Histoire de l’École polytechnique

Après son À Poly­tech­nique, X1901 (Flam­ma­rion, 2021), Her­vé Joly, direc­teur de recherche au CNRS à Lyon et spé­cia­liste de l’histoire du patro­nat fran­çais et des élites, nous livre ici une his­toire ramas­sée de l’École, sur la base d’une connais­sance minu­tieuse et d’une grande den­si­té de conte­nu : sur le concours, depuis 230 ans (vous sau­rez tout sur ses arcanes, sur les points sup­plé­men­taires, etc.), sur l’origine des élèves (ain­si, en 2023 : 140 étran­gers et 420 Fran­çais), sur la for­ma­tion, « géné­rale et abs­traite », sur l’évolution du corps pro­fes­so­ral, « long­temps endo­gène », sur ses liens avec la recherche, à l’École ou ailleurs. 

À pro­pos du XXI^e siècle, l’ouvrage est sus­cep­tible de rafraî­chir nos connais­sances, par exemple sur les nou­velles filières de recru­te­ment (uni­ver­si­taires, notam­ment), les nou­veaux cur­sus (comme le « bache­lor ») ou les nou­velles chaires (comme « Mana­ge­ment de l’innovation et Entre­pre­neu­riat », depuis 2015). Il dis­cute des sujets qui fâchent : la concen­tra­tion tou­jours plus grande des classes pré­pa­ra­toires, les dif­fi­cul­tés stra­té­giques et d’image à l’international, la rup­ture des liens avec l’Université, l’orientation des corp­sards (Mines, Ponts) qui sont « de moins en moins des ingé­nieurs mais des mana­geurs poly­va­lents » ; l’auteur estime que le sta­tut mili­taire et la solde des élèves « n’apparaissent plus vrai­ment justifiés ». 

Mais qu’on se ras­sure, « les car­rières sont lar­ge­ment assu­rées », y com­pris à la tête du CAC 40 : le der­nier cha­pitre, trop court sur ce sujet, nous rap­pelle que c’est bien une his­toire de l’École qui est tra­cée ici, et non une his­toire du rôle des poly­tech­ni­ciens et de leur rap­port aux pou­voirs : cette der­nière reste sans doute à écrire. 

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