Jacques Levin (X58) infatigable promoteur des réseaux d’anciens en Amérique du Nord

Né en 1937 et décé­dé le 28 août à Fort Lau­der­dale (Flo­ride), à l’âge de 86 ans, après une longue série d’accidents de san­té, Jacques Levin laisse le sou­ve­nir d’un homme infa­ti­gable dans son dévoue­ment à la com­mu­nau­té, non seule­ment des poly­tech­ni­ciens mais aus­si de tous les anciens de l’enseignement supé­rieur fran­çais, et de sa pas­sion pour ce qu’il nom­mait les « réseaux de réseaux » au ser­vice de tous.

Consa­crant tout son temps à notre com­mu­nau­té, Jacques ne nous a pas lais­sé beau­coup de ren­sei­gne­ments sur sa vie per­son­nelle. Nous savons qu’il avait fait son ser­vice mili­taire en Algé­rie, expé­rience qui l’avait mar­qué et lui avait don­né une pro­fonde aver­sion et incom­pré­hen­sion de la méchan­ce­té et ren­for­çait son enga­ge­ment pour l’entraide.

Une carrière américaine

Après l’X, Jacques Levin obtint un doc­to­rat en phy­sique à Gre­noble. Après un pas­sage dans un groupe de recherche de l’université de Cali­for­nie à San Die­go, puis à la Bur­roughs Corp., Jacques devint en 1983 pro­fes­seur d’informatique à Nova Sou­theas­tern Uni­ver­si­ty en Flo­ride, où il fut un pion­nier de l’enseigne­ment à dis­tance bien avant l’heure. Jacques avait mis au point de toutes pièces les outils et la métho­do­lo­gie pour mener à bien ce pro­jet ambi­tieux. Il avait d’ailleurs écrit dans La Jaune et la Rouge en sep­tembre 2006 une his­toire de cette uni­ver­si­té dans un dos­sier sur « les X en Amé­rique du Nord ». Bien ins­tal­lé en Flo­ride, il avait ajou­té en 2003 la natio­na­li­té amé­ri­caine à la fran­çaise qu’il avait tou­jours conservée.

Jacques avait épou­sé une Néer­lan­daise pro­fes­seure de fran­çais, Mientje, qui l’a aidé et accom­pa­gné dans toutes ses acti­vi­tés. Jacques lui fut dévoué pen­dant leur longue vie com­mune, la sou­te­nant infailli­ble­ment lorsqu’elle fut atteinte par la mala­die d’Alzheimer et jusqu’à ce qu’elle décède en 2018. Ils n’eurent pas d’enfants. Le réseau des poly­tech­ni­ciens ayant aidé Mientje à obte­nir en France un trai­te­ment médi­cal indis­po­nible aux États-Unis, cela avait encore ren­for­cé son sou­hait de rendre ser­vice à notre communauté.

Au service de tous

Dans les années 2000, Jacques devint le lea­der du groupe X US-Cana­da de l’AX, rôle qu’il tint jusqu’en 2021. Il avait déve­lop­pé une collabo­ration avec Paris­Tech Alum­ni pour res­ser­rer les liens inter­écoles. Il avait éga­le­ment créé et ani­mé une com­mu­nau­té d’entrepreneurs fran­co-amé­ri­cains, Gol­den Alum­ni, et appor­té son éner­gie à la crois­sance de ces réseaux et l’organisation de nom­breux expo­sés à dis­tance sur les acti­vi­tés de leurs membres. Ses télé­conférences du jeu­di sus­ci­tèrent de nom­breux contacts ines­pé­rés entre cama­rades. Jacques essayait éga­le­ment de mieux faire connaître l’X auprès des orga­ni­sa­tions améri­caines pour les­quelles la struc­ture et la valeur des grandes écoles fran­çaises étaient (et res­tent lar­ge­ment) un mystère.

Ceux qui l’ont connu se rap­pel­le­ront sa prédi­lection pour constam­ment joindre de nou­veaux cama­rades au télé­phone, son outil pré­fé­ré en plus de ses copieuses lettres d’information, pour nous aider à nouer de nou­veaux contacts. Jacques aimait dire : « Le réseau m’a tel­le­ment appor­té toute ma vie que c’est nor­mal de redon­ner et par­ta­ger jusqu’à ma mort. » Selon un cama­rade, Jacques était « capable véritable­ment d’appeler au télé­phone la terre entière pour aider un cama­rade sans jamais attendre de retour ». C’est cet ensemble d’abnégation, d’humilité et de volon­té conti­nue de rendre ser­vice dont nous gar­de­rons le sou­ve­nir. Nous avons repris avec humi­li­té le flam­beau qu’il nous a lais­sé et ferons le plus pos­sible pour hono­rer sa mémoire en ani­mant de notre mieux la forte com­mu­nau­té que Jacques a pas­sé des décen­nies à créer et soutenir.

Les auteurs remer­cient Antoine Lemoine (Télé­com Paris), Hen­ri Ces­bron-Lavau (X68), David Sen­bel (EM Lyon) et Guy Somekh (Ens­ta Paris et Paris­Tech Alum­ni) de les avoir aidés à pré­pa­rer cet hommage.

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