Optimisation opérationnelle & Restructuring financier : un Business Partner au service de toutes les entreprises
Dans cette interview, Sandrine Gril-Prats, Managing Partner en charge du département Deal, Transformation & Turnaround de Deloitte Financial Advisory et responsable de l’activité Restructuring, et Christophe Guerner, Partner Restructuring, nous présentent leur équipe, leurs compétences et leur périmètre d’action à la croisée de l’optimisation opérationnelle et de la restructuration financière des entreprises.
Qu’est-ce que les activités Deal, Transformation & Turnaround de Deloitte Financial Advisory couvrent ?
Ce département compte 90 professionnels aguerris avec des expertises reconnues et avérées dans les domaines de la finance, des opérations et de l’IT. Nous avons regroupé dans ce département toutes les activités permettant de répondre aux enjeux des sociétés confrontées à une situation complexe de M&A ou de restructuration. Au sein de ce département, l’activité Restructuring accompagne les sociétés en sous-performance opérationnelle, en tension ponctuelle de trésorerie, ou en difficulté. Notre cœur de métier, basé sur le diagnostic opérationnel et financier, vise à proposer des solutions et des leviers de restructuration. Les résultats de nos travaux sont utilisés tant par les dirigeants que par leurs actionnaires ou les créanciers. Indépendants, nos rapports, appelés IBR (Independent Business Review) servent de base aux négociations. Travailler en mode crise développe chez nos collaborateurs une réactivité hors normes, la vision des priorités et des quick wins, et une maîtrise des sujets cash. Ces compétences sont très recherchées en situation de tension ou de recherche d’accélération de la performance. Elles nous ont permis de répondre à un besoin croissant d’assistance opérationnelle et financière à destination des sociétés, que ces dernières soient en difficulté avérée, à venir ou en recherche de création de valeur.
En 2023, notre département a ainsi beaucoup été sollicité sur des sujets d’optimisation de la profitabilité, du BFR et de la mise en place d’une culture cash et ce pour des sociétés y compris performantes, en LBO, cherchant à conforter leur assise financière. Notre force est de nous adapter à chaque situation et de pouvoir répondre à tous les enjeux qu’ils soient financiers, opérationnels ou informatiques. Nous savons parler et travailler avec un patron de PME comme avec les dirigeants d’une société cotée, et définissons notre scope de travail en fonction de chaque besoin. Au-delà, notre équipe intervient aussi régulièrement en mandat ad hoc et conciliation sur des dossiers hexagonaux et internationaux, simples comme complexes, dans des secteurs variés (agroalimentaire, construction, hospitality, retail au sens large, industrie, automobile, aéronautique, ferroviaire, Oil & Gas, mining, les services publicitaires et la filière distribution de la presse). Notre appartenance à Deloitte nous assure par ailleurs un accès aux meilleurs sachants sectoriels. Enfin, grâce à notre fine connaissance des différentes parties prenantes du restructuring (affaires spéciales des banques, avocats spécialisés, administrateurs judiciaires, services de l’Etat…) nous sommes capables d’aider les sociétés à se repérer et à anticiper les besoins de chaque partie pour mener à bien la restructuration.
Vous avez la particularité de travailler aussi bien sur le volet optimisation que restructuration. Qu’est-ce que ce positionnement implique concrètement ?
Ce positionnement dual nous permet de nous positionner à toutes les étapes de la vie d’une entreprise, de l’amont à l’aval avec la volonté forte d’apporter des solutions concrètes, contextualisées et sur-mesure à nos clients. Nous sommes en mesure d’aider les entreprises à anticiper et prévenir les difficultés pour les éviter ou, le cas échéant, se préparer au pire. En notre qualité de partenaire opérationnel et financier des dirigeants, nous mettons en place des outils de reporting efficients et pertinents afin que ces derniers soient le mieux outillés pour suivre la performance de leur entreprise et détecter d’éventuelles sous-performances et optimiser le cash. Si nous sommes généralement sollicités sur des problématiques liées à la trésorerie, nous travaillons aussi avec des entreprises qui n’ont pas forcément un problème de profitabilité, mais qui font face à un enjeu d’optimisation de la performance, de création de valeur, ou de restructuration financière et opérationnelle. De manière générale, en amont des difficultés, notre valeur ajoutée réside essentiellement dans notre capacité à contribuer à l’accélération de la performance et à la consolidation de la trésorerie. En aval, nos interventions tournent autour du restructuring avec le traitement des difficultés avec, bien évidemment, la mobilisation des outils du Livre VI du code de commerce, qui permettent de traiter la difficulté tout en donnant du temps à l’entreprise pour trouver des axes de retournement, de refinancement ou de réétalement de sa dette notamment. Ce processus démarre généralement avec une revue financière indépendante et l’objectivation des prévisions de trésorerie et d’exploitation de la société dont la vocation est de servir de base à des discussions sereines avec les partenaires financiers afin de réétaler une dette ou de trouver de nouvelles modalités de traitement de cette dernière quand les modalités actuelles ne sont plus viables au regard de la performance de l’entreprise.
Nous intervenons également dans le cadre de procédures de prévention, mandat ad hoc et conciliation, aux côtés des entreprises pour leur permettre de mieux cerner les effets de ces procédures, les options de remboursement ou de traitement de la dette, mais aussi de rechercher des financements et de renégocier avec les prêteurs, les acteurs sociaux et fiscaux et les fournisseurs stratégiques dans un contexte de stress.
En matière de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire, nous intervenons dans le suivi des prévisions d’exploitation de trésorerie afin notamment de donner une meilleure visibilité aux administrateurs judiciaires. Dans le cadre de Distress M&A, de Pré-pack cession ou de carve-out, nous les assistons dans la cession et le désengagement de filiales qui ne sont plus core business ou qui ne sont plus profitables. Nous sommes régulièrement sollicités par des groupes étrangers qui souhaitent fermer des actifs en France. Dans un premier temps, nous essayons toujours de voir s’il est possible de retourner l’activité, modifier le core business et renouer avec la profitabilité. Si la démarche n’est pas concluante, nous les accompagnons alors dans la fermeture de l’activité en question. Dans 90 % des cas, nous parvenons à trouver une solution qui permet la préservation de l’actif et de l’emploi et, in fine, de garantir la pérennité de l’activité. Enfin, nos équipes dédiées à la phase de post-merger integration interviennent également chez l’acquéreur afin de rationaliser l’opération et garantir que tout se passe le mieux possible.
Que retenez-vous de la transposition de la directive européenne Insolvency ?
Cette directive marque une forte volonté d’harmonisation entre les différentes juridictions européennes. La France est considérée comme étant la juridiction la plus favorable aux débiteurs, alors que les autres juridictions européennes sont généralement plus favorables aux créanciers. Toutefois, avec l’interprétation actuelle, dans les faits, en France, la situation reste encore très favorable aux débiteurs. Le rééquilibrage visé au travers de cette directive n’est pas encore véritablement effectif. Au-delà, dans les plans de retournement des entreprises en sauvegarde, en sauvegarde accélérée, ou en redressement judiciaire, cette nouvelle directive impose de s’assurer que les créanciers sont traités de la meilleure des manières et ne se voient pas imposer un traitement inférieur à ce qu’ils pourraient obtenir dans toutes autres solutions. Pour ce faire, la loi requiert que des évaluations soient réalisées en scenario de liquidation, cession et poursuite d’activité afin de s’assurer que la meilleure des trois options est proposée aux créanciers. Nous avons mis au point une méthodologie pour le scenario cession qui permet de répondre pleinement à cette demande du législateur. Ainsi, nous nous appuyons sur une base de données qui consolide l’analyse de 600 jugements sur cinq ans ce qui nous permet de nous appuyer sur des indicateurs factuels, l’exercice demeurant très théorique en absence d’acheteur déclaré.
Dans un contexte économique très incertain et dégradé, quelles sont les tendances qui se dessinent ?
Sur les 18 derniers mois, la tension sur les taux financiers a entraîné une augmentation des frais financiers dans beaucoup de sociétés qui n’étaient jusque-là pas exposées à des sujets de liquidité, de rentabilité, voire de restructuring. Quelles que soient leur performance et leur rentabilité, les entreprises doivent être extrêmement rigoureuses dans leur gestion quotidienne. L’incertitude ambiante accélère les transitions et pousse les entreprises à mieux anticiper les changements pour mieux se réinventer. Néanmoins, elles sont aussi confrontées à des phénomènes nouveaux qu’il est difficile d’anticiper (guerre en Ukraine et ses conséquences économiques par exemple). Nous assistons actuellement à une remontée progressive du nombre de défaillances à des niveaux historiques, qui avait baissé avec la mise en place des différentes aides Covid. Concrètement, l’injection de cash, notamment avec les PGE, n’a pas nécessairement été utilisée par les sociétés pour renforcer leur situation opérationnelle et leur performance. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à se retrouver dans une situation où elles peinent à rembourser leurs PGE qui ont servi à financer des pertes, sans apporter de valeur nouvelle. Et la récente remontée des taux ajoute une couche supplémentaire de difficulté…
Malgré cette incertitude, on note toutefois une forme de résilience de notre tissu économique en comparaison avec nos voisins européens. Et pour conclure ?
Pour être robustes, les entreprises doivent questionner sans arrêt leur performance intrinsèque et leur position par rapport à leurs marchés. Les dirigeants ignorent souvent le manque de fiabilité de leurs outils de pilotage, notamment en termes de trésorerie. En cas de crise, ils ne pensent pas ou n’osent pas toujours se faire accompagner. Or, seuls, le dirigeant et son équipe financière peuvent très vite être débordés, et l’opérationnel peut en pâtir rapidement. Des acteurs comme Deloitte ont la capacité à les accompagner avec efficacité afin d’accélérer la mise en place de solutions et préserver l’entreprise. Enfin, nous avons tendance à valoriser les entrepreneurs qui réussissent, mais ne parlons pas assez de ceux qui ont su passer une crise. Il est important de sensibiliser le plus tôt possible les futurs dirigeants à cette facette de la vie des chefs d’entreprise et de leur faire savoir qu’il existe des solutions et des outils pour faire face et s’en sortir, mais aussi et surtout pour anticiper.