Hyppo Se réendetter efficacement sur l’immobilier détenu
En 2023, Jonathan Landman (X03) a cofondé Hyppo, qui propose des solutions innovantes pour développer son patrimoine et permettre de financer ses projets. Hyppo se veut le spécialiste français du refinancement immobilier.
Quelle est l’activité d’Hyppo ?
En quelques mots, Hyppo permet aux propriétaires fonciers de se réendetter sur leur immobilier détenu. Notre vision à terme est le développement de solutions patrimoniales pour les propriétaires immobiliers français, en leur proposant d’activer leur patrimoine immobilier dormant : dans un premier temps en les refinançant, puis dans un second temps en les aidant à investir.
Quel est le parcours des fondateurs ?
Après l’X et un passage à Columbia, j’ai travaillé pendant deux années en banque d’affaires à Londres (Bank of America), puis quatorze années en expertise numérique et data dans différents contextes : accélération de la transformation numérique de grands comptes, direction d’équipes techniques (grands groupes, start-up), conception-réalisation de solutions techniques disruptives. Mon associé, Florent de Rocca-Serra, a étudié à Bocconi, à l’ESCP et à la Harvard Business School. Il a passé quinze années en start-up scale-up à développer des activités en ligne – conseil chez Capgemini, puis développement et management de BU au sein de Fintech, marketplaces et médias numériques.
Comment t’est venue l’idée ?
La genèse du projet s’est faite avec François Durvye (X03), directeur général d’Otium Capital, autour de nos cas personnels. Nous avons réalisé qu’en France aucune solution d’equity release n’était disponible pour le grand public. En effet, bien que développés dans d’autres marchés européens comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Benelux, ces mécanismes sont disponibles en France uniquement de manière confidentielle auprès de la clientèle de banque privée. Nous souhaitions populariser ces mécanismes, en commençant par le prêt hypothécaire, pour proposer aux propriétaires de recharger en dette leurs biens immobiliers amortis.
Qui sont les concurrents ?
Les concurrents principaux restent les banques privées, avec lesquelles nous travaillons pour cibler une clientèle patrimoniale dans une stratégie de plateformisation. Mobiliser son patrimoine immobilier pour financer un projet nécessite un éventail d’expertises (juridique, fiscalité, finance, comptabilité), un écosystème et des produits aujourd’hui méconnus. Recoudre toutes ces briques dans une solution simple est assez unique sur le marché pour l’instant.
Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?
Après une phase d’incubation en octobre 2022 chez Otium Capital, nous avons développé notre proof of concept début 2023. En juillet 2023 a eu lieu notre première levée de seed money.
Comment se porte le marché de l’immobilier en France ?
En France, l’immobilier est la classe d’actif majoritaire et représente 62 % du patrimoine de l’ensemble des ménages (Insee). Les Français ont un fort attachement à la pierre et s’endettent pour acquérir et conserver leurs biens. En 2023 et selon l’Insee, 30 millions de biens sont détenus par des propriétaires privés, pour une valeur totale avoisinant les 6 900 milliards d’euros. Au cours des vingt-cinq dernières années, le parc immobilier français s’est en moyenne apprécié de 40 %.
Récemment, la tendance inflationniste a entraîné une hausse des taux directeurs qui sont passés en quelques mois de 1 % à 4 %, ce qui a ralenti d’environ 60 % la production de crédit et par conséquent les volumes de transaction. Pour nous, ces éléments restent conjoncturels et continueront vraisemblablement à évoluer au cours des prochains mois, avant de se stabiliser. À moyen terme, nous sommes confiants sur la solidité du marché. Ce contexte est très porteur pour nous, car nous permettons précisément d’utiliser l’actif immobilier net des propriétaires qui peinent à vendre dans ce contexte de marché.
La crise de 2008 n’a‑t-elle pas porté préjudice au prêt hypothécaire dans l’esprit des propriétaires ?
L’approche française consiste à financer une capacité de remboursement plutôt qu’un actif, comme en Allemagne ou au Benelux. C’est protecteur, et c’est ce qui a probablement permis d’éviter l’emballement du crédit et les drames personnels vécus aux USA en 2008. Néanmoins, bien utilisés, ces mécanismes sont utiles et vertueux. La dette est créatrice de valeur lorsque les risques sont bien compris et qu’elle est utilisée à bon escient. Nos produits permettent de prolonger l’effet de levier dans le temps.
“Proposer des solutions simples et utiles qui auront un maximum d’impact.”
La hausse des taux qui semble s’installer pour un moment ne risque-t-elle pas de tout chambouler ?
La hausse des taux a effectivement un impact important et certains projets seront peut-être retardés. Cela dit, nous constatons un fort engouement de la part du marché, avec 300 dossiers à traiter en quelques mois. Les gens nous contactent pour recharger en dette leurs biens sans avoir à les vendre. Ils peuvent ainsi réaliser leurs projets (travaux de mise en conformité énergétique, acquisition immobilière, financement d’un compte courant d’associé, ou simplement investissement) tout en préservant leur patrimoine.
La Chine traverse actuellement une grave crise économique, dont l’explosion de la bulle immobilière semble être une des raisons. Y a‑t-il un risque que cela nous arrive également ?
L’économie est mondialisée. La Chine connaît aussi bien une crise immobilière qu’un bouleversement profond de son modèle économique porté vers l’extérieur. À mon sens la Chine doit réorienter son modèle de production en prenant en compte une réindustrialisation de ses partenaires historiques et en profiter pour développer son marché intérieur. Pour moi, la tendance baissière actuelle des prix de l’immobilier est a priori plus liée à la hausse des taux et est donc passagère.
Tu en es à ta troisième ou quatrième création d’entreprise, qui plus est dans des secteurs différents ? Qu’est-ce qui te motive pour démarrer à chaque fois un nouveau challenge ?
L’envie de créer et d’apprendre. La manie de toujours chercher des occasions de marché (segments mal servis, révolution technologique, contexte réglementaire évolutif) et d’essayer de proposer des solutions simples et utiles qui auront un maximum d’impact.