La FinTech française : un écosystème de référence qui poursuit son développement !
Avec plus de 350 membres, France FinTech est l’association représentative des fintechs françaises, un écosystème en forte croissance depuis plus d’une décennie. Innovation technologique, réglementation, usages, levées de fonds, attractivité des métiers, internationalisation, développement durable… sont autant de sujets qui mobilisent Alain Clot, à la tête de France FinTech, qui est aussi la première association sectorielle du numérique dans le pays.
Qu’est-ce que France FinTech ?
France FinTech est une association à but non lucratif qui a été créée en 2015 à l’initiative d’entrepreneurs, elle s’est fixé trois missions principales :
- Promouvoir et faire connaître la fintech française en France et à l’étranger, ce qui nous conduit notamment à de très fréquentes prises de parole (presse écrite et audiovisuelle, médias du net, réseaux sociaux, enseignement, etc.) ;
- Représenter l’écosystème vis-à-vis de ses parties prenantes en France et dans le monde : le Gouvernement français ; les différentes autorités nationales, les régulateurs-superviseurs, principalement l’ACPR et l’AMF, mais aussi la CNIL, l’Autorité de la concurrence, la Commission européenne, le monde de la recherche et de l’enseignement, les établissements bancaires, de gestion d’actifs et d’assurance, la BPI, le monde du financement. En ce sens, France FinTech est un trait d’union entre les nombreuses associations sectorielles de la fintech (actifs numériques, financement participatif, paiements ou encore assurtech).
Co-fondateurs de l’European Digital Finance Association, l’association européenne de la fintech, notre association est aussi un lobby assumé dont la mission est de faire émerger les conditions du développement d’un secteur d’excellence français. Dans ce cadre, nous avons notamment contribué à des textes législatifs et des réflexions publiques, ainsi qu’à de nombreuses études et consultations ; - Animer l’écosystème : nous facilitons la mise en relation des différentes parties prenantes, produisons de nombreux contenus (livres blancs, études statistiques notamment) et organisons également des événements de toute taille. Co-organisateur de la French FinTech Week aux côtés de l’ACPR-Banque de France, de l’AMF et de l’incubateur Finance & Assurance de Paris&Co, nous proposons, au sein de cette initiative, l’événement de référence de l’écosystème : FinTech R : Evolution qui réunit chaque année près de 2 000 personnes.
Depuis sa création, il y a près de 10 ans, France FinTech a connu un fort développement. Aujourd’hui, l’association regroupe près de 350 membres et a noué plus de 90 partenariats de toute nature, notamment avec de grandes banques, assureurs, fonds d’investissement, cabinets de conseil ainsi que des coopérations institutionnelles avec le secteur public, dont la Banque de France, la BPI, la Région Île-de-France…
France FinTech est la première association sectorielle numérique en France. L’association propose désormais les Collèges Assurtech et Financement Participatif, suite à l’intégration respective de deux autres associations Insurtech France et Financement Participatif France. France FinTech est également un lieu de rencontre, d’influence positive, de publication, et d’événements qui œuvre en faveur de l’émergence de champions français dans ce domaine et de la création d’emplois qualifiés, avec plus de 50 000 emplois créés par la filière à date.
Dans le contexte actuel, nous avons la volonté forte de contribuer à la transition climatique, au développement durable, à la préservation de la biodiversité, ainsi qu’à l’inclusion et l’éducation financières. Sur le plan social, nous promouvons la mixité, un véritable enjeu dans la sphère numérique alors que nous ne comptons que 12 % de fondatrices dans notre communauté d’entrepreneurs. Pour féminiser notre secteur et promouvoir un entrepreneuriat féminin, nous travaillons avec les écoles, les universités et d’autres associations.
Comment est structuré cet écosystème en France ?
Chez France FinTech, nous définissons la fintech comme un moyen innovant d’approcher les services financiers : les services bancaires et assurantiels, les paiements, la gestion d’actif, les services de comptabilité, la facturation, la gestion de la réglementation, les services autour du Web3 et de la crypto, les services à destination des chefs d’entreprise, des DRH, des directeurs financiers…
Nos fintechs membres sont avant tout des start-up, de par leur taille et leur culture, indépendantes d’un point de vue capitalistique. La technologie occupe une place centrale dans leur modèle et cette dimension s’articule autour de deux axes principaux : la mobilité avec des applications nomades et la donnée avec un focus sur la technologie des algorithmes, l’intelligence artificielle, la blockchain, le Web3…
Contrairement à une idée reçue, les Français ont été pionniers en matière de finance innovante avec l’émergence de premiers acteurs dès le début des années 1990, jusqu’à ce que nous nous fassions rattraper par les acteurs anglo-saxons. Ce renversement de situation s’explique essentiellement par trois facteurs.
“Chez France FinTech, nous définissons la fintech comme un moyen innovant d’approcher les services financiers.”
Premièrement, jusqu’en 2015, le capital-risque était quasiment inexistant en France, alors que les pays anglo-saxons, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, se financent massivement par le marché et moins par le crédit bancaire. Depuis, notre pays a rattrapé son retard en la matière et se situe même dans le peloton de tête de l’Union européenne.
Deuxièmement, le régulateur français n’était pas aussi favorable à l’innovation technologique que ses contreparties anglo-saxonne, luxembourgeoise ou suisse qui ont toujours associé à leur mission traditionnelle de protection du consommateur et du marché le développement de l’innovation et de la concurrence et donc de leur place financière.
Depuis, nos régulateurs nationaux ont pratiqué une forme de révolution culturelle et travaillent aujourd’hui de concert pour favoriser l’innovation financière. Une des principales illustrations de ce travail collaboratif est le Forum FinTech ACPR-AMF de la régulation, lieu d’échange mensuel et les différents événements que nous organisons ensemble.
Enfin, la fintech française a eu en France plus de difficultés à s’installer, car la France dispose d’un système bancaire et assurantiel universel et puissant qui couvre la totalité des services financiers. Au fil des années, avec l’émergence de nouveaux besoins et attentes des consommateurs, notamment les nouvelles générations, nous avons assisté à un changement de paradigme qui a permis aux fintechs de trouver leur place.
“Récemment, nous avons eu le plaisir de voir deux associations sectorielles demander leur intégration à France FinTech, InsurTech France et Financement Participatif France.”
L’écosystème français s’est très fortement développé et structuré. On recense désormais plus de 950 acteurs qui opèrent dans les principaux métiers : le paiement, le financement, les néo banques, le financement participatif, l’assurtech, les cryptos, etc. Avec 14 licornes dont deux ont désormais leur siège à l’étranger, la fintech française est aussi le premier écosystème de la tech française, de l’Union européenne, et le deuxième de l’Europe géographique derrière les Anglais.
Parmi les principales fintechs françaises figurent Ledger, le champion du monde de la sécurité dans le Web3, mais aussi Qonto, Spendesk, Lydia, ou encore Younited… Aujourd’hui, l’écosystème a atteint une certaine maturité avec des acteurs qui se sont fortement développés et ont une taille critique. Nous assistons, depuis quelques années, à un phénomène de consolidation du marché.
Plus d’une trentaine d’opérations ont ainsi été recensées en 2023 et la tendance se poursuit, voire se renforce en 2024. Ces opérations d’acquisition et de rachat ne se cantonnent pas aux frontières nationales. Les fintechs françaises sont ouvertes sur leur écosystème et rachètent des concurrents internationaux. C’est notamment le cas de Qonto qui a racheté son concurrent allemand Penta en 2022 ou l’assurtech +Simple, qui a acquis nombre de ses concurrents européens.
Aujourd’hui, quels sont les défis auxquels le monde de la fintech française est confronté ?
Depuis la pandémie, une forte tension sur les financements est apparue. Nous sommes passés d’un peu plus de trois milliards de levées de fonds à un milliard. Au premier semestre 2024, les fintechs françaises ont réalisé 50 opérations de levée de fonds propres pour un total de 560 M€, soit une hausse de 35 % par rapport au semestre précédent, peut être le reflet d’une reprise.
Mentionnons que les start-up ont de plus en plus recours à la dette qui est devenue une composante importante du financement et que leur croissance leur permet de plus en plus de s’auto-financer. Enfin, les efforts de productivité et de rationalisation consentis ont permis de réduire sensiblement leur besoin de financement.
Un autre défi tient aux difficultés que nous rencontrons en matière d’offre locale de financement pour les gros tickets (plusieurs centaines de millions). En effet, le capital-risque est un métier encore jeune en France. Résultat : ce sont généralement des fonds internationaux qui se positionnent sur ces opérations.
À ces enjeux financiers s’ajoute une tension sur la ressource humaine liée à la disponibilité des talents et des compétences. Chaque année, le secteur recrute des milliers de profils très qualifiés en technologie de la donnée et quantitatives, en algorithmes, en IA, en sciences cognitives. Sur un marché de l’emploi en tension permanente, la question des talents représente un véritable défi stratégique. France FinTech est fortement mobilisée pour accroître l’attractivité de notre place.
Sur ce marché, les principaux leviers du développement de la fintech restent la tech et l’innovation, la réglementation et les usages. Qu’en est-il ?
Durant les premières phases de développement de la fintech, l’innovation a porté moins sur la technologie que sur l’expérience utilisateur et les nouveaux usages (ex cagnotte, financement participatif, etc.).
Désormais, la tech est en pointe. Web3, tokenisation, le Big Data et algorithme, mais surtout l’IA qui aura un impact considérable sur les services financiers, notamment en matière de productivité, de gestion des risques, y compris de cybersécurité, mais aussi de relation client et de conseil.
La réglementation est également un facteur central de structuration de notre industrie. Or elle connaît actuellement des mutations d’une grande magnitude comme les directives sur les paiements dites DSP qui permettent notamment à des acteurs régulés d’accéder avec l’accord du client à leurs données bancaires, une évolution qui a ainsi permis l’émergence de l’Open Banking. Aujourd’hui, le règlement MiCA laisse, quant à lui, entrevoir des évolutions importantes du monde du Web3 et des crypto-actifs. Bien d’autres textes sont mis en force, notamment liés à l’IA.
Quelles sont les principales tendances qui se dessinent aujourd’hui dans le monde de la fintech ?
Historiquement, la fintech s’est attaquée au secteur du paiement et concentrée sur une clientèle d’entrée de gamme, notamment les jeunes. Aujourd’hui, son périmètre d’action s’élargit considérablement et touche tous les métiers de la banque, l’assurance et la gestion d’actifs. Elle propose ses services à toutes les clientèles, segment patrimonial, investisseurs, collectivités publiques et entreprises, avec toutes sortes de nouveaux services autour de la comptabilité, la facturation, les services aux DRH et aux DAF. Le Web3 et la tokenisation présentent également un beau potentiel.
S’agissant des modèles, trois tendances sont significatives :
- la plateformisation des acteurs. Spécialisés à l’origine sur un service très précis, ils élargissent progressivement leur offre. A l’origine application de paiement peer-to-peer, notamment entre étudiants, Lydia est en train de devenir une plateforme de services bancaires ;
- l’internationalisation ;
- la prise en compte forte des questions relatives au développement durable.
Dans cet écosystème, qu’en est-il du rôle et de la place des acteurs traditionnels de la finance ?
Au fil des années, les acteurs traditionnels ont montré un intérêt croissant pour les fintechs, ce qui s’est d’ailleurs traduit par de nombreuses opérations de rapprochement capitalistique avec des acquisitions ou des prises de participation.
Aujourd’hui, la coopération entre les deux univers s’est en quelque sorte « institutionnalisée » avec plus de 1 500 partenariats entre les fintechs, les banques et les assurances qui couvrent des sujets de distribution, de production, ainsi que des sujets de plus en plus cœur de métier, comme la connaissance client, la lutte anti-blanchiment, l’analyse des risques, le conseil.
Après avoir privilégié des modèles de distribution indirects (à travers les réseaux des grands établissements), les fintechs sont de plus en plus positionnées sur de la distribution directe au client final (particuliers ou entreprises).
Ces coopérations et cette concurrence sont stimulantes pour les deux mondes et facteur d’innovation.
Actuellement, quels sont les sujets qui mobilisent France FinTech ?
La période étant très dense sur le plan réglementaire, nous restons bien évidemment mobilisés afin de représenter le secteur et de veiller à son intérêt. En parallèle, comme précédemment mentionnés, nous poursuivons nos efforts sur le volet recrutement et attractivité des talents afin de répondre à la forte demande de l’écosystème en profils et compétences.
Nous travaillons sur le développement de l’éducation financière, un domaine dans lequel la France accuse un retard par rapport à ses voisins européens et sur lequel nous avons alerté les pouvoirs publics. Enfin, nous restons engagés en faveur de la promotion de l’écosystème français dans le monde et de l’excellence de notre pays dans le domaine de l’innovation financière, ainsi qu’en faveur du développement de champions français et européens.
Et pour conclure ?
L’innovation financière est un secteur passionnant et créateur d’emplois qualifiés qui peut offrir à des diplômés de grandes écoles, comme Polytechnique, des perspectives de carrières très larges, mais également des aventures entrepreneuriales enrichissantes et épanouissantes. Le secteur a encore un très large potentiel en termes de créativité et d’innovation alors que la numérisation des services financiers se poursuit dans le monde entier. Avis aux intéressés ! N’hésitez pas à nous rejoindre !