Championne d’Europe de XTERRA en 2019, en République tchèque.

Morgane Riou (X06) : parcours professionnel et sportif

Dossier : Vie de l'associationMagazine N°796 Juin 2024
Par Morgane RIOU (X06)

L’une de mes plus grandes fier­tés est d’avoir réus­si à mener de front car­rière pro­fes­sion­nelle et car­rière spor­tive, tout en y trou­vant du plai­sir. Ma par­ti­ci­pa­tion au relais de la flamme para­lym­pique, pour repré­sen­ter la DGA en tant que gar­dienne de la flamme, sym­bo­lise pour moi la recon­nais­sance de ce double enga­ge­ment. Ce rôle d’ambassadrice des valeurs spor­tives por­tées par les armées, auprès de la popu­la­tion, me tient par­ti­cu­liè­re­ment à cœur.

Je m’appelle Mor­gane Riou, j’ai trente-huit ans et suis ori­gi­naire de Nantes, ville où j’ai pas­sé la majeure par­tie de mon enfance et où j’ai pour­sui­vi mes études jusqu’aux classes pré­pa­ra­toires scien­ti­fiques. Atti­rée autant par les sciences que par la phi­lo­so­phie, j’avais pour ambi­tion de deve­nir cher­cheur en chi­mie. J’ai inté­gré l’École poly­tech­nique au sein de la pro­mo­tion 2006.

L’Armement

Je rejoins en 2009 le corps de l’armement, à la fois pour la pos­si­bi­li­té de réa­li­ser une thèse, que j’ai choi­si de faire en neu­ros­ciences, à l’ENS Ulm, et pour la diver­si­té des postes et car­rières, notam­ment au sein de la DGA, offerts aux ingé­nieurs de l’armement, qui conservent leur sta­tut mili­taire auquel je m’identifiais par­ti­cu­liè­re­ment bien. Après un pre­mier poste de six ans à DGA Maî­trise NRBC, j’ai rejoint « Balard » en 2019 puis le cabi­net du délé­gué géné­ral pour l’armement en 2020, en tant que conseillère tech­nique. Je suis depuis le 1er sep­tembre 2023 res­pon­sable de la cel­lule finances de l’Agence du numé­rique de défense, tou­jours au sein de la DGA. J’apprécie tout par­ti­cu­liè­re­ment à la DGA la diver­si­té et l’intérêt des mis­sions, au ser­vice de l’État.

À la conquête du col de la Bonette.
À la conquête du col de la Bonette. © perco

La course

Côté sport, j’ai été ber­cée dans un envi­ron­ne­ment favo­rable grâce à mes parents très actifs et notam­ment un père cycliste. Dès l’âge de cinq ans, ils m’ont fait décou­vrir diverses acti­vi­tés : danse, rol­ler, ten­nis, nata­tion ; mais ce n’est qu’au col­lège que j’ai com­men­cé à cou­rir régu­liè­re­ment, notam­ment grâce aux com­pé­ti­tions de cross-coun­try UGSEL. J’ai ain­si pra­ti­qué de façon assi­due durant le col­lège et le lycée, avec un niveau inter­na­tio­nal en course à pied demi-fond (plu­sieurs titres de cham­pionne de France et par­ti­ci­pa­tion à des cham­pion­nats d’Europe et monde entre 16 et 19 ans). 

À dix-sept ans, je m’essaie au triple effort et rem­porte mon pre­mier tri­ath­lon à La Baule. Durant mes études supé­rieures et mes pre­miers postes, je n’ai ces­sé de faire du sport, en y consa­crant plus ou moins d’heures selon l’exigence du poste. J’ai ain­si obte­nu, dans les années 2008–2020, de beaux résul­tats en duath­lon, tri­ath­lon puis cross-tri­ath­lon, et par­cou­ru le monde pour prendre le départ de nom­breux « XTERRA » !

Podium d’un triathlon couru avec mon team « Organicoach ».
Podium d’un tri­ath­lon cou­ru avec mon team « Orga­ni­coach ». © DR

Comment j’ai concilié sport et carrière

Pas­sion­née autant par les études que par le sport, je ne me suis jamais impo­sée de choix entre les deux, juste des prio­ri­sa­tions. Élève stu­dieuse et conscien­cieuse, durant mes années de col­lège et lycée mes jour­nées étaient ryth­mées par les cours et les entraî­ne­ments, mais jamais avec excès. J’ai ain­si pu per­for­mer à un niveau inter­na­tio­nal en course à pied tout en pré­ser­vant un équi­libre et sur­tout sans jamais sacri­fier mes études. D’un natu­rel plu­tôt réser­vé, j’ai trou­vé dans le sport un moyen de m’exprimer, de m’ouvrir et de créer des liens, ce qui m’a été fort utile par la suite. 

S’il a été plus dif­fi­cile de main­te­nir un rythme éle­vé d’entraînement en classe pré­pa­ra­toire ou sur cer­tains postes exi­geants comme celui au cabi­net du DGA, le sport a tou­jours fait par­tie de mon quo­ti­dien, ne serait-ce que pour me dépla­cer et m’oxygéner ! J’ai eu la chance d’évoluer dans des environ­nements favo­rables, que ce soit fami­lial ou étu­diant. À l’X notam­ment, tout est pro­pice à la pra­tique spor­tive : les six heures obli­ga­toires par sec­tion (nata­tion pour ma part), mais aus­si les binets ou encore les infra­struc­tures dis­po­nibles ou le cadre de vie !

Championnat du monde half-ironman amateur à Nice – 3e de ma catégorie.
Cham­pion­nat du monde half-iron­man ama­teur à Nice – 3e de ma caté­go­rie. © Ger­main Hazard

La passion

La clé pour réus­sir ce double défi est d’avoir une bonne orga­ni­sa­tion et pla­ni­fi­ca­tion de ses jour­nées sans tou­te­fois se mettre de pres­sion, pour ne pas ris­quer l’épuisement et la démo­ti­va­tion. Il est impor­tant de défi­nir ses prio­ri­tés pour être en mesure d’adapter ses objec­tifs et son orga­ni­sa­tion, le cas échéant. Ce fut mon cas lors de mes trois années en tant que conseillère auprès du délé­gué géné­ral pour l’armement. Mais avant tout, si j’ai pu conci­lier sport et tra­vail durant toutes ces années, c’est parce que je l’ai fait avec pas­sion : je n’ai jamais consi­dé­ré mes choix comme des sacri­fices, mais tou­jours comme des occa­sions de mieux me connaître, pour apprendre et pour per­for­mer. Cet état d’esprit et cette déter­mi­na­tion m’ont per­mis de tout mettre en place pour l’atteinte de mes objec­tifs. La pas­sion a entre­te­nu ma motivation !

XTERRA Belgique 2019 – Partie VTT. Crédit : Carel du Plessis
XTERRA Bel­gique 2019 – Par­tie VTT. © Carel du Plessis

Le sport, atout de carrière

Que ce soit au cours de mes études ou dans le monde du tra­vail, le sport a tou­jours contri­bué à mon équi­libre et a été un fac­teur de bien-être et de moti­va­tion géné­rale, contri­buant ain­si à la réus­site de mes pro­jets. J’ai déve­lop­pé grâce au sport des qua­li­tés qui me sont essen­tielles dans le milieu pro­fes­sion­nel, en par­ti­cu­lier la déter­mi­na­tion, la per­sé­vé­rance, mais aus­si la bien­veillance, l’écoute. J’ai entre­te­nu grâce au sport ce goût de l’effort, cette pug­na­ci­té qui me per­mettent d’aller cher­cher le meilleur de moi-même et ain­si de rele­ver des défis, dans le milieu pro­fes­sion­nel comme sportif.

Remise de l’ordre national du mérite grade chevalier, aux Invalides, 2023.
Remise de l’ordre natio­nal du mérite grade che­va­lier, aux Inva­lides, 2023. © Patrick Cuny

Les valeurs militaires

Le sport, c’est aus­si un état d’esprit, une école des valeurs que j’ai retrou­vées chez le mili­taire dès les huit mois de for­ma­tion humaine et mili­taire de l’École poly­tech­nique. Mon choix du corps de l’armement est d’ailleurs en par­tie moti­vé par les valeurs que le sta­tut mili­taire véhi­cule. Humi­li­té, cou­rage, res­pect mutuel, par­tage, cohé­sion, entraide, cama­ra­de­rie, recon­nais­sance sont autant de valeurs humaines qui me sont chères et que j’applique au quo­ti­dien dans le milieu pro­fes­sion­nel. Le sport m’a éga­le­ment appris à tra­vailler en équipe, à trou­ver la moti­va­tion au sein du groupe, pour la réus­site du groupe. Enfin, le sport m’a beau­coup aidé sur l’aspect rela­tion­nel et social, favo­ri­sant mon ouver­ture aux autres, sans comp­ter les chances de ren­contre qu’il permet.

“Humilité, courage, respect mutuel, partage, cohésion, entraide, camaraderie, reconnaissance.”

Conseil pour un X sportif

Le choix du corps de l’armement pour un jeune X est tout à fait com­pa­tible avec des acti­vi­tés spor­tives de haut niveau. Je dirais même que le milieu dans lequel nous sommes ame­nés à évo­luer, au contact de mili­taires, leur est extrê­me­ment favo­rable, d’autant plus que nous jouis­sons le plus sou­vent, à la DGA, d’infrastructures remar­quables pour les spor­tifs, comme c’est le cas à Balard. Au cours de ma car­rière, j’ai tou­jours été encou­ra­gée dans ce double pro­jet, dans la mesure où il ne nui­sait pas à mes per­for­mances pro­fes­sion­nelles. Les maîtres-mots selon moi sont orga­ni­sa­tion et moti­va­tion. Il est essen­tiel, d’une part, de se tenir à une orga­ni­sa­tion rigou­reuse entre les acti­vi­tés pro­fes­sion­nelles et les acti­vi­tés spor­tives afin que l’une ne prenne pas incons­ciem­ment le pas sur l’autre et, d’autre part, de tou­jours entre­te­nir cette moti­va­tion et ce plai­sir, clés de la per­for­mance spor­tive comme professionnelle.


Lire aus­si : Augus­tin Reboul (X20), poly­tech­ni­cien et spor­tif de haut niveau


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