons lucides ! Tous les opérateurs font face à des incidents. Ces incidents sont souvent liés aux travaux réalisés dans les rues donc aux activités humaines. Quand des travaux de génie civil sont réalisés pour faire passer du gaz ou de l’électricité, il y a un risque d’abîmer ou de casser le réseau de fibre optique. Il peut s’agir aussi d’actes de malveillance. Il faut donc mettre en place un système logistique permanent, résilient, et totalement fonctionnel. Nous devons à tout moment avoir du personnel, des ressources donc des stocks disponibles.
“C’est en innovant qu’on améliore la performance ! […] nous sommes persuadés que l’avenir appartient à l’automatisation. Nous tâchons donc d’automatiser nos réseaux pour les rendre plus prédictibles et plus fiables.”
Nos réseaux longue distance sont utilisés de façon extensive, nos clients y font passer des quantités importantes de données (+20 Tbit/s). Quand le réseau est coupé, cela se voit ! La maintenance est donc pour nous au même niveau d’importance que la performance et la sécurité.
La crise sanitaire a mis en évidence le fait que notre activité est vitale, critique, essentielle au fonctionnement de la société. C’est encore plus vrai avec le développement du télétravail et avec toutes les applications du quotidien, comme Doctolib ou le recours à l’IA Générative dans de nombreuses activités.
C’est la raison pour laquelle vous déployez votre propre réseau ?
Exactement. Pour garantir la meilleure qualité de service à nos clients et le contrôle de nos réseaux, nous avons fait le choix dès le départ de déployer notre propre réseau que nous maintenons nous-mêmes avec nos sous-traitants. Nous maîtrisons ce que nous déployons. Et nos systèmes de supervision sont plutôt en avance par rapport aux autres.
Dans quelles directions envisagez-vous votre développement ?
Quand j’ai créé la société en 2008, nous devions déployer un réseau de fibre optique en Île-de-France. Nous avons beaucoup évolué depuis, nous avons créé plusieurs réseaux métropolitains en France et connecté tous ces réseaux entre eux via notre réseau européen longue distance. Cette année, nous avons annoncé la mise en service de notre offre 400 G en Europe. En suivant cette direction, nous confirmons notre position d’acteur de la transformation numérique des entreprises dans les territoires avec un niveau de densité et de sécurité très élevé.
À l’échelle européenne, nous nous développons dans le nord de l’Italie, en Espagne, Allemagne, Suisse, Belgique, Hollande et Angleterre. Nous voulons être présents sur les plus gros hubs de connexion à l’internet dans le monde, des puits de trafic.
Quelle est la place de l’innovation dans votre société ?
C’est en innovant qu’on améliore la performance ! Cela concerne tous les domaines. Je vais vous donner un exemple. Un réseau longue distance a besoin d’amplificateurs tous les 80 km donc des sites techniques. Ce sont de sites techniques qui requièrent de l’énergie pour leur fonctionnement : pour la fournir, nous allons fixer sur leur toit des panneaux solaires de manière à consommer le moins d’énergie possible sur le réseau électrique. Nous travaillons également à des formats très contraints en surface pour réduire au maximum l’artificialisation des sols et utilisons les techniques de freecooling.
Quels sont vos projets en cours d’élaboration ?
Nous avons deux grandes directions. Nous parvenons au seuil que nous voulions atteindre au niveau européen. Aujourd’hui, nous estimons qu’il faut accélérer la transformation des infrastructures, en y apportant du contrôle et de la maîtrise par une supervision performante. D’autre part, nous sommes persuadés que l’avenir appartient à l’automatisation. Nous tâchons donc d’automatiser nos réseaux pour les rendre plus prédictibles et plus fiables.
Qu’est-ce qui peut motiver un jeune diplômé à rejoindre votre société ?
Un peu comme les médecins, infirmiers, urgentistes dans les hôpitaux, nous avons besoin de talents pour pouvoir réparer, améliorer, maintenir les réseaux d’infrastructure fibre. C’est un enjeu clef pour tous nos services. Le plan fibre arrivant à son terme, nous savons que beaucoup de talents se réorientent dans les énergies vertes, le renouvelable, l’hydrogène. Il est donc essentiel pour nous de proposer des parcours en interne spécialisés et stimulants.
Sipartech propose des carrières intéressantes pour les jeunes ingénieurs, car nous travaillons sur des technologies de pointe, sur les infrastructures les plus performantes. De plus, notre activité s’inscrit dans une préoccupation environnementale constante : nous cherchons sans arrêt à réduire notre empreinte carbone, notre surface au sol, etc. C’est un enjeu majeur pour la planète, et aussi pour les nouvelles générations. En outre, grâce à nos clients et à leur niveau d’exigence, nos ingénieurs vivent en direct ce que seront les télécommunications dans les prochaines années. Travailler pour notre entreprise, c’est avoir une réelle utilité dans l’écosystème digital et être au cœur des enjeux du numérique à venir.
Enfin, j’ajouterai que Sipartech est une société française contrôlée par des actionnaires français. Nous sommes un acteur souverain, ce qui est rare aujourd’hui pour une entreprise avec une ambition européenne. Cette indépendance nous anime !