Le tiers de confiance qui interconnecte l’écosystème agricole et agroalimentaire
Plateforme d’intermédiation des données agricoles et agroalimentaires, Agdatahub se positionne comme un tiers de confiance incontournable au service de l’interconnexion et de l’interopérabilité de ces data à une échelle française et européenne. Sébastien Picardat, directeur général, nous présente la plateforme, ses parties prenantes, sa valeur ajoutée et ses perspectives de développement.
“L’enjeu d’Agdatahub est de permettre une meilleure valorisation des données agricoles et agroalimentaires afin d’améliorer le revenu de l’exploitant agricole en augmentant son chiffre d’affaires et/ou en optimisant ses charges d’exploitation.”
Agdatahub est une plateforme française d’échange de données agricoles. Qu’est-ce que ce positionnement implique ? Pourquoi avoir fait le choix de valoriser cette data agricole ?
Agdatahub est, en effet, une plateforme d’intermédiation de données agricoles et agroalimentaires qui a la capacité à interconnecter 400 000 exploitations agricoles avec leurs 85 000 partenaires, tout au long de la chaîne de valeur, de l’amont à aval. Ces partenaires sont essentiellement des coopératives, des négociants, des industriels agroalimentaires, des chambres d’agriculture, des instituts techniques, des start-up et les collectivités, mais aussi l’État qui souhaite avoir une meilleure visibilité et compréhension des modes de production agricole afin de proposer des services complémentaires aux exploitants agricoles en termes de gestion économique, technique et environnementale. Dans cette démarche, il s’agit aussi de mieux valoriser les modes de production à une échelle territoriale et de mettre en place une traçabilité plus fine pour répondre aux besoins des agriculteurs. L’enjeu d’Agdatahub est ainsi de permettre une meilleure valorisation des données agricoles et agroalimentaires afin d’améliorer le revenu de l’exploitant agricole en augmentant son chiffre d’affaires et/ou en optimisant ses charges d’exploitation. La prestation d’intermédiation de données, qui est notre cœur de métier, est une nouvelle activité qui a été identifiée et encadrée sur le plan réglementaire par le nouveau règlement européen Data Governance Act, qui est entré en vigueur le 23 septembre 2023. Cette activité, qui vise donc à mettre en place des relations entre les détenteurs de données et les utilisateurs via un prestataire neutre, comme Agdatahub, a été placée sous la régulation de l’Arcep – Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse – en France. Agdatahub va officialiser son statut d’intermédiaire de données en se notifiant auprès de l’Arcep dès la promulgation de la loi SREN – Sécuriser et Régulariser l’Economie Numérique – en mai.
Concrètement, qu’est-ce que Agdatahub ?
Nous sommes avant tout une plateforme SaaS destinée aux partenaires des agriculteurs, qui sont à 80 % des PME et des TPE. Ces dernières peuvent y accéder moyennant un abonnement. Véritable tiers de confiance, notre plateforme d’intermédiation permet ainsi de gérer de manière sécurisée des transactions et la monétisation des données entre l’ensemble des parties prenantes. Pour exercer cette activité d’intermédiation de données, nous nous appuyons exclusivement sur des solutions technologiques souveraines françaises afin de ne pas être soumis aux mesures et lois extraterritoriales américaines, compte tenu de la criticité et de la sensibilité des données agricoles. Nous travaillons avec le Cloud d’Orange Business, IN Groupe (ancienne Imprimerie Nationale) pour les identités numériques et la solution technologique Dawex pour l’échange sécurisé de données.
À quels enjeux et problématiques répondez-vous ? Pouvez-vous nous partager des cas d’usage concrets ?
La donnée agricole, qui est mise à disposition des différents partenaires, doit permettre de créer et de gérer des cas d’usage concrets comme :
• La décarbonation des filières agricoles et agro-alimentaires ou comment l’agriculture peut contribuer à capter le carbone dans les sols : les bonnes pratiques agricoles en la matière, comme la photosynthèse, permettent, par ailleurs, de générer des crédits carbone qui sont ensuite valorisés auprès d’entreprises qui opèrent dans le transport aérien ou routier, l’énergie… Grâce à la donnée sécurisée issue des exploitations agricoles et leur traitement par des partenaires industriels, nous allons être en mesure de certifier des crédits carbone d’origine France ;
• La gestion des équipements agricoles : aujourd’hui, les moissonneuses-batteuses sont devenues de véritables objets connectés qui captent des données télémétriques sur le moteur, la consommation de carburant… à des fins de maintenance prédictive et des données métiers sur le rendement ou la qualité de la récolte. Actuellement, l’agriculteur n’a pas forcément accès à ces données qui peuvent être transmises sans son autorisation par le constructeur à des partenaires. Notre solution va leur permettre de reprendre en main l’usage de leurs données, de choisir avec qui ils veulent les partager, pour quelle durée et quel usage… ;
• L’évolution des pratiques agricoles pour s’adapter au changement climatique, intégrer les dernières innovations en matière de traitement des maladies, de lutte contre les insectes et d’optimisation des produits phytosanitaires : les technologies du numérique couplées aux données permettent, en effet, de faire des simulations ou des prédictions au service d’une meilleure utilisation et gestion de ces produits ;
• Le déploiement des politiques publiques notamment la planification écologique conformément aux actions décrites dans la feuille de route France Nation Verte publiée par le Gouvernement en décembre dernier.
Quels sont les premiers retours des utilisateurs de votre plateforme ?
Nos clients et principaux utilisateurs sont donc les industriels, les groupes coopératifs ou encore les chambres d’agriculture… Ces acteurs en relation directe avec les agriculteurs ont besoin d’accéder à leurs données pour diverses raisons : optimisation de leurs services et de leurs produits, développement de nouvelles solutions (météo connectée, gestion des parcelles, suivi des cultures ou des élevages, de la consommation de l’eau)… Alors qu’une exploitation agricole peut générer plus d’une trentaine de sources de données différentes, notre plateforme va les agréger et permettre à ces différents utilisateurs de les exploiter, suite à l’autorisation préalable des agriculteurs. Nous nous positionnons ainsi comme un tiers de confiance dans cet écosystème en garantissant un accès simplifié, sécurisé et transparent à l’ensemble de ces données.
Début 2023, vous avez levé 4,8 millions d’euros. Quelques mots sur cette levée de fonds et sur vos ambitions dans cette continuité.
Aujourd’hui, Agdatahub est une SAS détenue à 55 % par la profession agricole au travers d’une holding qui réunit 30 partenaires, aux côtés des groupes InVivo et Avril, côté secteur privé, et la Caisse des Dépôts et des Consignations et IN Groupe, côté secteur public, à hauteur de 45 %.
En parallèle, nous avons également bénéficié du soutien de l’État au travers du PIA 3 et de financements dans le cadre de France 2030. Ces fonds vont nous permettre de poursuivre notre développement technologique et commercial, mais aussi de gagner en visibilité au sein des filières agricoles et agroalimentaires, de les sensibiliser à la question de l’intermédiation, de la circulation et de l’usage des données, mais aussi de les accompagner et de les conseiller en amont de l’utilisation de la plateforme.
Votre ambition est aussi de devenir et de devenir l’intermédiaire européen officiel des données agricoles. Quelles sont donc les prochaines étapes pour Agdatahub ?
Agdatahub est partie prenante d’un des deux projets phares labellisés par l’association Gaia‑X qui définit les standards d’interopérabilité et contribue au déploiement des espaces de données sectoriels en cohérence avec les objectifs de la Commission européenne. En parallèle, Agdatahub est en charge de la coordination d’AgriDataSpace, un consortium européen constitué de 15 partenaires représentant 10 États membres, dont un des objectifs est de préfigurer le déploiement de l’espace de données européen dédié à l’agriculture et l’agroalimentaire.