JEMS : un industriel de la data européen au service des entreprises et de la valorisation de leur patrimoine data

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°795 Mai 2024Par Nicolas LAROCHE

Si nous enten­dons par­ler de data et de sa valo­ri­sa­tion depuis déjà de nom­breuses années, de nom­breuses entre­prises manquent de matu­ri­té sur le sujet et ne savent pas com­ment gérer et exploi­ter ce patri­moine imma­té­riel. Nico­las Laroche, direc­teur géné­ral de JEMS, nous en dit plus.

La data fait partie du patrimoine immatériel des entreprises, mais elles sont encore nombreuses à ne pas en avoir pris pleinement conscience. Qu’en est-il et qu’observez-vous à votre niveau ?

De manière glo­bale, de plus en plus d’entreprises ont pris conscience de l’importance de la data et plus par­ti­cu­liè­re­ment de l’importance de leur propre don­née qui est une source d’innovation et de trans­for­ma­tion. Néan­moins, parce que la data relève de l’immatériel, elles ne savent pas for­cé­ment com­ment l’exploiter et la valo­ri­ser pour créer de la valeur. Très peu d’entreprises ont, par ailleurs, pris conscience de la valeur patri­mo­niale de la data et ont des dif­fi­cul­tés à com­prendre ce que cela implique.

Forts de ces constats, nous avons défi­ni une échelle de la matu­ri­té des entre­prises sur l’utilisation de la data qui nous a per­mis de déter­mi­ner plu­sieurs typo­lo­gies d’entreprises. On va ain­si retrou­ver des entre­prises qui n’exploitent pas leur data. Ensuite, nous allons avoir des entre­prises qui vont uti­li­ser leur data pour faire de la « busi­ness intel­li­gence », c’est-à-dire de l’analytics ou du repor­ting. Il s’agit d’une vision « a pos­te­rio­ri » et à très faible valeur de la data qui consiste à ana­ly­ser le com­por­te­ment ou les déci­sions de l’entreprise afin de gui­der la prise de déci­sion future. Le niveau sui­vant est celui des entre­prises qui ont une vision dite data dri­ven. Ces der­nières ont com­pris qu’à par­tir de leurs don­nées elles peuvent déve­lop­per des pro­duits inno­vants, faire de la main­te­nance pré­dic­tive, amé­lio­rer leur per­for­mance opé­ra­tion­nelle… Enfin, le der­nier niveau est celui des entre­prises qui uti­lisent leur patri­moine de don­nées pour déve­lop­per des pro­duits data pour un usage interne ou externe.

Aujourd’hui, on remarque que les entre­prises ont encore une approche très consu­mé­riste de la don­née et ne s’inscrivent pas dans une démarche patri­mo­niale. Elles n’ont pas le réflexe de créer ce patri­moine de don­nées qu’elles pour­ront ensuite mettre au ser­vice de l’ensemble de leurs usages et pro­duits. Dans cette démarche, l’idée n’est pas de sto­cker les don­nées, mais de modé­li­ser les don­nées pour construire ce patri­moine qui pour­ra être ensuite uti­li­sé pour créer et déve­lop­per des cas d’usage à forte valeur ajou­tée pour l’entreprise.

Au cœur de votre métier, on retrouve justement la volonté forte de sensibiliser les entreprises à cette réalité. Comment cela se traduit-il en termes de positionnement ?

Au départ, les entre­prises nous sol­li­citent pour mettre en place un cas d’usage : créer un pro­duit capable d’analyser le com­por­te­ment d’une chaîne de pro­duc­tion, anti­ci­per un inci­dent sur une chaîne de pro­duc­tion, détec­ter des fuites sur un réseau d’eau, détec­ter des fraudes…
Dans le cadre de notre inter­ven­tion, nous n’allons pas uni­que­ment trai­ter ce cas d’usage de manière iso­lé, mais mettre en œuvre une approche indus­trielle afin de mettre en place une dyna­mique qui per­met­tra à l’entreprise d’anticiper et de créer des cas d’usage qui répon­dront à ses besoins futurs.

Pour mettre en place cette vision à plus long terme, JEMS inter­vient afin de construire le patri­moine de la don­née de ses clients entre­prise. Pour don­ner à cette data une valeur patri­mo­niale afin qu’elle puisse être réuti­li­sée et acti­vable quel que soit le cas d’usage, nous avons mis au point une métho­do­lo­gie afin de la modé­li­ser et créer une couche de don­nées qui va conte­nir la valeur patri­mo­niale de l’entreprise et qui pour­ra être uti­li­sée quel que soit le cas d’usage.

Aujourd’hui, sur le mar­ché, nous sommes le seul acteur à avoir une métho­do­lo­gie qui per­met d’atteindre cet objec­tif. En 2023, nous avions réa­li­sé un chiffre d’affaires de plus de 100 mil­lions d’euros. JEMS emploie plus de 1 000 col­la­bo­ra­teurs répar­tis dans nos bureaux en France (Lyon, Mar­seille, Tou­louse, Nantes et Lille), en Bel­gique, en Rou­ma­nie, en Suisse, en Espagne, et en Tunisie.

JEMS se positionne ainsi comme le seul industriel de la data en Europe. Qu’en est-il ?

Aujourd’hui, la data est la pre­mière indus­trie au monde. Elle repré­sente 30 % du PIB mon­dial. Or, selon une étude de Gart­ner parue en 2022, 85 % des pro­jets data n’ont pas atteint leur cible, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fonc­tion­né sur le plan tech­nique ou n’ont pas déli­vré le résul­tat atten­du. Cette situa­tion s’explique prin­ci­pa­le­ment par le fait que le monde de la data est appré­hen­dé comme une com­mo­di­té et non comme une indus­trie à part entière. Concrè­te­ment, l’univers de la data ne s’est pas struc­tu­ré autour d’un savoir-faire d’ingénierie, mais autour du monde du ser­vice et de la délé­ga­tion de com­pé­tences. Il s’est, en quelque sorte, orga­ni­sé comme une indus­trie autour d’un monde du ser­vice. Au sein de JEMS, nous avons repen­sé le métier et appor­tons une approche indus­trielle ados­sée à un pro­cé­dé de fabri­ca­tion, notre méthode de modé­li­sa­tion qui s’appuie sur une méca­nique d’industrialisation et de répli­ca­bi­li­té pour déployer de manière auto­ma­tique une « usine à cas d’usages » autour de la data. Pour pilo­ter et moni­to­rer cette chaîne de valeur indus­trielle, JEMS a éga­le­ment déve­lop­pé son propre MES, Mana­ge­ment Exe­cu­tion System.

Data science and big data tech­no­lo­gy. Data scien­tist com­pu­ting, ana­ly­sing and visua­li­zing com­plex data set on com­pu­ter. Data mining, arti­fi­cial intel­li­gence, machine lear­ning, busi­ness analytics.

Sur un plan plus opérationnel, que proposez-vous aux entreprises ? À quels besoins et problématiques répondez-vous ?

Sur le court terme, nous répon­dons à un enjeu d’innovation. Sur le plus long terme, en déployant cette approche patri­mo­niale de la don­née com­bi­née à une démarche indus­trielle de la valo­ri­sa­tion et de l’exploitation de ce patri­moine, nous don­nons aux entre­prises les moyens de péren­ni­ser leur acti­vi­té. Pour ce faire, nous met­tons à la dis­po­si­tion de nos clients des data pla­te­formes, qui consti­tuent leur socle tech­nique et tech­no­lo­gique, dans lequel nous allons agré­ger les don­nées, les modé­li­ser en patri­moine et construire les dif­fé­rents cas d’usage et pro­duits en ayant recours à l’automatisation, à l’industrialisation, aux appli­ca­tions digi­tales, à l’analytics, à l’intelligence arti­fi­cielle… Dans cette logique, nous tra­vaillons notam­ment avec Canal de Pro­vence, la socié­té de dis­tri­bu­tion d’eau dans le sud-est de la France, pour qui nous avons déployé une data pla­te­forme afin de mettre en place une usine à cas d’usage. Nous avons remon­té et agré­gé toutes les don­nées des cap­teurs, des comp­teurs, des rele­vés du réseau, rela­tives à la consom­ma­tion, ain­si que les don­nées de leur sys­tème de ges­tion afin de construire leur patri­moine de don­nées. Depuis, tous les mois, nous déli­vrons des nou­veaux pro­duits qui peuvent être uti­li­sés pour détec­ter des fuites, lan­cer des alertes, remon­ter des pro­blé­ma­tiques de consom­ma­tion, opti­mi­ser la fac­tu­ra­tion, redé­fi­nir le dimen­sion­ne­ment du réseau… Autant de cas d’usage inno­vants qui servent direc­te­ment la ges­tion de l’activité du Canal de Pro­vence et qu’il n’aurait pas été pos­sible de déployer sans la créa­tion du patri­moine de la don­née de l’entreprise. Notre approche indus­trielle s’applique à tous les sec­teurs et nous accom­pa­gnons de nom­breuses entre­prises dont la Socié­té Géné­rale, BNP Pari­bas, Covea, Safran, Thales, Renault, SNCF, Inter­mar­ché ou encore Sephora…
En paral­lèle, nous avons une demande crois­sante et pres­sante de tous nos clients pour de nou­veaux ser­vices d’IA, et notam­ment d’IA géné­ra­tive. Au-delà de l’innovation tech­nique, dans cette démarche, l’approche patri­mo­niale de la don­née est indis­pen­sable. En effet, la valeur de ces IA repose essen­tiel­le­ment sur le péri­mètre de don­nées sur lequel nous pou­vons les entraî­ner. De manière géné­rale, les entre­prises doivent prendre conscience que leur capa­ci­té à inno­ver est inti­me­ment liée aux don­nées dont elles dis­posent et que les autres n’ont pas. C’est fina­le­ment la seule bar­rière à l’entrée sur ces nou­veaux marchés.

Aujourd’hui, quelles sont les ambitions de JEMS ?

Notre ambi­tion est claire : être le lea­der euro­péen et le par­te­naire indus­triel de réfé­rence des entre­prises en matière de valo­ri­sa­tion et d’exploitation de leurs don­nées afin de consti­tuer leur patri­moine de don­nées à par­tir duquel elles pour­ront inno­ver et déve­lop­per des cas d’usage afin de mieux répondre à leurs enjeux pré­sents et futurs.

Et pour conclure, quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?

Encore beau­coup d’entreprises abordent, à tort, la ques­tion de la data via le prisme tech­no­lo­gique. Il s’agit d’un sujet et d’un enjeu indus­triels, car elles doivent se doter des outils, des actifs, des pla­te­formes sur les­quels elles pour­ront capi­ta­li­ser sur le long terme.
Parce que la data est un actif de l’entreprise, cette der­nière doit pou­voir s’appuyer sur un asset mana­ger afin de gérer cet actif et ce patri­moine. Nous pen­sons que cela doit être la pre­mière mis­sion du Chief Data Offi­cier dans l’organisation. Géné­ra­le­ment, le CDO est res­pon­sable de la pla­te­forme data, par­fois des don­nées, mais rare­ment de l’actif. Il y a une prise de conscience qui doit être opé­rée à ce niveau. Les entre­prises doivent, en effet, se doter des com­pé­tences qui seront en mesure de gérer ces actifs, mais aus­si de construire une vision à plus long terme.

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