Technocratisme. Les grands corps à la dérive.
Cet ouvrage se distingue de la masse de livres ou d’articles publiés sur le même sujet pour deux raisons principales : d’une part le fait d’être lui-même corpsard (Mines) permet à l’auteur de décoder, dans le cursus d’homologues parvenus à de hautes responsabilités, certains enchaînements ignorés ou négligés par des observateurs externes ; d’autre part, à la différence de beaucoup de ces derniers, l’auteur n’est pas exclusivement porté par une « indignation » systématique, réelle ou simulée, façon la plus facile de retenir l’attention. Le livre comprend quatre parties : un état des lieux fondé sur un examen de nombreux cursus de corpsards éminents, éventuellement sous forme de portraits-devinettes ; un historique remontant à la création des premiers corps d’État ; une analyse de ce que l’auteur appelle la dérive de ce système ; et enfin une vision prospective débouchant sur des recommandations de réforme. L’ouvrage est une mine d’informations factuelles et les jugements exprimés reposent sur une argumentation solide, même si elle peut déplaire à certains. Une remarque : un lecteur peu au fait des réalités françaises pourrait être amené à ne pas réaliser combien l’ascension à des responsabilités de très haut niveau des corpsards est malgré tout concurrencée par d’autres cursus : X non corpsards, ingénieurs d’autres écoles, diplômés d’écoles de commerce, titulaires (éventuellement étrangers) de diplômes d’autres pays et, pour la politique, filière Sciences Po de province, attaché parlementaire, élu (souvent efficace, car connaissant parfaitement les rouages de la vie parlementaire) et ensuite parfois ministre.