Mozart : Les six Quintettes à cordes
Cet enregistrement brillant présente les Quintettes à cordes trop rarement entendus de Mozart interprétés par cinq musiciens incroyables, enregistrés pendant la Semaine Mozart de Salzbourg en janvier 2014, autour de la date anniversaire de naissance du compositeur. Les Quintettes à cordes de Mozart sont une part mésestimée de la musique de chambre du compositeur, éclipsée par son Quintette avec clarinette ou ses derniers Quatuors à cordes. Ces deux DVD contiennent trois heures de musique merveilleuse avec deux violons, deux altos et un violoncelle, et il s’agit incontestablement de l’une des meilleures musiques jamais composées pour les musiciens de musique de chambre.
Ces six Quintettes réunissent une œuvre de jeunesse détendue (1773), deux joyaux de la maturité (1787, l’année de Don Giovanni) d’une ampleur de vue et d’une complexité harmonique sidérantes (K. 515 et 516), et deux partitions caractéristiques du dernier Mozart, où les larmes et l’angoisse se dissimulent derrière un semblant d’insouciance. Les amateurs de Mozart savent que ses Quintettes sont une étoile brillante dans sa liste de compositions. Et il faudra attendre longtemps (le tout dernier Schubert, puis Brahms) pour trouver des quintettes d’un pareil niveau.
« Mozart aimait l’alto. »
Mozart aimait l’alto, c’est l’instrument qu’il jouait lors de séances familiales ou amicales de musique de chambre, car il était ainsi immergé au sein de la polyphonie instrumentale. Le soin extrême qu’il apporta toujours, et dès son enfance, à la rédaction des voix intermédiaires, et son amour de l’alto lui font trouver dans cette formation, avec deux altos qui donc favorisaient la floraison mélodique, une sorte d’idéal qui lui permettait d’exprimer la quintessence de son génie, nettement plus aisément que dans un quatuor.
Gautier Capuçon et l’altiste Gérard Caussé avaient déjà joué ensemble au festival de 2013. Ils s’adjoignaient là en 2014 Clemens Hagen, le violoncelliste de la fratrie du Quatuor Hagen, qui sont natifs de Salzbourg et pour qui Mozart est la langue maternelle. L’image panoramique montre bien la complicité et les regards entre les artistes : Capuçon avec une barbe de mauvais garçon, ‑Clemens Hagen magnifique pour assurer l’assise harmonique comme il le fait pour son Quatuor Hagen, mais aussi comme premier violoncelle au Festival de Lucerne depuis vingt ans.
Regarder et écouter ces DVD sur un bel écran, c’est réellement très proche d’assister à un des meilleurs concerts de musique de chambre de l’année depuis le premier rang. Formidable expérience.
2 CD Belvedere
Renaud Capuçon, Gérard Caussé, Clemens Hagen