Dfns facilite et sécurise l’accès aux actifs numériques
Dfns propose une infrastructure de wallets ou portefeuilles numériques sécurisés adossés à la blockchain qui ouvre de nouvelles perspectives au secteur financier et plus particulièrement le secteur bancaire. Clarisse Hagege, cofondatrice de Dfns, nous en dit plus sur la création de la start-up, son positionnement, son offre et ses perspectives de développement.
Comment est née l’idée de Dfns et pourquoi ?
Pendant un peu plus de 10 ans, j’ai évolué dans le monde de la banque d’investissement, notamment au sein de Goldman Sachs, Bank of America et Crédit Agricole CIB. Dans le cadre de ces expériences, j’ai très vite été convaincue que tous les métiers de la banque seraient fortement disruptés par la technologie de la blockchain. Néanmoins, les solutions disponibles sur le marché pour développer des cas d’usage autour de la blockchain s’adressaient exclusivement aux acteurs de la finance tels que les institutions financières, les fonds d’investissement, les gestionnaires d’actifs ou encore les fintechs. Il manquait, en effet, une solution de sécurisation d’actifs numériques permettant aux acteurs bancaires de construire leurs cas d’usage de manière scalable, sécurisée et compatible avec les contraintes de leurs fonctionnements actuels et des différents business modèles.
Cette conviction forte autour de la nécessité de déployer de la technologie blockchain au service des divers cas d’usage dans l’industrie financière, comme le paiement, la conservation ou encore la tokenisation d’actifs, a ainsi été à l’origine de la création de Dfns.
À partir de là, qu’est-ce que Dfns ?
Dfns est une plateforme de gestion d’actifs numériques qui permet à des acteurs du monde de la finance, au sens large, de développer des cas d’usage sur la blockchain de manière flexible, en toute sécurité et conformément avec la réglementation en vigueur.
Lancée en 2020, Dfns accompagne d’ores et déjà plus de 100 clients et a permis l’exécution de plus de trois milliards d’euros en transactions pour Coinbase, ABN AMRO, Zodia Custody, Fidelity, SpaceX, ScaleAI, FIFA, le gouvernement belge et bien plus encore. Notre solution technologique s’adresse à des banques qui souhaitent faire de la la conservation d’actifs numériques, développer leurs services de paiement, faire de la tokenisation d’actifs financiers, s’ouvrir au courtage de cryptomonnaies, ou bien sécuriser les transactions autour de cas d’usage comme l’identité décentralisée, la billetterie en ligne ou encore la digitalisation de passeports produit…
Plus particulièrement, Dfns est aussi ce qu’on appelle une infrastructure de wallet. Concrètement, de quoi s’agit-il ?
Un wallet ou un portefeuille d’actifs numériques est une forme de compte bancaire moderne adossé à la blockchain. Sans wallet, il n’est pas possible d’interagir ou d’utiliser la technologie de la blockchain. Par conséquent, l’un des enjeux stratégiques est de garantir la sécurisation du wallet, qui est, en quelque sorte, une porte d’entrée vers la blockchain. À partir de là, se pose alors la question de la confidentialité des données et de la mise en conformité par rapport aux réglementations de différents pays, mais aussi des coûts associés à son fonctionnement.
Dans l’univers de la blockchain, le wallet prend la forme d’une paire de clés publiques-privées, qui permet d’ouvrir et de fermer la blockchain, et donc d’envoyer et recevoir des messages ou des transactions enregistrées par la blockchain, mais aussi de générer des signatures digitales pour valider et sécuriser les messages ou les informations qui transitent via la blockchain, comme de vraies transactions financières. Ces messages ou transactions, pour le domaine bancaire, sont diffusés via un nœud qui permet d’inscrire un événement dans la blockchain, comme l’envoi d’un Bitcoin d’une adresse à une autre. Un wallet, c’est donc une clé et un nœud blockchain qui nous permettent d’envoyer des transactions financières aussi facilement qu’un email.
Aujourd’hui, Dfns met à disposition une infrastructure en SaaS qui inclut l’authentification, la gestion des accès et des identités, la gestion des règles programmatiques appliquées aux transactions, les notifications et les alertes du système, la gestion des objets critiques (utilisateur, wallet, transaction, etc.) ou encore l’outillage de développement (intégrations avec des services tiers, webhooks, etc.) qui peut aussi être déployée localement au sein des banques par exemple. Nous avons aussi développé en interne une expertise scientifique forte pour couvrir et gérer l’ensemble de la chaîne de valeur, des mathématiques au développement des algorithmes en passant par les environnements de stockage et de sécurisation des clés.
Vous ambitionnez aussi de rendre les actifs numériques plus accessibles en vous focalisant sur l’enjeu de l’infrastructure. Qu’en est-il ? Quels sont les enjeux dans ce cadre ?
Les cas d’usage déployés par les fintechs et les institutions financières en matière de blockchain ont principalement deux effets : la désintermédiation et l’optimisation des coûts.
Dans le secteur bancaire, pour un déploiement efficace de wallets blockchain, il y a principalement deux enjeux : la sécurité, car la blockchain a la particularité d’avoir une propriété d’irréversibilité, et la scalabilité de l’infrastructure pour développer des wallets destinés à être utilisés par des milliers, voire des millions de clients. Forts de ces constats, nous avons développé des compétences cryptographiques avancées et explorons de nombreuses pistes en matière de recherche et développement.
Nous avons ainsi recréé toutes nos librairies cryptographiques et sommes allés encore plus loin grâce à notre directeur scientifique, Dr.Jonathan Katz, qui est une référence en sciences cryptographiques. Nous avons ainsi développé un nouveau protocole de calcul multipartite sécurisé (“MPC” en anglais) qui nous permet de renforcer les propriétés de nos systèmes cryptographiques et de nos algorithmes.
En parallèle, dans le cadre du développement de notre produit et de notre infrastructure, nous avons pris en compte la dimension économique afin d’assurer un ROI intéressant à nos clients via un pricing modèle adapté.
La combinaison de ces éléments, qui est au cœur de la proposition de valeur de Dfns, va permettre aux secteurs bancaires, mais aussi aux fintechs du type néo-banques, de donner à des millions d’utilisateurs la possibilité de réaliser des transactions instantanées en ligne.
Il est par ailleurs important de souligner que la blockchain ne représente pas uniquement une révolution pour la finance, mais aussi pour les bases de données. Il s’agit en effet de développer de nouveaux systèmes de gestion de l’information et des architectures adaptées aux caractéristiques technologiques de la blockchain et son irréversibilité, afin d’introduire notamment un droit à l’erreur.
Selon vous, comment ce marché va-t-il évoluer ? Quelles perspectives peut-il offrir ?
La blockchain et les avancées technologiques, en la matière, vont permettre de répondre avec toujours plus de pertinence au besoin d’optimisation des coûts et des processus, de gain d’efficacité, de désintermédiation… Typiquement, sur des paiements internationaux, la blockchain peut garantir des transactions sécurisées en moins d’une seconde et coûtant moins d’un centime. Personne ne peut dire « non » à cette proposition de valeur. Les cas d’usage sont multiples et peuvent couvrir tous les domaines du monde des secteurs de la finance : la banque privée, l’épargne, la gestion passive, la tokenisation des contrats, des dettes, des titres et plus encore.
Le recours à la blockchain pose également des questions en termes d’évolution des métiers, notamment autour de la gestion de bases de données traditionnelles, dans un contexte où la technologie permet une validation automatisée, sécurisée et en toute confiance.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
À l’échelle européenne, Dfns est le seul acteur à avoir réussi à maîtriser la blockchain et les technologies connexes liées au déploiement de wallet. En parallèle, nous avons obtenu un certain nombre de certifications qui assurent la crédibilité de notre démarche et de notre offre notamment sur la dimension sécurité (SOC 2, ISO 27001, 27017, 27018, etc.) et réglementaires (DASP/PSAN license).
“À l’échelle européenne, Dfns est le seul acteur à avoir réussi à maîtriser la blockchain et les technologies connexes liées au déploiement de wallet.”
Aujourd’hui, un nombre croissant de grandes banques nous font confiance. Comme précédemment mentionné, nous avons déjà plus de 100 clients. Nous prévoyons de doubler de revenu d’ici la fin 2024, avec une très forte trajectoire de croissance en Europe et aux États-Unis, où nous suivons de près la réglementation qui a vocation à accepter et favoriser le déploiement de services tels que ceux proposés par Dfns.