Thierry Desmarest

Thierry Desmarest (X64), l’homme qui a fait de Total un leader mondial

Dossier : TrajectoiresMagazine N°794 Avril 2024
Par Patrick POUYANNÉ (83)

Décé­dé le 9 jan­vier 2024, Thier­ry Des­ma­rest aura mar­qué l’industrie fran­çaise en pro­pul­sant Total dans le top 5 des socié­tés pétro­lières mondiales.

Né le 18 décembre 1945 à Paris, fils d’un magis­trat de la Cour des comptes, Thier­ry Des­ma­rest a héri­té d’une éthique de tra­vail rigou­reuse. Après ses études au lycée Jan­son-de-Sailly, il rejoint l’excellence uni­ver­si­taire en inté­grant l’École poly­tech­nique, avant d’intégrer le corps des Mines et l’École des mines de Paris.

Des ministères à l’industrie

Il entame sa car­rière en 1971 à la direc­tion des mines de Nou­velle-Calé­do­nie et y res­te­ra quatre ans. De retour en métro­pole, il intègre suc­ces­si­ve­ment les cabi­nets minis­té­riels de l’Industrie aux côtés de Michel d’Ornano, puis de l’Économie auprès de René Mono­ry, en tant que conseiller tech­nique. En 1981 il quitte l’administration et rejoint la Com­pa­gnie fran­çaise des pétroles (CFP), qui devien­dra Total, pour y faire toute sa carrière.

Il débute en Algé­rie à l’exploration-production. Il occupe par la suite les postes de direc­teur Amé­rique latine et Afrique de l’Ouest, puis Amé­riques, France et Extrême-Orient. Sa capa­ci­té à rele­ver les défis du sec­teur de l’exploration-production et son lea­der­ship recon­nu le pro­pulsent à la direc­tion géné­rale de cette branche et au comi­té exé­cu­tif du Groupe en 1989. Enfin, alors que Serge Tchu­ruk (X58) est appe­lé pour diri­ger Alca­tel en juin 1995, il devient PDG de l’entreprise. Et il va mar­quer son histoire.

Un visionnaire, qui donne une nouvelle dimension à Total

À la tête de Total durant plus de vingt ans, il ne ces­se­ra de déve­lop­per le Groupe en ren­for­çant ses posi­tions stra­té­giques dans plu­sieurs pays. Mais la concur­rence inter­nationale devient rude, notam­ment avec l’hégémonie des super­ma­jors anglo-saxonnes. En fin stra­tège, Thier­ry Des­ma­rest déploie­ra une stra­té­gie qui se révé­le­ra payante. En 1999, il fusionne dans un pre­mier temps Total avec le pétro­lier belge Fina, puis quelques mois plus tard en 2000 avec ELF, son concur­rent fran­çais de tou­jours. Grâce à ce coup de maître, le Groupe Total­Fi­naElf devient un fleu­ron de l’industrie fran­çaise et entre dans la cour des grands, se posi­tion­nant dans le club des majors pétro­lières avec Exxon, Shell, BP et Chevron.

“À jamais l’un des plus grands patrons français.”

Cette opé­ra­tion n’aurait pas pu être cou­ron­née de suc­cès sans son sou­ci d’équité entre col­la­bo­ra­teurs, quelle qu’ait été leur socié­té d’origine, afin que cha­cun trouve sa place. Gui­dé par le seul inté­rêt de l’entreprise, Thier­ry Des­ma­rest construit ce nou­veau Groupe en embar­quant toutes les équipes avec rigueur et bien­veillance, incar­nant plus que tout autre les valeurs fon­da­men­tales de la com­pa­gnie : la sécu­ri­té, le res­pect de l’autre, l’esprit pion­nier, le goût de la per­for­mance et la force de la solidarité.

Un homme de cœur tout en discrétion

Si Total était sa seconde famille, on ne peut rendre hom­mage à Thier­ry Des­ma­rest sans men­tion­ner son épouse Annick qui l’a accom­pa­gné tout au long de sa car­rière. Thier­ry Des­ma­rest était aus­si res­té très atta­ché à l’École poly­tech­nique. De 2007 à 2014 il a ain­si pré­si­dé la Fon­da­tion de l’X. En tant qu’alumni, il a œuvré active­ment tout au long de son man­dat au développe­ment de son alma mater dont il fai­sait par­tie des grands dona­teurs. Le nom de Thier­ry Des­ma­rest res­te­ra gra­vé dans la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer et il demeu­re­ra à jamais l’un des plus grands patrons français.

Commentaire

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GILBERT Patrice (X1969)répondre
19 avril 2024 à 19 h 21 min

Lorsque Thier­ry Des­ma­rets était PDG de Total, il se tar­guait d’in­ves­tir 100 mil­lions par an dans la recherche de sources d’éner­gie alter­na­tives ; j’a­vais posé la ques­tion de l’hy­dro­gène et j’ai alors com­pris que sa réponse signi­fiait qu’il ache­tait des bre­vets pour les mettre dans un tiroir, mais qu’il n’in­ves­ti­rait rien dans la mise au point de moteurs à hydro­gène qui sont pour­tant notre seul ave­nir durable. Déso­lé de vous décevoir.

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