Contribuer à la transition énergétique et environnementale en donnant une seconde vie aux mines
Alexandra Le Van, General Manager Commercial – Closure Advisory chez Rio Tinto, accompagne la fin de vie des mines et exploitations minières dans une logique de redéveloppement économique au service des communautés locales et de la transition énergétique. Elle nous en dit plus dans cet entretien et revient notamment sur les opportunités de carrière que son entreprise et l’univers de la mine peuvent offrir à de jeunes ingénieurs qui souhaitent contribuer activement aux transitions qui redessinent nos sociétés.
Dites-nous en plus sur votre parcours.
Ingénieure de formation, j’ai complété mon cursus avec un master spécialisé en management de projets internationaux à ESCP Business School pendant 15 mois. Dans le cadre de cette formation, j’ai eu l’opportunité de partir pendant un mois en Inde, ce qui m’a permis de découvrir une culture business et marketing différente, mais aussi d’autres modèles économiques et modes de financement. Ce fut aussi l’occasion de travailler dans un environnement multiculturel.
De retour en France, après plusieurs stages, je suis partie à Londres en VIE (Volontariat International en Entreprise) pour rejoindre la banque d’investissement du Crédit Agricole afin de travailler sur les financements structurés en matières premières pour l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. J’ai ensuite rejoint l’équipe M&A (Fusions & Acquisitions) d’un fonds de retournement anglo-saxon. Ma principale mission était alors d’acquérir des actifs en retournement ou qui n’étaient plus en lien avec le cœur de métier des sociétés concernées, via des analyses fondamentales financières et stratégiques de ces activités. Il s’agissait essentiellement d’actifs industriels en aval de la chaîne de valeur comme des raffineries de pétrole, des aciéries, des fonderies d’aluminium, des complexes chimiques…
Sept ans plus tard, j’ai rejoint Rio Tinto, d’abord au sein des équipes Venture, M&A et Business Development. Puis, depuis deux ans, j’occupe les fonctions de directrice commerciale pour toutes les activités closure, c’est-à-dire la fermeture de mines, du groupe à une échelle internationale.
Aujourd’hui, quels sont votre périmètre d’action et vos missions ?
Au sein de Rio Tinto, qui est le second groupe minier au monde, j’ai un périmètre d’action globale. Ma mission est d’apporter une vision commerciale et business à cette activité de closure. Actuellement, Rio Tinto a plus de 90 actifs fermés (legacy) ou en fermeture dans le monde. Ils sont principalement situés en Amérique du Nord ; en Europe, essentiellement en France, en Suisse et au Royaume-Uni, et enfin, en Australie et en Océanie. L’Europe et l’Amérique représentent, par ailleurs, plus des trois quarts de ce portefeuille, notamment des mines et sites fermés hérités d’acquisitions précédentes du Groupe.
Le département dédié à cette activité regroupe des compétences multidisciplinaires. On va retrouver des expertises pointues et très techniques qui vont être en charge de la faisabilité technique de la fermeture d’un site, du volet opérationnel avec la dimension remédiation, maintenance, monitoring réglementaire et environnementale, ainsi que des relations avec les différentes parties prenantes locales. En parallèle, il y a le volet commercial dont j’ai la responsabilité avec notamment la question du redéveloppement économique et de la régénération d’un site, le management et la gestion et la création de solutions à moindre impact environnemental, ainsi que l’angle transactionnel avec la recherche de repreneurs potentiels et la vente de sites. J’interviens donc à la fin de la chaîne de valeur minière afin d’accompagner un actif dans sa transition vers une activité post-minière.
« Le cœur de métier de Rio Tinto est d’exploiter des terrains afin de trouver des minéraux et des matériaux essentiels à la transition énergétique. »
C’est aussi une activité qui est fortement tournée vers l’extérieur. Le cœur de métier de Rio Tinto est d’exploiter des terrains afin de trouver des minéraux et des matériaux essentiels à la transition énergétique. En lien avec les équipes qui ont exploité des actifs, notre rôle, en partenariat avec nos différentes parties prenantes, est de développer une vision stratégique après-mine ou « post-mining » pour ces sites. C’est une démarche complexe qui revêt une dimension business, économique, environnementale et sociale qui concerne des sites qui sont exploités depuis 50 à 100 ans et qui ont été ouverts et développés à une époque où les contraintes et les problématiques réglementaires et environnementales étaient très différentes. L’enjeu est donc d’arriver à trouver des solutions, une transition et un projet post-mining qui puissent rassembler et fédérer toutes parties prenantes afin de pérenniser ces sites.
Rio Tinto est donc à la croisée d’enjeux et de transitions majeurs. Qu’en est-il ? Comment appréhendez-vous cette dimension structurante ?
Comme précédemment mentionné, notre métier est d’extraire des minéraux et des minerais essentiels pour la transition énergétique. Nous nous concentrons sur la production de l’aluminium et l’extraction du cuivre qui sont indispensables pour les véhicules électriques, les éoliennes, l’électricité, les matériaux de construction… Nous sommes aussi positionnés sur d’autres matériaux nécessaires aux batteries électriques comme le lithium, mais aussi le boron ou encore les sels minéralisés, matériaux essentiels que l’on peut trouver dans les smartphones, infrastructures d’energies renouvelables, peintures, verre…
Nous avons une branche dédiée au minerai de fer, qui représente plus de 60 % de notre activité. D’ailleurs, nous avons annoncé un investissement significatif de développement de la mine de Simandou, un gisement de minerai de fer à haute teneur, en Guinée en début d’année, qui présente des enjeux d’infrastructures et de logistique colossaux. Dans le cadre de cette activité, nous contribuons fortement au développement économique des territoires et des pays où nous opérons. Nous créons de l’emploi, payons des taxes et formons le personnel local. Nous réalisons des investissements financiers considérables et contribuons à développer les infrastructures locales (transport, électrique…).
« Dans le cadre du post-mining, nous cherchons à donner une seconde vie à nos actifs, nos terrains et nos friches industrielles. »
Nous nous sommes aussi engagés dans une démarche de réduction de notre empreinte carbone et environnementale. Nous sommes aussi particulièrement sensibles à la préservation des ressources et du capital naturel, notamment la ressource en eau qui est indispensable à notre activité d’extraction, mais aussi la préservation, protection et la réhabilitation des écosystèmes et de la biodiversité.
Dans le cadre du post-mining, nous cherchons à donner une seconde vie à nos actifs, nos terrains et nos friches industrielles. L’idée est de les redévelopper sur le plan économique, mais dans une logique de transition énergétique. Pour ce faire, nous avons l’ambition de créer des partenariats pour développer des fermes solaires, l’agriculture ou encore pour revégétaliser ces sites. En fonction de l’actif, nous explorons toujours plusieurs pistes et opportunités de redéveloppement afin d’identifier la plus pérenne et la plus vertueuse aussi bien pour l’environnement que les communautés locales.
Alors que les ressources en minerais ont vocation à s’amenuiser au fil du temps, notre enjeu est aussi de développer des modèles d’affaires circulaires qui renvoient entre autres à la notion de valorisation et de recyclage de la matière, mais aussi à la réutilisation et la réexploitation des résidus obtenus dans le cadre de l’extraction de nombreux minerais. Ce sont des pistes que nous explorons dans le cadre de notre activité post-mining afin de potentiellement reproduire des matériaux plus durables au service de la transition énergétique.
L’univers de la mine est méconnu des jeunes diplômés et plus particulièrement des jeunes femmes. Quelles en sont les principales caractéristiques ?
Chez Rio Tinto, il y a une volonté de promouvoir la diversité dans les équipes et la féminisation de nos métiers, une priorité pour le Groupe puisqu’il considère que c’est un avantage compétitif. Au sein de l’équipe commerciale dédiée à l’activité closure, nous sommes quatre personnes dont trois femmes !
Les métiers de la mine et de l’industrie de manière générale ont toujours souffert d’un déficit d’image auprès des femmes. Il y a néanmoins un réel changement des mentalités et une volonté affirmée de l’ensemble des acteurs industriels de féminiser leurs effectifs, car la diversité et la parité sont de réelles forces pour le monde de l’entreprise.
Plus particulièrement, le monde de la mine a de très belles carrières à offrir aux femmes et à diverses fonctions. Au-delà des postes d’ingénieures et de techniciennes, il y a aussi des opportunités intéressantes sur des postes de commerciale, de finances, de marketing, de communication, de ressources humaines ou relevant des affaires externes, réglementaires ou gouvernementales.
Qu’en est-il chez Rio Tinto ?
Rio Tinto emploie environ 57 000 personnes dans le monde entier et couvre toute la chaîne de valeur de la mine, depuis la découverte d’une ressource, puis de la conception et développement d’un site jusqu’à sa fermeture et son redéveloppement économique. Rio Tinto propose des stages et a mis en place des Graduate Programs qui sont une excellente porte d’entrée vers l’entreprise et l’univers de la mine. Le groupe a aussi des partenariats avec de nombreuses universités et écoles et accueille des doctorants dans ses équipes pour travailler sur une pluralité de projets à forte valeur ajoutée.
Plus concrètement, nous recrutons des ingénieurs, des experts techniques, notamment en R&D. Nous offrons la possibilité à nos jeunes talents de bénéficier de rotations en Europe ou à l’international, mais aussi de nombreuses passerelles afin de les aider à développer leurs connaissances et leurs compétences.