Hydrogène et espace, une longue histoire commune
Depuis plus de soixante ans, l’hydrogène a toute sa place dans l’espace – et l’histoire commune de l’hydrogène et de l’espace est loin d’être terminée. Notamment la relance des missions lunaires ramène l’attention sur l’hydrogène comme source d’énergie, indispensable à leur bon accomplissement.
En 1807, l’année où les frères Nicéphore et Claude Niépce construisent un moteur à combustion interne propulsant un bateau pour remonter la Saône, un ingénieur suisse, François Isaac de Rivaz, construit le premier moteur à combustion interne fonctionnant à l’hydrogène et à l’oxygène. Ce moteur propulsait un chariot à quatre roues, considéré comme le premier véhicule de type automobile propulsé par un moteur à combustion interne. Et Jules Verne écrit en 1875 dans L’Île mystérieuse : « Je crois que l’eau sera un jour employée comme combustible, que l’hydrogène et l’oxygène qui la constituent, utilisés seuls ou ensemble, fourniront une source inépuisable de chaleur et de lumière, d’une intensité dont le charbon n’est pas capable. » Jules Verne était comme souvent visionnaire.
Éloge de l’hydrogène
L’utilisation de l’hydrogène, élément à la fois le plus abondant, le plus léger dans l’univers et très réactif, n’a cessé d’augmenter dans les domaines des transports et de l’énergie. Il a permis aux ballons et aux dirigeables de s’élever, il a joué un rôle essentiel dans la révolution industrielle et il est omniprésent depuis le milieu du XXe siècle pour la production de l’ammoniac ou le raffinage du pétrole. De plus, l’hydrogène comme vecteur d’énergie est devenu depuis quelques années un objectif majeur de la transition environnementale. Il est une des principales options pour stocker ou transporter l’énergie provenant de sources renouvelables (solaire, éolien). Il offre, s’il est produit à partir de l’électrolyse de l’eau et de combustibles fossiles avec captage du carbone, des moyens de décarboner des secteurs difficiles à décarboner, tels que les produits chimiques et la sidérurgie, mais aussi potentiellement les transports sur les longues distances.
L’hydrogène au service des lanceurs spatiaux
Pour ce qui concerne le transport spatial, l’hydrogène est un carburant largement employé depuis les débuts de la conquête spatiale, essentiellement en raison de sa légèreté. Dès 1966, afin d’accroître la capacité d’emport du lanceur américain Atlas (dérivé du premier missile balistique intercontinental), l’étage Centaur utilise le couple hydrogène liquide (LH2)-oxygène liquide (LOx), ce qui permet au lanceur Atlas-Centaur de lancer la sonde spatiale Surveyor 1, première à réussir un atterrissage sur la Lune. Par la suite, la famille de lanceurs Saturn, dont le Saturn 5 qui nécessite des performances inégalées pour emmener l’homme sur la Lune (118 tonnes en orbite basse, 47 tonnes en orbite de transfert lunaire), repose sur des moteurs d’étages supérieurs utilisant également le mélange LOx-LH2.
De même, la famille de lanceurs européens Ariane utilise depuis son premier lancement le 24 décembre 1979 des moteurs LOx-LH2, pour les étages supérieurs, puis également pour le premier étage d’Ariane 5. Les moteurs cryogéniques sont naturellement décarbonés (ils émettent de la vapeur d’eau !) et leur densité énergétique est considérable, même si la complexité des opérations d’ergols cryogéniques est également considérable.
Lire aussi : Développement industriel de l’hydrogène et passage à l’échelle
Des installations industrielles impressionnantes
Les lanceurs sont donc de gros consommateurs d’hydrogène. Dans les années 1960, le Kennedy Space Center abritait les plus grands systèmes de stockage et de transfert d’hydrogène liquide au monde, en soutien au programme lunaire Apollo. Des réservoirs de 3 200 m3 de LH2 alimentaient les deuxième et troisième étages de Saturn 5. Ils ont ensuite été utilisés pour la navette spatiale et récemment élargis (4 700 m3) pour le Space Launch System (SLS), le plus grand lanceur actuel de la Nasa. À Kourou, au Centre spatial guyanais (CSG), Air Liquide produit et conditionne les ergols cryogéniques du lanceur Ariane 6. Les volumes sont plus modestes que sur le SLS mais nécessitent toutefois la mise en œuvre de huit réservoirs semi-mobiles, 6 en basse pression de 360 m3 chacun et 2 en moyenne pression de 110 m3 chacun.
Cette configuration assure le stockage de 152 tonnes d’hydrogène liquide, volume nécessaire pour assurer trois tentatives de chronologie de lancement consécutives. Le CSG et les Agences spatiales européenne et française (ESA et Cnes) sont par ailleurs en train de développer le projet HYGUANE (cf. encadré) qui vise à alimenter les lanceurs Ariane en hydrogène vert, tout en offrant au territoire guyanais des chances de développement autour de nouveaux usages de l’hydrogène bas carbone, comme la mobilité lourde ou encore l’usage stationnaire via le secteur des piles à combustible, en remplacement de solutions fossiles très émettrices de CO2.
Le potentiel des piles à combustible
Le secteur spatial a aussi été le premier à reconnaître le potentiel des piles à combustible alcalines, qui fonctionnent avec l’hydrogène et l’oxygène : inventées en 1932, elles ont été utilisées par la Nasa dans les années 1960 pour les programmes Gemini, Apollo et Space Shuttle afin de produire de l’énergie électrique à bord, ainsi que de l’eau. Encore aujourd’hui, l’hydrogène est produit à bord de la Station spatiale internationale, dans laquelle l’eau provenant de la transpiration et de la respiration des astronautes est recyclée et transformée en eau potable. Une partie de cette eau potable est électrolysée afin de dissocier l’oxygène, relâché dans la cabine pour la respiration, et l’hydrogène qui est combiné avec le gaz carbonique issu de l’expiration des astronautes et transformé en eau potable et en méthane.
L’espace au service de l’hydrogène
Au-delà de l’utilisation de l’hydrogène comme carburant, le secteur spatial peut fournir des services et des solutions aux besoins de la production d’hydrogène vert sur Terre, comme il le fait pour d’autres sources d’énergie. Les communications par satellite permettent de surveiller et de contrôler la performance des centrales de production, ainsi que le stockage. Les satellites d’observation peuvent identifier les régions pertinentes pour l’installation de convertisseurs d’énergie et évaluer les ressources naturelles (eau, biomasse, renouvelables) qui permettront de fournir l’électricité pour l’électrolyse de l’hydrogène vert. L’espace a aussi permis de repousser les limites de la faisabilité technique dans le domaine de l’énergie, par exemple pour les piles à combustible ou les cellules photovoltaïques.
Des recherches prometteuses
Compte tenu de l’importance des technologies de l’hydrogène pour l’espace, l’Agence spatiale européenne mène en collaboration avec l’industrie et les universités européennes des activités de R & D sur la production d’hydrogène vert, le stockage avancé d’hydrogène à basse pression et un système polyvalent de production et de stockage d’hydrogène (et d’oxygène) fondé sur des dispositifs photoélectrochimiques réversibles. Il s’agit par exemple d’augmenter l’efficacité de la production d’hydrogène par électrolyse – avec des premiers résultats encourageants grâce à des électrodes texturées qui améliorent de plus de 30 % la densité de nucléation et la fréquence de détachement des bulles, ou d’utiliser des bactéries pour une production biologique durable d’hydrogène par photoélectrochimie à partir de l’eau dans l’espace, mais aussi sur Terre. Certaines bactéries sont capables d’utiliser une large partie du spectre lumineux, y compris la lumière infrarouge, et elles produisent de grandes quantités d’hydrogène en nécessitant peu d’eau.
L’hydrogène pour l’exploration à long terme
La prochaine décennie sera celle des missions habitées vers la Lune, avec d’une part la station spatiale cislunaire Gateway et d’autre part les missions habitées sur la Lune, préparées par les USA en coopération avec l’Europe, mais aussi par la Chine et l’Inde. D’ores et déjà, la Nasa a fait le choix de l’hydrogène pour le moteur BE‑7 de son projet de lander habité Blue Moon. La mise en place d’une base lunaire habitée en permanence nécessitera de maîtriser la production in situ d’hydrogène comme source d’énergie. La fabrication sur la Lune de carburants spatiaux (hydrogène et oxygène) sera indispensable pour l’approvisionnement, la faisabilité et la crédibilité économique de telles infrastructures lunaires habitées. La station Gateway elle-même pourrait servir d’infrastructure de ravitaillement en carburants produits sur la Lune, beaucoup plus faciles à acheminer que depuis la Terre, en raison de la gravité moindre.
“La Nasa a fait le choix de l’hydrogène pour son projet de lander habité Blue Moon.”
Toute une infrastructure…
L’hydrogène pourrait être produit à partir de l’eau lunaire stockée sous forme de glace, dont l’existence est démontrée. Dans un deuxième temps – et des start-up y travaillent déjà –, des systèmes robotiques pourraient recueillir de l’eau soit directement dans le régolithe lunaire, soit en traitant les minéraux présents dans le régolithe lunaire. Ces systèmes robotiques pourraient ensuite électrolyser l’eau pour produire de l’hydrogène et de l’oxygène et éventuellement bénéficier des températures basses (< 15 kelvins) dans les régions d’ombre permanente pour maintenir ces propergols à l’état cryogénique. Des véhicules de service pourraient distribuer ces ressources pour les besoins des transports cislunaires. Pour produire de l’hydrogène lunaire, il faudra mettre en place toute une infrastructure : fermes solaires pour produire de l’électricité abondante et abordable, extraction de l’eau, électrolyse en LH2 et LOx, transport, maintenance et stockage. Les investissements seront substantiels – plusieurs milliards, voire dizaines de milliards d’euros – mais, pourvu que la cadence de grandes missions lunaires soit suffisante, le modèle économique pourrait être suffisamment rentable et profitable pour attirer des investissements privés et assurer des retours dans des secteurs comme l’aéronautique ou l’énergie terrestre.
HYGUANE
HYGUANE est l’acronyme d’HYdrogène GUyanais A Neutralité Environnementale. Comme son nom l’indique, le projet – porté par l’ESA (maître d’ouvrage) et le Cnes (maître d’œuvre) – a une ambition : déployer en Guyane un écosystème complet pour la production et la distribution d’hydrogène décarboné. Il s’inscrit dans la trajectoire bas carbone de la base spatiale qui vise à remplacer les matières fossiles utilisées dans les processus industriels par des sources renouvelables. Actuellement les lanceurs sont alimentés par de l’hydrogène produit par vaporeformage de méthanol importé, réaction très émettrice de gaz à effet de serre. L’idée initiale d’HYGUANE était de substituer progressivement à cet hydrogène dit gris un hydrogène renouvelable produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité bas carbone. Outre l’aspect environnemental, cela devrait aussi répondre à des objectifs de compétitivité, puisque la filière lanceur sera moins exposée à la volatilité des coûts des matières fossiles et aux aléas d’approvisionnement.
Né de réflexions entamées en 2018, HYGUANE s’est rapidement ouvert sur l’extérieur. La Guyane a un objectif d’autonomie énergétique en 2030 et l’hydrogène décarboné peut répondre à des besoins territoriaux tels que la mobilité et le stockage d’énergie. Cette évolution du projet explique les différentes briques qui le composent aujourd’hui, ainsi que le nombre et la diversité de ses parties prenantes : institutionnelles, industrielles et universitaires.
« La Guyane a un objectif d’autonomie énergétique en 2030 et l’hydrogène décarboné peut répondre à des besoins territoriaux tels que la mobilité et le stockage d’énergie. »
Première brique : L’ESA et le Cnes vont mettre en place dans l’enceinte du Centre spatial guyanais (CSG) un champ photovoltaïque d’une capacité de 5 MWc, dans le but de fournir de l’électricité bas carbone bon marché pour alimenter l’électrolyseur.
La deuxième brique, confiée à Air Liquide Spatial Guyane (ALSG), est la construction de l’unité de production d’hydrogène renouvelable. Doté d’une puissance de 1,25 MWe, l’électrolyseur produira de l’hydrogène gazeux. Une partie irriguera l’unité de liquéfaction pour alimenter le lanceur, tandis que le complément servira les autres usages : stationnaire et mobilité. Pour ces derniers, ALSG va créer un centre de conditionnement d’hydrogène gazeux à 200 bars afin de faciliter la distribution de la molécule vers les usagers du territoire.
Troisième brique : l’installation au sein de la base, sur le site ELM (ensemble de lancement multi-lanceur, ex-site de lancement de la fusée Diamant), d’une pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène développée avec l’université de Liège et la société Be.Blue. Cette solution pourrait remplacer, au CSG et ailleurs en Guyane, les batteries et groupes électrogènes très émetteurs de CO2.
Quatrième brique : l’ouverture sur le site de Kourou de la première station-service à hydrogène guyanaise. Elle pourra distribuer chaque année plusieurs dizaines de tonnes de carburant et servira de catalyseur à la naissance de la filière H2 mobilité propre du territoire.
La cinquième brique, portée par l’industriel allemand MT Aerospace, couvrira la qualification en environnement tropical des premiers véhicules propulsés à l’hydrogène qui circuleront en Guyane : deux tracteurs routiers 44 t, un utilitaire et un minibus. MT Aerospace aura également la charge de déployer un centre de compétence hydrogène, qui hébergera un atelier de maintenance pour les usages mobilité-stationnaires et un centre de formation aux métiers de l’hydrogène, afin de doter le territoire du savoir-faire nécessaire à l’expansion des filières.
« Le pilote industriel sera capable de produire et distribuer 110 tonnes d’hydrogène renouvelable par an. »
HYGUANE va se déployer sur trois horizons de temps : immédiat, à cinq ans et à plus long terme (dix ou quinze ans). Le pilote industriel sera capable de produire et distribuer 110 tonnes d’hydrogène renouvelable par an et permettra de valider les aspects techniques et financiers de la filière en milieu tropical humide. Le projet va ensuite monter en puissance, avec une production croissante d’hydrogène renouvelable et un développement de ses usages, avec pour objectif d’assurer 100 % des besoins Ariane 6 en 2032.
Le projet entre dans sa phase de développement ; l’accord de consortium multipartie et les contrats de développement ont été signés mi-décembre 2023, les premiers coups de pioche sont attendus au troisième trimestre 2024, pour une mise en service opérationnelle et le décollage de la première Ariane 6 propulsée à l’hydrogène bas carbone au dernier trimestre 2026 : la révolution est en marche.
HYGUANE en chiffres clés
- ~40 millions d’euros d’investissement public‑privé pour la phase 1.
- ~ 10 millions d’euros économisés dès la phase 1 sur la durée de vie du projet.
- ~ 105 000 tonnes d’émissions de CO2eq évitées (soit l’équivalent de 350 allers-retours d’un B777 Paris‑New York) sur toute la durée de vie du projet.
4 Commentaires
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Deux erreurs étonnantes, eu égard à la qualité des signatures, dans cet article. la première est que l’alunisseur Starship n’utilise pas d’hydrogène liquide mais du méthane liquide. Rappelons que ce projet était ( et reste dans l’esprit de Musk) destiné à Mars. D’où l’intérêt d’utiliser LCH4 que l’on peut, au moins en théorie, obtenir à partir du CO2 présenr sut Mars. Sur la Lune, pas de CO2, donc pas pas de CH4 et l’alunisseur Starship, si tant est que le projet aille au bout, ne devra compter que sur son plein de LCH4 pour l’aller et pour le retour.
La deuxième est de présenter l’hydrogène comme une source d’énergie sur la Lune, Il n’y a pas d’hydrogène mais de l’eau. Dont on pourrait faire l’électrolyse, mais au prix d’une consommation d’énergie … directement utilisable. Tout au plus l’hydrogène issu d’électrolyse pourrait constitué un stockage… mais à dire vrai même cet usage n’est pas vraiment envisagé sur la Lune.
Merci de ce correctif. Mea maxima culpa – le moteur Raptor était initialement conçu pour fonctionner à l’oxygène et à l’hydrogène liquides mais le choix a en effet été celui du méthane. Pour le 2e point, il est écrit dans l’article que de l’hydrogène pourrait être produit à partir de l’eau lunaire – ce qui en effet demanderait une énergie importante. Mais c’est dans l’optique d’une « colonisation lunaire » à tres long-terme… En tout cas, merci d’avoir relevé l’erreur concernant le Starship.
C’est en 2012 ( approx) que la choix LCH4/LO2 a été fait pour le Raptor alors que le Starship n’a été sélectionné pour aller sur la Lune qu’en 2021. On peut effectivement dire que la NASA avait une préférence pour un moteur LH2/LO2 ( et pour le vaisseau proposé par Blue Origin) mais… pour des raisons encore mystérieuses a viré sa cutie. Peut-être que la prétention à fabriquer du carburant sur la Lune par électrolyse de l’eau est une douce fantaisie. Il faut faire coïncider les points d’extraction de l’eau, le lieu de purification et d’électrolyse, le stockage, le transport et le chargement dans le lanceur. Avec des écarts de température nuit/jour bien plus importants que sur la Terre.…
Merci Géraldine d’avoir corrigé l’erreur initiale qui attribuait au vaisseau Starship du LH2 comme ergol. Pour autant le texte corrigé n’est pas très rigoureux. La NASA n’a absolument pas choisi LH2 pour son vaisseau Blue Moon. C’est le constructeur du moteur Blue Origin qui a fait ce choix avant même d’envisager de le placer ce moteur sur Blue Moon. J’ignore si la NASA a eu une influence sur le design de Blue Moon ; officiellement non. C’est une conception 100% Blue Origin..
L’argument de la Gateway comme station service de l’espace, ravitaillée depuis la Lune ne tient pas la route., en tous cas pas sur un trajet vers Mars qui est souvent mis en avant : Outre les difficultés colossales de production, la station service serait entre deux incohérences. Elle ne pourrait être ravitaillée que par du LH2/LO2, la seule chose qu’on puisse produire sur la Lune, mais devrait ravitailler des vaisseaux qui marchent au LCH4/LO2 pour pouvoir ensuite refaire le plein sur Mars.
Enfin la prophétie d’une rentabilité industrielle…pourvu que les missions lunaires soient nombreuses… relève d’une économie strictemetn réflexive. Le « carburant » fabriqué sur la Lune serait consommé dans des trajets Terre-Lune. À ce stade, il n’y a aucune externalité et cela relève d’une économie « shadock ». Pour que cela ait du sens, il faudrait absolument une externalité au process. La question reste entière : quelle externalité ( quelle production de valeur économique qui ne serait pas immédiatement consommée dans le process de prod) peut-on imaginer sur la Lune ?