Un parcours, des enjeux, des succès et des rencontres !
François Laugier (X85), directeur général adjoint de Sfil, revient sur son parcours et son passage à l’École polytechnique. Il nous en dit également plus sur Sfil, cette banque publique de développement qui est aujourd’hui à la croisée d’enjeux essentiels.
Des bancs de Polytechnique au monde de la finance, quelles ont été les étapes de votre carrière ?
Diplômé de Polytechnique et des Ponts & Chaussées, j’ai débuté ma carrière professionnelle dans un cabinet de conseil. Cette première expérience professionnelle a été particulièrement structurante, car elle m’a permis de compléter et d’élargir ma formation d’ingénieur en développant des capacités de communication, de synthèse, d’animation… et d’adaptation.
Au bout de quatre ans, j’ai rejoint le Crédit Local de France. À l’époque, je n’avais pas forcément d’appétence particulière pour le financement des collectivités locales. Ce choix a été avant tout le fruit de la rencontre de plusieurs personnes qui m’ont donné envie de travailler avec elles. Cette dimension humaine est, d’ailleurs, un fil conducteur important dans ma carrière. J’ai, en effet, toujours accordé une importance primordiale aux hommes et aux femmes avec qui je travaille et collabore au quotidien !
J’ai eu l’opportunité d’occuper diverses fonctions de siège et de réseau au CLF, avant de partir travailler à l’étranger pendant 5 ans en Italie. De retour en France en 2004, Crédit Local de France était devenu Dexia.
« Le parcours de Sfil depuis sa création est clairement une grande réussite, une « épopée partagée » avec nos collaborateurs et nos partenaires qui fait la fierté de toutes celles et ceux qui y ont participé. »
Dans le cadre de mon parcours, j’ai été confronté aux deux crises financières de 2008 et 2011, qui ont notamment conduit à la résolution de Dexia ; un contexte évidemment très difficile, mais « ce qui ne te tue pas te rend plus fort » ! J’ai bien sûr beaucoup appris en matière de gestion de crise, mais aussi beaucoup sur moi-même : cette période a également constitué une expérience humaine unique qui se traduit encore aujourd’hui dans des amitiés et des relations de confiance solides !
J’ai ensuite coordonné, à partir d’une feuille blanche, le processus de création de Sfil, initiative de l’État en partenariat avec La Banque Postale et la Caisse des Dépôts. J’en suis le Directeur général adjoint depuis l’origine.
Nous avons récemment fêté notre 10e anniversaire. Malgré le scepticisme initial qui régnait autour de ce projet singulier, le parcours de Sfil depuis sa création est clairement une grande réussite, une « épopée partagée » avec nos collaborateurs et nos partenaires qui fait la fierté de toutes celles et ceux qui y ont participé.
DGA de Sfil, quelle est votre feuille de route ?
C’est évidemment de veiller à la bonne marche de l’entreprise. Mais au-delà de la gestion des affaires, je qualifie la mission d’un DGA d’« interstitielle » : identifier et animer les missions et stratégies qui ne relèvent pas du périmètre courant des équipes. Et en particulier engager et stimuler les transformations susceptibles d’impacter notre environnement et nos métiers.
Dans le contexte actuel, la capacité à s’adapter rapidement et avec agilité à son environnement extérieur est un vecteur de performance et de pérennité pour les entreprises, quel que soit leur domaine d’activité. Par exemple c’est dans cette logique que j’ai poussé les initiatives pour Sfil ayant permis une transformation digitale précoce, le déploiement dans les équipes de nouveaux modes de travail et de coopération au sortir de la crise sanitaire, ou actuellement une adoption à la fois rapide et raisonnée de l’IA générative.
Enfin, il s’agit aussi de veiller à ce que l’entreprise offre des conditions de travail épanouissantes et des parcours de carrière stimulants à l’ensemble de ses collaborateurs afin de développer l’intelligence collective indispensable à la réussite de nos projets et, par suite, des projets ancrés dans l’économie réelle que nous soutenons financièrement.
Banque publique de développement au service des territoires et des exportations, en une décennie, Sfil est devenue un acteur incontournable du financement de l’économie. Dites-nous en plus.
Jeune banque créée en 2013, Sfil est la 8e banque française au regard de la taille de bilan, s’y exercent par conséquent tous les métiers variés et sophistiqués de gestion de bilan et des risques bancaires, mais dans un cadre et avec une culture de PME puisqu’en termes d’effectifs nous sommes 350 CDI. Cela permet aux collaborateurs d’accéder à des périmètres d’intervention plus vastes que dans d’autres plus grandes institutions, et de développer leur polyvalence.
Depuis 2020, Sfil fait partie du groupe Caisse des Dépôts, à l’issue d’une phase de montée en puissance avec l’État comme actionnaire majoritaire et de référence.
Sfil a un statut spécifique de banque publique de développement, ce qui signifie que toute son activité a vocation à concourir à des objectifs de politique publique.
Dans cette logique, nous avons essentiellement deux missions. La première, qui nous a été confiée à notre création, est d’apporter des financements à long terme au secteur public local, c’est-à-dire les collectivités locales et les hôpitaux publics : nous finançons l’accès de la population à des services essentiels tels que la santé, l’éducation, une eau et des énergies propres, des transports en communs efficaces et respectueux de l’environnement.
Depuis 2015, nous avons une seconde mission qui est d’apporter nos financements à long terme en support aux grands contrats d’exportation : nous accordons ainsi nos financements aux clients des grands exportateurs français, avec la garantie de l’État.
Sur ces deux métiers, Sfil est leader en France.
Nous sommes ainsi le premier prêteur sur le secteur public local avec 20 à 25 % de part de marché : depuis 2013, en partenariat avec La Banque Postale, récemment rejointe par la Banque des territoires, nous avons apporté 50 milliards d’euros de financements au secteur !
« Sfil apporte 40 % de la liquidité qui participe au financement des grands contrats export français. »
Sur l’activité export, nous apportons 40 % de la liquidité qui participe au financement des grands contrats export français : nous avons permis la conclusion de plus de 30 grandes opérations pour un total de 31 milliards d’euros, dans des domaines aussi variés que les infrastructures, les énergies renouvelables, les transports, etc. essentiels eux aussi pour les populations concernées tout comme pour l’économie et l’emploi en France.
En termes opérationnels, nous avons la particularité d’avoir un modèle partenarial. Nous n’avons, en effet, pas notre propre réseau commercial. Les prêts que nous finançons sont distribués par des partenaires : La Banque Postale et La Banque des Territoires sur le secteur local, et les grandes banques commerciales sur l’export.
Pour conduire cette activité nous levons toutes nos ressources sur les marchés obligataires internationaux, sur lesquels nous sommes un acteur de premier plan reconnu, notamment au titre de nos émissions vertes et sociales.
Depuis maintenant plus de sept ans, nous avons intégré la notion de développement durable dans notre stratégie. Nous avons ainsi développé une gamme de financements verts et sociaux destinés à financer des investissements concourant à des objectifs de développement durable. Je tiens également à ce que l’engagement de Sfil dans le développement durable se retrouve également dans nos politiques internes (égalité Femmes-Hommes, inclusion) et dans l’engagement individuel des collaborateurs.
Alors que les transitions s’accélèrent, quels sont les enjeux d’un acteur comme Sfil ?
En 2018, nous nous sommes dotés d’une raison d’être : Financer un avenir durable. Notre enjeu, dans cette logique, est de favoriser le développement durable en mettant à disposition de nos clients collectivités et exportateurs, des financements thématiques adaptés, adossés ensuite sur des émissions elles aussi thématiques et ciblant les investisseurs internationaux soucieux de connaître l’utilisation de leurs fonds et de mesurer leur impact environnemental.
En parallèle, comme tous les secteurs d’activité, nous nous intéressons à l’IA, à ses apports et à ses risques potentiels pour un acteur comme Sfil. Se pose bien évidemment aussi la question de la cybersécurité qui représente un enjeu stratégique et critique pour tout établissement bancaire.
La digitalisation et les récentes évolutions technologiques, mais également le poids croissant des réglementations, ont considérablement transformé le métier du banquier qui doit sans cesse faire face à une plus grande complexité. Les dirigeants et les managers doivent apprendre à mieux gérer et appréhender cette complexité protéiforme afin d’insuffler à tous les niveaux de leur organisation des dynamiques et des processus simples qui permettent à chacune et chacun de pratiquer leur métier dans les meilleures conditions possibles.
Sur un plan plus personnel, que retenez-vous de votre passage à l’X ?
Avant tout des amitiés très fortes et durables ! Nous continuons par exemple à nous retrouver chaque mois pour un match entre anciens de la section foot. Au-delà de cette dimension humaine, essentielle, je retiens évidemment la qualité et la rigueur de la formation qui m’a justement apporté la capacité à appréhender cette complexité à laquelle je faisais référence précédemment.
La formation à l’X m’a donné une base exceptionnelle sur laquelle j’ai pu construire mon itinéraire. Un itinéraire professionnel enrichissant, original et varié durant lequel j’ai sans cesse appris, fait des rencontres marquantes et accepté de nombreuses remises en question : cette capacité d’accéder à un tel parcours, je la dois à l’X.