JEMS : un industriel de la data européen au service des entreprises et de la valorisation de leur patrimoine data
Si nous entendons parler de data et de sa valorisation depuis déjà de nombreuses années, de nombreuses entreprises manquent de maturité sur le sujet et ne savent pas comment gérer et exploiter ce patrimoine immatériel. Nicolas Laroche, directeur général de JEMS, nous en dit plus.
La data fait partie du patrimoine immatériel des entreprises, mais elles sont encore nombreuses à ne pas en avoir pris pleinement conscience. Qu’en est-il et qu’observez-vous à votre niveau ?
De manière globale, de plus en plus d’entreprises ont pris conscience de l’importance de la data et plus particulièrement de l’importance de leur propre donnée qui est une source d’innovation et de transformation. Néanmoins, parce que la data relève de l’immatériel, elles ne savent pas forcément comment l’exploiter et la valoriser pour créer de la valeur. Très peu d’entreprises ont, par ailleurs, pris conscience de la valeur patrimoniale de la data et ont des difficultés à comprendre ce que cela implique.
Forts de ces constats, nous avons défini une échelle de la maturité des entreprises sur l’utilisation de la data qui nous a permis de déterminer plusieurs typologies d’entreprises. On va ainsi retrouver des entreprises qui n’exploitent pas leur data. Ensuite, nous allons avoir des entreprises qui vont utiliser leur data pour faire de la « business intelligence », c’est-à-dire de l’analytics ou du reporting. Il s’agit d’une vision « a posteriori » et à très faible valeur de la data qui consiste à analyser le comportement ou les décisions de l’entreprise afin de guider la prise de décision future. Le niveau suivant est celui des entreprises qui ont une vision dite data driven. Ces dernières ont compris qu’à partir de leurs données elles peuvent développer des produits innovants, faire de la maintenance prédictive, améliorer leur performance opérationnelle… Enfin, le dernier niveau est celui des entreprises qui utilisent leur patrimoine de données pour développer des produits data pour un usage interne ou externe.
Aujourd’hui, on remarque que les entreprises ont encore une approche très consumériste de la donnée et ne s’inscrivent pas dans une démarche patrimoniale. Elles n’ont pas le réflexe de créer ce patrimoine de données qu’elles pourront ensuite mettre au service de l’ensemble de leurs usages et produits. Dans cette démarche, l’idée n’est pas de stocker les données, mais de modéliser les données pour construire ce patrimoine qui pourra être ensuite utilisé pour créer et développer des cas d’usage à forte valeur ajoutée pour l’entreprise.
Au cœur de votre métier, on retrouve justement la volonté forte de sensibiliser les entreprises à cette réalité. Comment cela se traduit-il en termes de positionnement ?
Au départ, les entreprises nous sollicitent pour mettre en place un cas d’usage : créer un produit capable d’analyser le comportement d’une chaîne de production, anticiper un incident sur une chaîne de production, détecter des fuites sur un réseau d’eau, détecter des fraudes…
Dans le cadre de notre intervention, nous n’allons pas uniquement traiter ce cas d’usage de manière isolé, mais mettre en œuvre une approche industrielle afin de mettre en place une dynamique qui permettra à l’entreprise d’anticiper et de créer des cas d’usage qui répondront à ses besoins futurs.
Pour mettre en place cette vision à plus long terme, JEMS intervient afin de construire le patrimoine de la donnée de ses clients entreprise. Pour donner à cette data une valeur patrimoniale afin qu’elle puisse être réutilisée et activable quel que soit le cas d’usage, nous avons mis au point une méthodologie afin de la modéliser et créer une couche de données qui va contenir la valeur patrimoniale de l’entreprise et qui pourra être utilisée quel que soit le cas d’usage.
Aujourd’hui, sur le marché, nous sommes le seul acteur à avoir une méthodologie qui permet d’atteindre cet objectif. En 2023, nous avions réalisé un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros. JEMS emploie plus de 1 000 collaborateurs répartis dans nos bureaux en France (Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes et Lille), en Belgique, en Roumanie, en Suisse, en Espagne, et en Tunisie.
JEMS se positionne ainsi comme le seul industriel de la data en Europe. Qu’en est-il ?
Aujourd’hui, la data est la première industrie au monde. Elle représente 30 % du PIB mondial. Or, selon une étude de Gartner parue en 2022, 85 % des projets data n’ont pas atteint leur cible, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fonctionné sur le plan technique ou n’ont pas délivré le résultat attendu. Cette situation s’explique principalement par le fait que le monde de la data est appréhendé comme une commodité et non comme une industrie à part entière. Concrètement, l’univers de la data ne s’est pas structuré autour d’un savoir-faire d’ingénierie, mais autour du monde du service et de la délégation de compétences. Il s’est, en quelque sorte, organisé comme une industrie autour d’un monde du service. Au sein de JEMS, nous avons repensé le métier et apportons une approche industrielle adossée à un procédé de fabrication, notre méthode de modélisation qui s’appuie sur une mécanique d’industrialisation et de réplicabilité pour déployer de manière automatique une « usine à cas d’usages » autour de la data. Pour piloter et monitorer cette chaîne de valeur industrielle, JEMS a également développé son propre MES, Management Execution System.
Sur un plan plus opérationnel, que proposez-vous aux entreprises ? À quels besoins et problématiques répondez-vous ?
Sur le court terme, nous répondons à un enjeu d’innovation. Sur le plus long terme, en déployant cette approche patrimoniale de la donnée combinée à une démarche industrielle de la valorisation et de l’exploitation de ce patrimoine, nous donnons aux entreprises les moyens de pérenniser leur activité. Pour ce faire, nous mettons à la disposition de nos clients des data plateformes, qui constituent leur socle technique et technologique, dans lequel nous allons agréger les données, les modéliser en patrimoine et construire les différents cas d’usage et produits en ayant recours à l’automatisation, à l’industrialisation, aux applications digitales, à l’analytics, à l’intelligence artificielle… Dans cette logique, nous travaillons notamment avec Canal de Provence, la société de distribution d’eau dans le sud-est de la France, pour qui nous avons déployé une data plateforme afin de mettre en place une usine à cas d’usage. Nous avons remonté et agrégé toutes les données des capteurs, des compteurs, des relevés du réseau, relatives à la consommation, ainsi que les données de leur système de gestion afin de construire leur patrimoine de données. Depuis, tous les mois, nous délivrons des nouveaux produits qui peuvent être utilisés pour détecter des fuites, lancer des alertes, remonter des problématiques de consommation, optimiser la facturation, redéfinir le dimensionnement du réseau… Autant de cas d’usage innovants qui servent directement la gestion de l’activité du Canal de Provence et qu’il n’aurait pas été possible de déployer sans la création du patrimoine de la donnée de l’entreprise. Notre approche industrielle s’applique à tous les secteurs et nous accompagnons de nombreuses entreprises dont la Société Générale, BNP Paribas, Covea, Safran, Thales, Renault, SNCF, Intermarché ou encore Sephora…
En parallèle, nous avons une demande croissante et pressante de tous nos clients pour de nouveaux services d’IA, et notamment d’IA générative. Au-delà de l’innovation technique, dans cette démarche, l’approche patrimoniale de la donnée est indispensable. En effet, la valeur de ces IA repose essentiellement sur le périmètre de données sur lequel nous pouvons les entraîner. De manière générale, les entreprises doivent prendre conscience que leur capacité à innover est intimement liée aux données dont elles disposent et que les autres n’ont pas. C’est finalement la seule barrière à l’entrée sur ces nouveaux marchés.
Aujourd’hui, quelles sont les ambitions de JEMS ?
Notre ambition est claire : être le leader européen et le partenaire industriel de référence des entreprises en matière de valorisation et d’exploitation de leurs données afin de constituer leur patrimoine de données à partir duquel elles pourront innover et développer des cas d’usage afin de mieux répondre à leurs enjeux présents et futurs.
Et pour conclure, quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?
Encore beaucoup d’entreprises abordent, à tort, la question de la data via le prisme technologique. Il s’agit d’un sujet et d’un enjeu industriels, car elles doivent se doter des outils, des actifs, des plateformes sur lesquels elles pourront capitaliser sur le long terme.
Parce que la data est un actif de l’entreprise, cette dernière doit pouvoir s’appuyer sur un asset manager afin de gérer cet actif et ce patrimoine. Nous pensons que cela doit être la première mission du Chief Data Officier dans l’organisation. Généralement, le CDO est responsable de la plateforme data, parfois des données, mais rarement de l’actif. Il y a une prise de conscience qui doit être opérée à ce niveau. Les entreprises doivent, en effet, se doter des compétences qui seront en mesure de gérer ces actifs, mais aussi de construire une vision à plus long terme.