Montée des risques assurance, catastrophes naturelles

Montée des risques : un défi à relever par la force du collectif

Dossier : AssuranceMagazine N°793 Mars 2024
Par Florence LUSTMAN (X80)

Le sec­teur de l’assurance joue un rôle vital pour la socié­té, l’économie, et avant tout pour les indi­vi­dus. Devant la mon­tée des risques que l’on constate dans le monde contem­po­rain se pose la ques­tion de la sou­te­na­bi­li­té du sys­tème en place. Ce n’est que par des inno­va­tions mobi­li­sant assu­reurs, réas­su­reurs, citoyens et pou­voirs publics que le main­tien de garan­ties satis­fai­santes sera obtenu.

Notre monde change. Plus fré­quents, plus intenses, les risques se recom­posent. En paral­lèle, de nou­veaux risques appa­raissent et inter­rogent le métier d’assureur : quelles solu­tions pro­po­ser pour conti­nuer de pro­té­ger les Fran­çais ? Et, sur­tout, com­ment repous­ser les limites de l’assura­bilité ? Le Human Deve­lop­ment Report 2021–2022 des Nations unies inti­tu­lé « Temps incer­tains, exis­tences désta­bi­li­sées » avance une réponse qui tient en trois mots-clés : inno­va­tion, invest­ment et… insu­rance. Un tel mes­sage consti­tue une recon­nais­sance du rôle cru­cial que l’assurance joue face à la mon­tée des risques.

Gérer les risques

La mis­sion pre­mière de l’assurance est de gérer les risques, c’est ce qui per­met à la socié­té d’en prendre et donc d’avancer en confiance. Mais, pour qu’un risque soit assu­rable, il doit être aléa­toire, son impact doit pou­voir être esti­mé, il doit être mutua­li­sable et assu­mable à un coût accep­table pour la socié­té. Ces quatre condi­tions sont cumu­la­tives : un seul de ces cri­tères fait défaut, et l’assurabilité est remise en question.

“Pour qu’un risque soit assurable, il doit être aléatoire, son impact doit pouvoir être estimé, il doit être mutualisable et assumable à un coût acceptable pour la société.”

Anticiper

Concrè­te­ment, cou­vrir les risques signi­fie les ana­ly­ser, les pré­ve­nir et en indem­ni­ser les consé­quences lorsqu’ils se réa­lisent. L’anticipation est donc la pre­mière étape de la ges­tion des risques. Appré­hen­der ceux qui émergent – comme le risque cyber –, ceux qui s’aggravent – à l’instar du dérè­gle­ment cli­ma­tique –, mais aus­si ceux qui sont plus connus, comme le vieillis­se­ment de la popu­la­tion, dont les consé­quences ne sont pas encore suf­fi­sam­ment prises en compte ; je pense à la dépen­dance par exemple.

Ain­si, chaque année, France Assu­reurs pro­pose à l’ensemble des acteurs de l’économie une ana­lyse des risques, sous la forme d’une car­to­gra­phie pros­pec­tive des risques à cinq ans qui per­met à la fois de mieux les anti­ci­per et de s’en pré­mu­nir plus effi­ca­ce­ment. À titre d’exemple, lors de notre édi­tion 2022, les cybe­rat­taques, le dérè­gle­ment cli­ma­tique et l’environnement éco­nomique dégra­dé étaient les trois prin­ci­pales menaces, pour cinq ans, iden­ti­fiées par la profession.


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Prévenir

Une fois les risques ana­ly­sés, le levier d’action pri­vi­lé­gié des assu­reurs est la pré­ven­tion, avec pour objec­tif l’adoption des bons gestes et le chan­ge­ment des com­por­te­ments. À tra­vers toute une palette d’actions que nous met­tons en œuvre – spot publi­ci­taire, jour­née de sen­si­bi­li­sa­tion dans les écoles, finan­ce­ment de la recherche – et sur tous les sujets – risques natu­rels, pré­ven­tion rou­tière, sport et nutri­tion, dépis­tage de san­té –, les assu­reurs visent à déve­lop­per une véri­table culture du risque chez nos conci­toyens et ain­si à ren­for­cer la capa­ci­té de rési­lience de notre société.

Indemniser

Enfin, quand le risque se maté­ria­lise, les assu­reurs répondent pré­sents. À chaque catas­trophe ou plus sim­ple­ment pour tous les acci­dents de la vie cou­rante, nous sommes aux côtés de nos assu­rés. Nous savons nous mobi­li­ser en adop­tant, comme cela a été le cas il y a quelques mois, des mesures col­lec­tives d’urgence pour accom­pa­gner les sinis­trés à la suite d’intempéries par­ti­cu­liè­re­ment intenses ou en pre­nant des ini­tia­tives en faveur du pou­voir d’achat, avec la mise en place d’un pack anti-infla­tion. Mobi­li­sa­tion aus­si en étant force de pro­po­si­tion pour amé­lio­rer la pro­tec­tion des Fran­çais face aux risques, comme ce fut le cas lors de la récente réforme du régime des catas­trophes naturelles.


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Investir

Mais gérer les risques, c’est aus­si inves­tir dans l’avenir. Avec 2 400 mil­liards d’euros inves­tis à 64 % dans l’éco­nomie réelle, les assu­reurs sont des finan­ceurs de pre­mier plan de l’économie. Ils par­ti­cipent éga­le­ment au déploie­ment de plu­sieurs pro­grammes ciblés de relance de l’économie. À ce jour, les prêts par­ti­ci­pa­tifs relance et les obli­ga­tions relance ont déjà finan­cé près de 1 450 entre­prises, pour un mon­tant de plus de 6 mil­liards d’euros. Ces inves­tis­se­ments visent à ren­for­cer notre sou­ve­rai­ne­té éco­no­mique, à favo­ri­ser l’innovation, à déve­lop­per l’emploi et à accé­lé­rer la tran­si­tion vers une éco­no­mie plus durable, le tout en res­pec­tant une démarche de res­pon­sa­bi­li­té socié­tale des entre­prises (RSE).

Montée des eaux / montée des risques : catastrophe naturelle
© Jérôme Aufort

L’exemple du régime Cat Nat

Aujourd’hui et depuis quelques années, nous fai­sons face à une mon­tée des risques sans pré­cé­dent, avec l’augmentation de leur fré­quence et de leur inten­si­té. Dans un contexte où la capa­ci­té mon­diale glo­bale de cou­ver­ture – y com­pris réas­su­reurs et rétro­ces­sion­naires – n’augmente pas, la ques­tion qui se pose est donc de repous­ser les limites de l’assurabilité, de façon à offrir à nos conci­toyens les niveaux de pro­tec­tion crois­sants qu’ils attendent face à la mon­tée des risques.


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His­to­ri­que­ment des solu­tions mobi­li­sant assu­reurs, réas­su­reurs, citoyens et pou­voirs publics ont été mises en place, à l’instar du régime des catas­trophes natu­relles. Ce par­te­na­riat public-pri­vé unique au monde per­met en effet aux par­ti­cu­liers, entre­prises et col­lec­ti­vi­tés locales de béné­fi­cier d’une cou­ver­ture, à un prix très abor­dable, des dom­mages maté­riels cau­sés par des phé­no­mènes natu­rels de grande ampleur. Une source d’inspiration dans notre com­bat pour la pro­tec­tion des Français.

On le voit bien, tout comme les records ont voca­tion à être bat­tus, les limites de l’assurance sont vouées à être repous­sées. C’est col­lec­ti­ve­ment et avec agi­li­té que nous trou­ve­rons des réponses aux défis de demain.

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