Rio Tinto

Contribuer à la transition énergétique et environnementale en donnant une seconde vie aux mines

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°797 Septembre 2024
Par Alexandra LE VAN

Alexan­dra Le Van, Gene­ral Mana­ger Com­mer­cial – Clo­sure Advi­so­ry chez Rio Tin­to, accom­pagne la fin de vie des mines et exploi­ta­tions minières dans une logique de redé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique au ser­vice des com­mu­nau­tés locales et de la tran­si­tion éner­gé­tique. Elle nous en dit plus dans cet entre­tien et revient notam­ment sur les oppor­tu­ni­tés de car­rière que son entre­prise et l’univers de la mine peuvent offrir à de jeunes ingé­nieurs qui sou­haitent contri­buer acti­ve­ment aux tran­si­tions qui redes­sinent nos sociétés.

Dites-nous en plus sur votre parcours.

Ingé­nieure de for­ma­tion, j’ai com­plé­té mon cur­sus avec un mas­ter spé­cia­li­sé en mana­ge­ment de pro­jets inter­na­tio­naux à ESCP Busi­ness School pen­dant 15 mois. Dans le cadre de cette for­ma­tion, j’ai eu l’opportunité de par­tir pen­dant un mois en Inde, ce qui m’a per­mis de décou­vrir une culture busi­ness et mar­ke­ting dif­fé­rente, mais aus­si d’autres modèles éco­no­miques et modes de finan­ce­ment. Ce fut aus­si l’occasion de tra­vailler dans un envi­ron­ne­ment multiculturel. 

De retour en France, après plu­sieurs stages, je suis par­tie à Londres en VIE (Volon­ta­riat Inter­na­tio­nal en Entre­prise) pour rejoindre la banque d’investissement du Cré­dit Agri­cole afin de tra­vailler sur les finan­ce­ments struc­tu­rés en matières pre­mières pour l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. J’ai ensuite rejoint l’équipe M&A (Fusions & Acqui­si­tions) d’un fonds de retour­ne­ment anglo-saxon. Ma prin­ci­pale mis­sion était alors d’acquérir des actifs en retour­ne­ment ou qui n’étaient plus en lien avec le cœur de métier des socié­tés concer­nées, via des ana­lyses fon­da­men­tales finan­cières et stra­té­giques de ces acti­vi­tés. Il s’agissait essen­tiel­le­ment d’actifs indus­triels en aval de la chaîne de valeur comme des raf­fi­ne­ries de pétrole, des acié­ries, des fon­de­ries d’a­lu­mi­nium, des com­plexes chimiques… 

Sept ans plus tard, j’ai rejoint Rio Tin­to, d’abord au sein des équipes Ven­ture, M&A et Busi­ness Deve­lop­ment. Puis, depuis deux ans, j’occupe les fonc­tions de direc­trice com­mer­ciale pour toutes les acti­vi­tés clo­sure, c’est-à-dire la fer­me­ture de mines, du groupe à une échelle internationale. 

Aujourd’hui, quels sont votre périmètre d’action et vos missions ? 

Au sein de Rio Tin­to, qui est le second groupe minier au monde, j’ai un péri­mètre d’action glo­bale. Ma mis­sion est d’apporter une vision com­mer­ciale et busi­ness à cette acti­vi­té de clo­sure. Actuel­le­ment, Rio Tin­to a plus de 90 actifs fer­més (lega­cy) ou en fer­me­ture dans le monde. Ils sont prin­ci­pa­le­ment situés en Amé­rique du Nord ; en Europe, essen­tiel­le­ment en France, en Suisse et au Royaume-Uni, et enfin, en Aus­tra­lie et en Océa­nie. L’Europe et l’Amérique repré­sentent, par ailleurs, plus des trois quarts de ce por­te­feuille, notam­ment des mines et sites fer­més héri­tés d’acquisitions pré­cé­dentes du Groupe.

Le dépar­te­ment dédié à cette acti­vi­té regroupe des com­pé­tences mul­ti­dis­ci­pli­naires. On va retrou­ver des exper­tises poin­tues et très tech­niques qui vont être en charge de la fai­sa­bi­li­té tech­nique de la fer­me­ture d’un site, du volet opé­ra­tion­nel avec la dimen­sion remé­dia­tion, main­te­nance, moni­to­ring régle­men­taire et envi­ron­ne­men­tale, ain­si que des rela­tions avec les dif­fé­rentes par­ties pre­nantes locales. En paral­lèle, il y a le volet com­mer­cial dont j’ai la res­pon­sa­bi­li­té avec notam­ment la ques­tion du redé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique et de la régé­né­ra­tion d’un site, le mana­ge­ment et la ges­tion et la créa­tion de solu­tions à moindre impact envi­ron­ne­men­tal, ain­si que l’angle tran­sac­tion­nel avec la recherche de repre­neurs poten­tiels et la vente de sites. J’interviens donc à la fin de la chaîne de valeur minière afin d’accompagner un actif dans sa tran­si­tion vers une acti­vi­té post-minière.

« Le cœur de métier de Rio Tinto est d’exploiter des terrains afin de trouver des minéraux et des matériaux essentiels à la transition énergétique. »

C’est aus­si une acti­vi­té qui est for­te­ment tour­née vers l’extérieur. Le cœur de métier de Rio Tin­to est d’exploiter des ter­rains afin de trou­ver des miné­raux et des maté­riaux essen­tiels à la tran­si­tion éner­gé­tique. En lien avec les équipes qui ont exploi­té des actifs, notre rôle, en par­te­na­riat avec nos dif­fé­rentes par­ties pre­nantes, est de déve­lop­per une vision stra­té­gique après-mine ou « post-mining » pour ces sites. C’est une démarche com­plexe qui revêt une dimen­sion busi­ness, éco­no­mique, envi­ron­ne­men­tale et sociale qui concerne des sites qui sont exploi­tés depuis 50 à 100 ans et qui ont été ouverts et déve­lop­pés à une époque où les contraintes et les pro­blé­ma­tiques régle­men­taires et envi­ron­ne­men­tales étaient très dif­fé­rentes. L’enjeu est donc d’arriver à trou­ver des solu­tions, une tran­si­tion et un pro­jet post-mining qui puissent ras­sem­bler et fédé­rer toutes par­ties pre­nantes afin de péren­ni­ser ces sites. 

Rio Tinto est donc à la croisée d’enjeux et de transitions majeurs. Qu’en est-il ? Comment appréhendez-vous cette dimension structurante ? 

Comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, notre métier est d’extraire des miné­raux et des mine­rais essen­tiels pour la tran­si­tion éner­gé­tique. Nous nous concen­trons sur la pro­duc­tion de l’aluminium et l’extraction du cuivre qui sont indis­pen­sables pour les véhi­cules élec­triques, les éoliennes, l’électricité, les maté­riaux de construc­tion… Nous sommes aus­si posi­tion­nés sur d’autres maté­riaux néces­saires aux bat­te­ries élec­triques comme le lithium, mais aus­si le boron ou encore les sels miné­ra­li­sés, maté­riaux essen­tiels que l’on peut trou­ver dans les smart­phones, infra­struc­tures d’energies renou­ve­lables, pein­tures, verre… 

Nous avons une branche dédiée au mine­rai de fer, qui repré­sente plus de 60 % de notre acti­vi­té. D’ailleurs, nous avons annon­cé un inves­tis­se­ment signi­fi­ca­tif de déve­lop­pe­ment de la mine de Siman­dou, un gise­ment de mine­rai de fer à haute teneur, en Gui­née en début d’année, qui pré­sente des enjeux d’in­fra­struc­tures et de logis­tique colos­saux. Dans le cadre de cette acti­vi­té, nous contri­buons for­te­ment au déve­lop­pe­ment éco­no­mique des ter­ri­toires et des pays où nous opé­rons. Nous créons de l’emploi, payons des taxes et for­mons le per­son­nel local. Nous réa­li­sons des inves­tis­se­ments finan­ciers consi­dé­rables et contri­buons à déve­lop­per les infra­struc­tures locales (trans­port, élec­trique…). 

« Dans le cadre du post-mining, nous cherchons à donner une seconde vie à nos actifs, nos terrains et nos friches industrielles. »

Nous nous sommes aus­si enga­gés dans une démarche de réduc­tion de notre empreinte car­bone et envi­ron­ne­men­tale. Nous sommes aus­si par­ti­cu­liè­re­ment sen­sibles à la pré­ser­va­tion des res­sources et du capi­tal natu­rel, notam­ment la res­source en eau qui est indis­pen­sable à notre acti­vi­té d’ex­trac­tion, mais aus­si la pré­ser­va­tion, pro­tec­tion et la réha­bi­li­ta­tion des éco­sys­tèmes et de la biodiversité. 

Dans le cadre du post-mining, nous cher­chons à don­ner une seconde vie à nos actifs, nos ter­rains et nos friches indus­trielles. L’idée est de les redé­ve­lop­per sur le plan éco­no­mique, mais dans une logique de tran­si­tion éner­gé­tique. Pour ce faire, nous avons l’ambition de créer des par­te­na­riats pour déve­lop­per des fermes solaires, l’agriculture ou encore pour revé­gé­ta­li­ser ces sites. En fonc­tion de l’actif, nous explo­rons tou­jours plu­sieurs pistes et oppor­tu­ni­tés de redé­ve­lop­pe­ment afin d’identifier la plus pérenne et la plus ver­tueuse aus­si bien pour l’environnement que les com­mu­nau­tés locales. 

Alors que les res­sources en mine­rais ont voca­tion à s’amenuiser au fil du temps, notre enjeu est aus­si de déve­lop­per des modèles d’af­faires cir­cu­laires qui ren­voient entre autres à la notion de valo­ri­sa­tion et de recy­clage de la matière, mais aus­si à la réuti­li­sa­tion et la réex­ploi­ta­tion des rési­dus obte­nus dans le cadre de l’extraction de nom­breux mine­rais. Ce sont des pistes que nous explo­rons dans le cadre de notre acti­vi­té post-mining afin de poten­tiel­le­ment repro­duire des maté­riaux plus durables au ser­vice de la tran­si­tion énergétique.

Rio Tinto

L’univers de la mine est méconnu des jeunes diplômés et plus particulièrement des jeunes femmes. Quelles en sont les principales caractéristiques ? 

Chez Rio Tin­to, il y a une volon­té de pro­mou­voir la diver­si­té dans les équipes et la fémi­ni­sa­tion de nos métiers, une prio­ri­té pour le Groupe puisqu’il consi­dère que c’est un avan­tage com­pé­ti­tif. Au sein de l’équipe com­mer­ciale dédiée à l’activité clo­sure, nous sommes quatre per­sonnes dont trois femmes ! 

Les métiers de la mine et de l’industrie de manière géné­rale ont tou­jours souf­fert d’un défi­cit d’image auprès des femmes. Il y a néan­moins un réel chan­ge­ment des men­ta­li­tés et une volon­té affir­mée de l’ensemble des acteurs indus­triels de fémi­ni­ser leurs effec­tifs, car la diver­si­té et la pari­té sont de réelles forces pour le monde de l’entreprise.

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, le monde de la mine a de très belles car­rières à offrir aux femmes et à diverses fonc­tions. Au-delà des postes d’in­gé­nieures et de tech­ni­ciennes, il y a aus­si des oppor­tu­ni­tés inté­res­santes sur des postes de com­mer­ciale, de finances, de mar­ke­ting, de com­mu­ni­ca­tion, de res­sources humaines ou rele­vant des affaires externes, régle­men­taires ou gouvernementales. 

Qu’en est-il chez Rio Tinto ? 

Rio Tin­to emploie envi­ron 57 000 per­sonnes dans le monde entier et couvre toute la chaîne de valeur de la mine, depuis la décou­verte d’une res­source, puis de la concep­tion et déve­lop­pe­ment d’un site jusqu’à sa fer­me­ture et son redé­ve­lop­pe­ment éco­no­mique. Rio Tin­to pro­pose des stages et a mis en place des Gra­duate Pro­grams qui sont une excel­lente porte d’entrée vers l’entreprise et l’univers de la mine. Le groupe a aus­si des par­te­na­riats avec de nom­breuses uni­ver­si­tés et écoles et accueille des doc­to­rants dans ses équipes pour tra­vailler sur une plu­ra­li­té de pro­jets à forte valeur ajoutée. 

Plus concrè­te­ment, nous recru­tons des ingé­nieurs, des experts tech­niques, notam­ment en R&D. Nous offrons la pos­si­bi­li­té à nos jeunes talents de béné­fi­cier de rota­tions en Europe ou à l’international, mais aus­si de nom­breuses pas­se­relles afin de les aider à déve­lop­per leurs connais­sances et leurs compétences. 

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