Dfns facilite et sécurise l’accès aux actifs numériques

Dossier : Vie des entreprises, FintechMagazine N°798 Octobre 2024
Par Clarisse HAGEGE

Dfns pro­pose une infra­struc­ture de wal­lets ou por­te­feuilles numé­riques sécu­ri­sés ados­sés à la blo­ck­chain qui ouvre de nou­velles pers­pec­tives au sec­teur finan­cier et plus par­ti­cu­liè­re­ment le sec­teur ban­caire. Cla­risse Hagege, cofon­da­trice de Dfns, nous en dit plus sur la créa­tion de la start-up, son posi­tion­ne­ment, son offre et ses pers­pec­tives de développement.

Comment est née l’idée de Dfns et pourquoi ?

Pen­dant un peu plus de 10 ans, j’ai évo­lué dans le monde de la banque d’investissement, notam­ment au sein de Gold­man Sachs, Bank of Ame­ri­ca et Cré­dit Agri­cole CIB. Dans le cadre de ces expé­riences, j’ai très vite été convain­cue que tous les métiers de la banque seraient for­te­ment dis­rup­tés par la tech­no­lo­gie de la blo­ck­chain. Néan­moins, les solu­tions dis­po­nibles sur le mar­ché pour déve­lop­per des cas d’usage autour de la blo­ck­chain s’adressaient exclu­si­ve­ment aux acteurs de la finance tels que les ins­ti­tu­tions finan­cières, les fonds d’investissement, les ges­tion­naires d’actifs ou encore les fin­techs. Il man­quait, en effet, une solu­tion de sécu­ri­sa­tion d’actifs numé­riques per­met­tant aux acteurs ban­caires de construire leurs cas d’usage de manière sca­lable, sécu­ri­sée et com­pa­tible avec les contraintes de leurs fonc­tion­ne­ments actuels et des dif­fé­rents busi­ness modèles. 

Cette convic­tion forte autour de la néces­si­té de déployer de la tech­no­lo­gie blo­ck­chain au ser­vice des divers cas d’usage dans l’industrie finan­cière, comme le paie­ment, la conser­va­tion ou encore la toke­ni­sa­tion d’actifs, a ain­si été à l’origine de la créa­tion de Dfns. 

À partir de là, qu’est-ce que Dfns ? 

Dfns est une pla­te­forme de ges­tion d’actifs numé­riques qui per­met à des acteurs du monde de la finance, au sens large, de déve­lop­per des cas d’usage sur la blo­ck­chain de manière flexible, en toute sécu­ri­té et confor­mé­ment avec la régle­men­ta­tion en vigueur. 

Lan­cée en 2020, Dfns accom­pagne d’ores et déjà plus de 100 clients et a per­mis l’exécution de plus de trois mil­liards d’euros en tran­sac­tions pour Coin­base, ABN AMRO, Zodia Cus­to­dy, Fide­li­ty, Spa­ceX, Sca­leAI, FIFA, le gou­ver­ne­ment belge et bien plus encore. Notre solu­tion tech­no­lo­gique s’adresse à des banques qui sou­haitent faire de la la conser­va­tion d’actifs numé­riques, déve­lop­per leurs ser­vices de paie­ment, faire de la toke­ni­sa­tion d’actifs finan­ciers, s’ouvrir au cour­tage de cryp­to­mon­naies, ou bien sécu­ri­ser les tran­sac­tions autour de cas d’usage comme l’identité décen­tra­li­sée, la billet­te­rie en ligne ou encore la digi­ta­li­sa­tion de pas­se­ports produit…

Plus particulièrement, Dfns est aussi ce qu’on appelle une infrastructure de wallet. Concrètement, de quoi s’agit-il ?

Un wal­let ou un por­te­feuille d’actifs numé­riques est une forme de compte ban­caire moderne ados­sé à la blo­ck­chain. Sans wal­let, il n’est pas pos­sible d’interagir ou d’utiliser la tech­no­lo­gie de la blo­ck­chain. Par consé­quent, l’un des enjeux stra­té­giques est de garan­tir la sécu­ri­sa­tion du wal­let, qui est, en quelque sorte, une porte d’entrée vers la blo­ck­chain. À par­tir de là, se pose alors la ques­tion de la confi­den­tia­li­té des don­nées et de la mise en confor­mi­té par rap­port aux régle­men­ta­tions de dif­fé­rents pays, mais aus­si des coûts asso­ciés à son fonctionnement. 

Dans l’univers de la blo­ck­chain, le wal­let prend la forme d’une paire de clés publiques-pri­vées, qui per­met d’ouvrir et de fer­mer la blo­ck­chain, et donc d’envoyer et rece­voir des mes­sages ou des tran­sac­tions enre­gis­trées par la blo­ck­chain, mais aus­si de géné­rer des signa­tures digi­tales pour vali­der et sécu­ri­ser les mes­sages ou les infor­ma­tions qui tran­sitent via la blo­ck­chain, comme de vraies tran­sac­tions finan­cières. Ces mes­sages ou tran­sac­tions, pour le domaine ban­caire, sont dif­fu­sés via un nœud qui per­met d’inscrire un évé­ne­ment dans la blo­ck­chain, comme l’envoi d’un Bit­coin d’une adresse à une autre. Un wal­let, c’est donc une clé et un nœud blo­ck­chain qui nous per­mettent d’envoyer des tran­sac­tions finan­cières aus­si faci­le­ment qu’un email. 

Aujourd’hui, Dfns met à dis­po­si­tion une infra­struc­ture en SaaS qui inclut l’authentification, la ges­tion des accès et des iden­ti­tés, la ges­tion des règles pro­gram­ma­tiques appli­quées aux tran­sac­tions, les noti­fi­ca­tions et les alertes du sys­tème, la ges­tion des objets cri­tiques (uti­li­sa­teur, wal­let, tran­sac­tion, etc.) ou encore l’outillage de déve­lop­pe­ment (inté­gra­tions avec des ser­vices tiers, web­hooks, etc.) qui peut aus­si être déployée loca­le­ment au sein des banques par exemple. Nous avons aus­si déve­lop­pé en interne une exper­tise scien­ti­fique forte pour cou­vrir et gérer l’ensemble de la chaîne de valeur, des mathé­ma­tiques au déve­lop­pe­ment des algo­rithmes en pas­sant par les envi­ron­ne­ments de sto­ckage et de sécu­ri­sa­tion des clés.

Vous ambitionnez aussi de rendre les actifs numériques plus accessibles en vous focalisant sur l’enjeu de l’infrastructure. Qu’en est-il ? Quels sont les enjeux dans ce cadre ? 

Les cas d’usage déployés par les fin­techs et les ins­ti­tu­tions finan­cières en matière de blo­ck­chain ont prin­ci­pa­le­ment deux effets : la dés­in­ter­mé­dia­tion et l’optimisation des coûts.

Dans le sec­teur ban­caire, pour un déploie­ment effi­cace de wal­lets blo­ck­chain, il y a prin­ci­pa­le­ment deux enjeux : la sécu­ri­té, car la blo­ck­chain a la par­ti­cu­la­ri­té d’avoir une pro­prié­té d’irréversibilité, et la sca­la­bi­li­té de l’infrastructure pour déve­lop­per des wal­lets des­ti­nés à être uti­li­sés par des mil­liers, voire des mil­lions de clients. Forts de ces constats, nous avons déve­lop­pé des com­pé­tences cryp­to­gra­phiques avan­cées et explo­rons de nom­breuses pistes en matière de recherche et développement.

Nous avons ain­si recréé toutes nos librai­ries cryp­to­gra­phiques et sommes allés encore plus loin grâce à notre direc­teur scien­ti­fique, Dr.Jonathan Katz, qui est une réfé­rence en sciences cryp­to­gra­phiques. Nous avons ain­si déve­lop­pé un nou­veau pro­to­cole de cal­cul mul­ti­par­tite sécu­ri­sé (“MPC” en anglais) qui nous per­met de ren­for­cer les pro­prié­tés de nos sys­tèmes cryp­to­gra­phiques et de nos algorithmes.

En paral­lèle, dans le cadre du déve­lop­pe­ment de notre pro­duit et de notre infra­struc­ture, nous avons pris en compte la dimen­sion éco­no­mique afin d’assurer un ROI inté­res­sant à nos clients via un pri­cing modèle adap­té. 

La com­bi­nai­son de ces élé­ments, qui est au cœur de la pro­po­si­tion de valeur de Dfns, va per­mettre aux sec­teurs ban­caires, mais aus­si aux fin­techs du type néo-banques, de don­ner à des mil­lions d’utilisateurs la pos­si­bi­li­té de réa­li­ser des tran­sac­tions ins­tan­ta­nées en ligne.

Il est par ailleurs impor­tant de sou­li­gner que la blo­ck­chain ne repré­sente pas uni­que­ment une révo­lu­tion pour la finance, mais aus­si pour les bases de don­nées. Il s’agit en effet de déve­lop­per de nou­veaux sys­tèmes de ges­tion de l’information et des archi­tec­tures adap­tées aux carac­té­ris­tiques tech­no­lo­giques de la blo­ck­chain et son irré­ver­si­bi­li­té, afin d’introduire notam­ment un droit à l’erreur.

Selon vous, comment ce marché va-t-il évoluer ? Quelles perspectives peut-il offrir ?

La blo­ck­chain et les avan­cées tech­no­lo­giques, en la matière, vont per­mettre de répondre avec tou­jours plus de per­ti­nence au besoin d’optimisation des coûts et des pro­ces­sus, de gain d’efficacité, de dés­in­ter­mé­dia­tion… Typi­que­ment, sur des paie­ments inter­na­tio­naux, la blo­ck­chain peut garan­tir des tran­sac­tions sécu­ri­sées en moins d’une seconde et coû­tant moins d’un cen­time. Per­sonne ne peut dire « non » à cette pro­po­si­tion de valeur. Les cas d’usage sont mul­tiples et peuvent cou­vrir tous les domaines du monde des sec­teurs de la finance : la banque pri­vée, l’épargne, la ges­tion pas­sive, la toke­ni­sa­tion des contrats, des dettes, des titres et plus encore.

Le recours à la blo­ck­chain pose éga­le­ment des ques­tions en termes d’évolution des métiers, notam­ment autour de la ges­tion de bases de don­nées tra­di­tion­nelles, dans un contexte où la tech­no­lo­gie per­met une vali­da­tion auto­ma­ti­sée, sécu­ri­sée et en toute confiance. 

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

À l’échelle euro­péenne, Dfns est le seul acteur à avoir réus­si à maî­tri­ser la blo­ck­chain et les tech­no­lo­gies connexes liées au déploie­ment de wal­let. En paral­lèle, nous avons obte­nu un cer­tain nombre de cer­ti­fi­ca­tions qui assurent la cré­di­bi­li­té de notre démarche et de notre offre notam­ment sur la dimen­sion sécu­ri­té (SOC 2, ISO 27001, 27017, 27018, etc.) et régle­men­taires (DASP/PSAN license). 

“À l’échelle européenne, Dfns est le seul acteur à avoir réussi à maîtriser la blockchain et les technologies connexes liées au déploiement de wallet.”

Aujourd’hui, un nombre crois­sant de grandes banques nous font confiance. Comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, nous avons déjà plus de 100 clients. Nous pré­voyons de dou­bler de reve­nu d’ici la fin 2024, avec une très forte tra­jec­toire de crois­sance en Europe et aux États-Unis, où nous sui­vons de près la régle­men­ta­tion qui a voca­tion à accep­ter et favo­ri­ser le déploie­ment de ser­vices tels que ceux pro­po­sés par Dfns. 

Poster un commentaire