Les Trois Mousquetaires – Milady / La fille de son père / L’Innocence / Une affaire d’honneur / Un silence / Making of
Alexander Payne (Winter Break) est un bon metteur en scène, Nicolas Cage (Dream Scenario) fait de louables efforts, Laure Calamy (Iris et les hommes) est toujours pétulante, mais… quand faut choisir, faut choisir !
Les Trois Mousquetaires – Milady
Réalisateur : Martin Bourboulon – 1 h 55
Un vrai plaisir de cinéma ! Je n’avais pas été emballé par le premier chapitre. Ce deuxième volet est excellent. Les acteurs sont parfaits et parfaitement mis en valeur : jeunesse infatigable et fougueuse de François Civil, drôlerie de Pio Marmaï, de Romain Duris, efficacité de Vincent Cassel dans le rôle le moins évident. Magnifiques scènes d’ensemble, ça bouge, ça court, ça cogne. Les femmes, malgré Eva Green, sont en retrait. Mais on est là pour les quatre héros, familiers, cavaleurs, insolents, frères d’armes. Louis Garrel reconduit son Louis XIII subtil. Toute la distribution est à la hauteur et Lyna Khoudri a un cou merveilleux. Cette fois, on attend vraiment le chapitre III !
La fille de son père
Réalisateur : Erwan Le Duc – 1 h 31
Poétique et impressionniste. Accumulation de petites choses et présence, étrange, forte, des acteurs, Nahuel Pérez Biscayart, lunaire, Céleste Brunnquell, juste et sensible, père et fille fusionnels au bord pourtant de l’indépendance, s’équilibrant autant que se déséquilibrant, Maud Wyler, réelle et touchante, Mohammed Louridi, ado parfait… On avance sur un tapis de feuilles d’automne avec le souvenir, non dit, prégnant, la faille originelle du départ sans explication de la mère. Des questions sans réponses et une drôle de vie à deux plus les autres bâtie sur l’absence obstinément occultée. De très jolies scènes, même secondaires, et un court mais épatant numéro de Noémie Lvovsky en maire éco-illuminée. Une proposition de cinéma champagnisée plus profonde peut-être qu’il n’y paraît.
L’Innocence
Réalisateur : Kore-eda – 2 h 06
L’amitié confusément amoureuse de deux gamins bâtit les coulisses d’une histoire complexe truffée de malentendus où mère, professeur, école, directrice, cadres se débattent, s’enlisent, perdent leur latin, découvrent leurs failles, frôlent le pire, avec florilège de courbettes asiatiques et « pas-de-vague » à la japonaise. Kore-eda nous propose ici les méandres labyrinthiques d’une complication à déchiffrer, dont la victime principale est l’enseignant et qui ne débouche pas sur grand-chose de nouveau mais lui a valu en mai dernier la « Queer Palm », récompense annuelle du plus beau film « traitant de la diversité sexuelle et de genre » du festival de Cannes. Les chroniqueurs des Inrockuptibles sont contents ! Nom de Dieu !
Une affaire d’honneur
Réalisateur : Vincent Perez – 1 h 40
Je suis bon client pour ce genre de sujet… et j’ai beaucoup aimé ce film assez médiocre dont le casting m’enchantait dès le départ, mis au service d’une trame sans finesse psychologique mais qui nous propose un quasi-documentaire sur les affaires d’honneur et les règles du duel à la fin du XIXe siècle, un peu d’information historico-féministe à la clé. Roschdy Zem réendosse son costume de personnage fermé, mutique, minéral, Doria Tillier ne manque pas de qualités athlétiques et tout le monde s’agite très honorablement dans un formalisme tiré au cordeau qui relève pour beaucoup de l’album illustré. Un divertissement appliqué qui plaira aux convaincus sans convaincre les difficiles.
Un silence
Réalisateur : Joachim Lafosse – 1 h 39
Lenteur, charge émotionnelle, sollicitation du spectateur, épaisseur du propos, performance fascinante d’Emmanuelle Devos, excellence de Daniel Auteuil. Jeanne Cherhal (la commissaire) et Matthieu Galoux (le fils) impeccables… Tiré de la dramatique affaire Hissel, une affaire dans l’affaire Dutroux. Un pédophile, avocat des parties civiles de crimes pédophiles… Le scénario reste opaque vingt minutes tandis que l’atmosphère, pesante, s’installe. Un très bon film qui se mérite, elliptiquement dense et puissant.
Making of
Réalisateur : Cédric Kahn – 1 h 54
On passe un bon moment, mais… On court beaucoup de lièvres à la fois (trop ?) à travers un flot de situations qui balaient à peu près tous les cas de figure attendus d’un film dans le film, filmant sa galère et les avanies qui lui tombent dessus tandis que l’humain clapote dans les affres de l’humain. Le comique est un peu en deçà du niveau espéré, le sérieux est un peu mièvre, un chouïa convenu. Indiscutablement des scènes fortes, des trouvailles, l’évidence parfois d’une vraie restitution du réel, des acteurs absolument excellents… mais une grosse pincée de narcissisme, le cinéma enivré de se regarder être le cinéma. Au total : Très Bien ? Non ! Bien ? Oui, avec quelques réserves.