Violence des dieux, violence de l’homme. René Girard, notre contemporain
Bernard Perret, haut fonctionnaire à l’Insee, ajoute à ses compétences en matière économique et sociale de nombreux centres d’intérêt comme l’anthropologie et les questions religieuses et spirituelles. Il s’est intéressé à la pensée de René Girard et il participe activement à sa diffusion en France, où elle est encore mal connue par rapport à sa célébrité dans le monde anglo-saxon. Son nouveau livre, publié au printemps dernier, se veut un essai critique et prospectif.
Le titre l’indique, la violence est un fil conducteur tout le long du livre, de la violence primitive de l’humanité aux tentatives pour la domestiquer à travers les âges. Un premier grand chapitre présente les principales thèses de René Girard sur le désir mimétique, qui conduit à la rivalité, à la violence, au sacré, au sacrifice et à la culture, ainsi que le concept bien connu du bouc émissaire. Le désir mimétique de René Girard est ensuite confronté aux découvertes en neurologie et en psychanalyse, puis aux théories développées par Claude Lévi-Strauss et Marcel Mauss, en présentant les différentes trajectoires de sortie du monde des sacrifices violents. Suit une intéressante analyse de la place capitale selon René Girard des textes bibliques pour casser le cycle de la violence.
Le dernier chapitre traite plus globalement de la violence et de l’inter-prétation apocalyptique de l’histoire. Face aux risques croissants rencontrés par l’humanité, comment reconnaître les mécanismes de la violence, comment renforcer les moyens de l’endiguer. Au total, un livre très riche qui fait réfléchir quant à la façon de relever les défis actuels du monde.