Patrick Olivier (X91), en droite ligne et en droiture
Patrick Olivier eut des responsabilités dans le public et le privé, toujours dans la perspective de l’intérêt général. Ma conclusion : qu’est-ce qu’un haut fonctionnaire ? Un visionnaire, comme lui. Un gros bûcheur. Un voyant, qui discerne les lignes de force de notre avenir.
Nous nous retrouvons le 8 février 2024 ; notre précédente rencontre date, plus de trente ans auparavant, de l’été 1993 : Patrick Olivier avait choisi la majeure de chimie, que je m’efforçais de porter haut. En septembre 1993, il choisit les détergents comme sujet d’approfondissement ; son travail fut consciencieux, soigné et intense.
Une forte volonté
Je me souviens de sa détermination à intégrer un des grands corps, lui qui avait fait un démarrage raté, lequel l’avait placé au fond du classement ; au prix d’un effort constant, il a obtenu les Télécommunications, option formation du corps de Mines. Puis ce fut le corps des Mines. Cette année-là, il avait suivi un stage d’arabe en Égypte, par curiosité intellectuelle. Il regrette ne pas avoir poursuivi l’apprentissage de cette autre langue et culture. Il est originaire d’Orgueil (village célèbre pour le météorite qui s’y écrasa) dans la région du vin de Fronton ; il en garde un léger accent.
Ses parents étaient pharmaciens. Il fit ses études secondaires à Montauban. Puis ce fut la prépa à Louis-le-Grand, en externe (foyer Bossuet), le choix de l’X plutôt que la rue d’Ulm, où il fut pourtant quatrième à l’admission ; le service national dans les commandos parachutistes de l’Air et le choix du foot pour sa section sportive à Palaiseau. Son mémoire de fin d’études (1997) à l’École des mines (avec Dharman Suryanarayanan) répond à la question : « Les dirigeants : qui sont-ils ? que font-ils ? et comment les recrute-t-on ? (comparaison 1985–1997). » Cela préfigure son parcours tout entier.
Début de carrière
Patrick Olivier inaugure sa carrière en 1997 dans un secteur auquel sa formation d’X l’a bien préparé, l’adaptation à notre pays des règles internationales de fonctionnement des nouvelles communications électroniques, bref l’Internet. En septembre 1998, il épouse Isabelle Muller ; ils ont quatre enfants, trois encore en études supérieures, et une fille aînée qui, après un double diplôme Centrale Supélec Paris et l’ESCP, vient de commencer à travailler dans une start-up. Sa famille reste sa plus grande fierté.
En 2001, souhaitant se donner une action de terrain, il devient responsable de la direction économique, à Lyon, au sein de la Drire Rhône-Alpes, dirigée par Marc Caffet (X69). Durant ce séjour lyonnais, il y revoit son aventureuse camarade de promotion, Vanessa Rousset-Ragot, dont vous aurez pu lire ici même le portrait.
« Casser les silos administratifs. »
En 2005 il s’investit dans le monde, alors nouveau pour lui, de la santé publique. Il gère le changement de rémunération des établissements de santé (la T2A), une profonde réforme systémique. Cela reste pour lui une grande fierté : il excelle à traiter de dossiers d’une grande complexité, à élaborer des solutions durables car robustes. Il y parvint en cinq années seulement. Puis, dès sa création en 2010, toujours poussé par l’objectif d’être là où les choses se transforment, il intègre comme directeur de la stratégie le comité exécutif de l’Agence régionale de santé de l’Île-de-France, auprès de Claude Évin. Il s’y employa à casser les silos administratifs, afin d’assurer la réussite de cette nouvelle organisation au service de la santé des Franciliens.
Pantouflage, coupé court !
En 2014, il décide de migrer dans le privé, dans ce même secteur de la santé. Il choisit un rassemblement de cliniques, alors en pleine croissance, le Groupe Elsan. Ce groupe quadrupla de taille en trois ans, pour devenir le premier opérateur privé en France. Il y mettra notamment en place la première démarche de responsabilité sociétale d’entreprise du secteur.
En 2018, au moment où le gouvernement lance des expérimentations pour transformer le système de santé, il devient directeur général pour la France de la filiale du suédois Ivbar, une start-up pour la collecte et l’exploitation de données de santé, un des pionniers en Europe dans la conception de modèles de financement au parcours de soins. L’année suivante, en 2019, la société est rachetée par un groupe néerlandais. Au premier trimestre 2020, du fait des promesses de marché non tenues en Suède, le groupe met en sommeil cette branche d’activité, dans toutes ses implantations. Dès lors, Patrick Olivier décide d’œuvrer à nouveau dans le secteur public.
Directeur à France 2030
Dans le contexte de la crise sanitaire on lui propose, et il accepte, la direction de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi des Hauts-de-France. Cette mission accomplie, il rejoint le secrétariat général pour l’investissement chargé de la mise en œuvre du plan France 2030, qui dépend du Premier ministre. À la tête d’une équipe de neuf experts du plus haut niveau, il élabore des solutions pour la transition écologique, industrielle et agricole. Ainsi, il œuvre à la décarbonation de l’industrie, notamment des emblématiques hauts fourneaux. Public-privé : collaborer avec des entrepreneurs ou des grandes entreprises, multinationales, innovantes, pour préparer notre futur est très motivant pour lui.