Vue aérienne des terminaux à conteneurs de Kwai Tsing à Hong Kong.

La France industrielle face à la reconfiguration de l’économie mondiale

Dossier : RéindustrialisationMagazine N°799 Novembre 2024
Par Mathilde LEMOINE

Les États-Unis, après les crises du début du siècle, ont réus­si une remon­tée éco­no­mique remar­quable, face à une Chine visant à l’hégémonie mon­diale. Ces évo­lu­tions se sont faites avec une redis­tri­bu­tion pro­fonde des flux d’échange mon­diaux. Mal­heu­reu­se­ment l’Europe, et la France en son sein, a été déclas­sée dans cette course mon­diale où elle joue un rôle de moins en moins impor­tant et sa stra­té­gie a été axée sur des mesures défen­sives. Il est indis­pen­sable qu’elle mette en œuvre une stra­té­gie de recon­quête, ce qui demande d’énormes inves­tis­se­ments et une vision claire des priorités.

Le XXIe siècle consti­tue un tour­nant géoé­co­no­mique. La suc­ces­sion des crises finan­cière, pan­dé­mique et éner­gé­tique ain­si que la guerre com­mer­ciale et tech­no­lo­gique sino-amé­ri­caine ont fon­da­men­ta­le­ment chan­gé les rela­tions éco­no­miques inter­na­tio­nales. Première­ment, les États-Unis ont appli­qué une stra­té­gie de « refla­tion » pour retrou­ver leur poids éco­no­mique des années 1980. Deuxiè­me­ment, la guerre com­mer­ciale et tech­no­lo­gique sino-amé­ri­caine a engen­dré une reconfigu­ration des échanges et accé­lé­ré le déve­lop­pe­ment de l’axe trans­pa­ci­fique. Troisième­ment, cette guerre d’un nou­veau type a déstruc­tu­ré le cadre mul­ti­la­té­ral des échanges. L’interventionnisme uni­la­té­ral s’est consi­dé­ra­ble­ment développé. 

Après la Chine, les États-Unis ont enga­gé une poli­tique indus­trielle ambi­tieuse avec le Chips Act et l’Infla­tion Reduc­tion Act (IRA), alors que l’Union euro­péenne voit ses forces pro­duc­tives mar­gi­na­li­sées dans les sec­teurs de pointe, asso­ciés à l’électronique, à l’informatique et aux tech­no­lo­gies com­pu­ta­tion­nelles. La poli­tique indus­trielle et com­mer­ciale ne se résume pas au regain des mesures pro­tec­tion­nistes et des sub­ven­tions. Elle s’articule chez nos par­te­naires avec une poli­tique éner­gé­tique et inter­na­tio­nale cohé­rente avec l’objectif d’indépendance technologique.

Le traumatisme américain

La grande crise finan­cière a été un trau­ma­tisme pour les Amé­ri­cains, tant sur le plan inté­rieur que sur le plan inter­na­tio­nal. Non seule­ment les stig­mates de la crise ont mis trop long­temps à être effa­cés, mais la Chine a paral­lè­le­ment connu une crois­sance à deux chiffres, ce qui l’a confor­tée dans sa course pour le lea­der­ship mon­dial. Après la crise de 2008, il a fal­lu treize tri­mestres pour que le PIB de l’économie amé­ri­caine retrouve son niveau d’avant crise. Quant au taux de chô­mage afro-amé­ri­cain, cité tant par le pré­sident de la Réserve fédé­rale que par Joe Biden comme un indi­ca­teur clé, il a mis dix ans à retrou­ver un niveau proche de celui de 2007.

En paral­lèle, la Chine a mis en œuvre en 2010 un plan de relance mas­sif. Sa crois­sance a été telle qu’elle a contri­bué à elle seule à 55 % de la crois­sance mon­diale durant les années qui ont sui­vi. De plus, lors de son dis­cours de réélec­tion à la tête du Par­ti com­mu­niste chi­nois en octobre 2017, Xi Jin­ping a célé­bré le lea­der­ship de la Chine dans le monde. Annon­çant que la Chine serait « un grand pays socia­liste moder­ni­sé » d’ici le milieu du XXIe siècle, le pré­sident chi­nois a mis en avant la crois­sance du PIB comme un des déter­mi­nants majeurs du lea­der­ship mon­dial de la Chine.

Le retour des États-Unis dans la croissance mondiale

Lors de son arri­vée au pou­voir, J. Biden a expri­mé qu’il ne vou­lait pas repro­duire les erreurs de son pré­dé­ces­seur en sous-esti­mant l’impact de la crise pan­dé­mique et en se lais­sant une nou­velle fois dis­tan­cer par la Chine. L’effet conju­gué de la poli­tique bud­gé­taire expansion­niste et d’une stra­té­gie moné­taire qui a évo­lué en août 2020 d’un ciblage d’inflation (Infla­tion Tar­ge­ting) à un ciblage d’inflation moyenne (AIT) a conduit à une « refla­tion » de l’économie amé­ri­caine. Non seule­ment les plans de relance votés par les démo­crates et les répu­bli­cains ont per­mis de dépas­ser le niveau de PIB que l’économie amé­ri­caine aurait connu sans pan­dé­mie, ce qui s’est tra­duit par une pro­duc­ti­vi­té dyna­mique ; mais encore le poids amé­ri­cain dans le PIB mon­dial a retrou­vé celui des années 1980, à savoir 25,4 %, alors que celui de l’Union euro­péenne a recu­lé de 29 % à 17 % durant la même période.

En 2023, la contri­bu­tion des États-Unis à la crois­sance a atteint 22 %, comme celle de l’Asie hors Chine. Il est impor­tant de com­prendre que cette stra­té­gie est un des piliers de la poli­tique indus­trielle, car l’investissement dépend du niveau de pro­duc­tion, qui lui-même dépend de la demande. Or l’analyse de la situa­tion euro­péenne montre que la fai­blesse de sa reprise résulte d’un moindre dyna­misme de la consom­ma­tion et de l’investissement. Depuis 2019, les sec­teurs indus­triels plus dépen­dants de la demande euro­péenne ont connu une plus forte baisse de leur pro­duc­tion et donc de l’investissement.


Guerre tarifaire États-Unis-Chine

Les droits de douane amé­ri­cains moyens sur 66,4 % des impor­ta­tions en pro­ve­nance de Chine ont pro­gres­si­ve­ment été rele­vés à 21 % en sep­tembre 2019 avant de modes­te­ment dimi­nuer à 19,3 % en février 2020, niveaux main­te­nus par l’administration Biden. Ils étaient de 3,1 % avant le déclen­che­ment de la guerre tari­faire de 2018. Les droits de douane chi­nois appli­qués à 58,3 % des impor­ta­tions en pro­ve­nance des États-Unis ont quant à eux crû de 8 % à 21,8 % en sep­tembre 2019 avant de légè­re­ment recu­ler à 21,1 %.

Durant cette même période, la Chine a bais­sé les droits de douane appli­qués en moyenne sur les impor­ta­tions en pro­ve­nance du reste du monde de 8 % à 6,5 %, alors que les États-Unis les ont aug­men­tés de 2,2 % à 3,0 %. En mai 2024, à la suite de l’analyse pré­vue dans le cadre de la sec­tion 301 du Trade Act de 1974, l’administration Biden a déci­dé d’augmenter cer­tains droits de douane de 25 % à 100 % sur près de 20 mil­liards de dol­lars de marchandises.


L’accélération de la régionalisation asiatique

La forte crois­sance de la demande amé­ri­caine et la guerre tari­faire sino-amé­ri­caine ont engen­dré une pro­gres­sion impres­sion­nante des flux trans­pa­ci­fiques, comme anti­ci­pé par les théo­ries du com­merce inter­na­tio­nal. Les impor­ta­tions amé­ri­caines d’Asie hors Chine ont crû de 60 % entre 2017 et 2023, pour dépas­ser celles en pro­ve­nance de Chine de 40 %, alors qu’elles étaient équi­va­lentes en 2017. Le Viêt­nam, l’Inde et la Thaï­lande expliquent à eux seuls la moi­tié de cette progression.

En 2023, les expor­ta­tions asia­tiques repré­sen­taient 34 % des expor­ta­tions mon­diales contre 26 % en 2003, alors que la part des expor­ta­tions mon­diales de l’Union euro­péenne a recu­lé de 39 % à 31 % durant la même période. Les pays de l’ASEAN sont deve­nus les pre­miers clients de la Chine devant l’Union euro­péenne et les États-Unis. Ce dyna­misme a été ampli­fié par le Par­te­na­riat éco­no­mique régio­nal glo­bal (RCEP) qui a fait de l’Asie une zone de libre-échange. Le com­merce intra­ré­gio­nal asia­tique repré­sente désor­mais 60 % du com­merce total de la région. La part des expor­ta­tions intra-Asie a atteint 25 % des expor­ta­tions mon­diales en 2023, alors que les expor­ta­tions intra-Union euro­péenne ne repré­sentent plus que 17 % des expor­ta­tions mondiales.

Le redéploiement hors Chine

En paral­lèle, la réforme de l’Alena en accord États-Unis-Mexique-Cana­da (AEUMC) a redon­né de la vigueur à cette zone com­mer­ciale. Le Mexique est deve­nu le pre­mier mar­ché d’importation des États-Unis en février 2023. Les inves­tis­se­ments directs étran­gers (IDE) montrent éga­le­ment un bas­cu­le­ment gra­duel des flux des États-Unis en direc­tion du Mexique, avec une contri­bu­tion amé­ri­caine pas­sant de 34 % à 42 % des IDE au Mexique entre 2017 et 2023.

Mais la recon­fi­gu­ra­tion des flux a aus­si tou­ché les pays d’Amérique latine, qui ont pro­fi­té du refroi­dis­se­ment des rela­tions sino-amé­ri­caines pour déve­lop­per leurs échanges avec la Chine. Leurs expor­ta­tions avec ce pays ont dou­blé alors que leurs ventes à l’Union euro­péenne et aux pays d’Asie du Sud-Est n’ont crû res­pec­ti­ve­ment que de 25 % depuis 2017.

La stra­té­gie com­mer­ciale de redé­ploie­ment vers l’Asie hors Chine a été par­ta­gée par trois pré­si­dents amé­ri­cains. B. Oba­ma vou­lait accroître la part des expor­ta­tions amé­ri­caines dans le PIB et contrer l’agressivité chi­noise par l’Accord de par­te­na­riat trans­pacifique ; D. Trump a enclen­ché une guerre tari­faire pour rééqui­li­brer les échanges sino-amé­ri­cains ; et J. Biden a pour­sui­vi cette poli­tique consen­suelle tant auprès des démo­crates que des répu­bli­cains en ren­for­çant les flux entre les États-Unis et les pays d’Asie du Sud-Est. Mais l’Union euro­péenne appa­raît décon­nec­tée de cette stra­té­gie. Elle a accru ses impor­ta­tions en pro­ve­nance de Chine plus for­te­ment que celles en pro­ve­nance du reste de l’Asie depuis 2017.

Une évolution probable

Pour l’instant, la régio­na­li­sa­tion et la stra­té­gie de sécu­ri­té éco­no­mique n’engendrent pas de logique de blocs, dans la mesure où les échanges entre les conti­nents conti­nuent de se déve­lop­per rapi­de­ment. De plus, l’émergence d’un nou­veau bloc com­mer­cial grâce à l’Accord de par­te­na­riat éco­no­mique consti­tue un relai de crois­sance. Mais l’existence d’un petit nombre de blocs com­mer­ciaux comme c’est le cas actuel­le­ment peut conduire les gou­ver­ne­ments à vou­loir exploi­ter un pou­voir de mono­pole (Krug­man). Cela est d’autant plus pro­bable que les poli­tiques indus­trielles chi­noises et amé­ri­caines ciblent des sec­teurs stra­té­giques qui condi­tionnent la puis­sance éco­no­mique, source de riva­li­té entre les blocs.

Investissement direct étranger, 
entrées nettes en pourcentage du PIB, 2022

L’Union européenne, grande absente de la reconfiguration

Si l’Union euro­péenne reste une puis­sance com­mer­ciale grâce à sa domi­na­tion au siècle der­nier dans des sec­teurs clés comme l’automobile, la phar­ma­cie et l’agroalimen­taire, elle est qua­si absente des sec­teurs clés du XXIe siècle asso­ciés à l’électronique, à l’informatique et aux tech­no­lo­gies com­pu­ta­tion­nelles. De plus, sa part mon­diale dans le dépôt des bre­vets a chu­té et elle doit faire face à une très forte concen­tra­tion des dépôts de bre­vets chi­nois dans les pro­duits infor­ma­tiques, élec­tro­niques et optiques. Ensuite, l’Union euro­péenne est en retard dans les inno­va­tions de rup­ture dans le sec­teur indus­triel (hydro­gène pour les trans­ports, bat­te­ries élec­triques pour les voi­tures, éoliennes en mer, recy­clage des métaux stra­té­giques, cal­cul quan­tique, nano­tech­no­lo­gies…). Enfin, son prin­ci­pal objec­tif en matière de poli­tique indus­trielle est la tran­si­tion éner­gé­tique, alors que celui des Amé­ri­cains est la maî­trise des tech­no­lo­gies sen­sibles, voire la domi­na­tion (T. Gomart et S. Jean, Études de l’Ifri, 2023).

“L’Union européenne et la France sont isolées.”

N’ayant pas mis en place de poli­tique de déve­lop­pe­ment de ses rela­tions avec l’Asie régio­na­li­sée et n’ayant pas le même objec­tif de poli­tique indus­trielle que ses par­te­naires, l’Union euro­péenne et la France sont iso­lées dans la conduite de leur poli­tique indus­trielle et voient leur pou­voir de mar­ché s’affaiblir dans la plu­part des secteurs.

Des handicaps majeurs

L’Union euro­péenne a actua­li­sé son arse­nal protec­tionniste, car non seule­ment cela fait consen­sus, mais encore la poli­tique com­mer­ciale est com­mu­nau­taire. Tou­te­fois, la poli­tique indus­trielle doit s’articuler avec les stra­té­gies inter­na­tio­nales afin de don­ner de la visi­bi­li­té aux chefs d’entreprise, préa­lable indis­pen­sable à l’investissement. La poli­tique indus­trielle doit éga­le­ment être cohé­rente avec la poli­tique éner­gé­tique. En effet, l’énergie est un déter­mi­nant essen­tiel de la com­pé­ti­ti­vi­té de court terme et a for­tio­ri de long terme. Or non seule­ment l’Union euro­péenne se carac­té­rise par une forte dépen­dance aux impor­ta­tions éner­gé­tiques, mais en outre les entre­prises fran­çaises sont uti­li­sa­trices de gaz. Les consé­quences de la crise éner­gé­tique sont clai­re­ment sous-estimées.

À court terme, les entre­prises ont réduit leurs inves­tis­se­ments, dimi­nué leur pro­duc­tion et le taux d’utilisation des capa­ci­tés de pro­duc­tion, ce qui a engen­dré une sous-uti­li­sa­tion du capi­tal. La pro­duc­ti­vi­té a chu­té, les intrants res­tant fixes. Les entre­prises auraient pu pri­vi­lé­gier l’utilisation du capi­tal le plus effi­cient et se tour­ner vers des inputs moins sales. Mal­heu­reu­se­ment, l’incertitude quant à l’évolution des prix de l’énergie conduit les entre­pre­neurs à retar­der les inves­tis­se­ments vers les inputs moins émet­teurs de CO2, ce qui engendre un recul de la productivité.

Le besoin d’investissement

Le pro­blème est que cette crise éner­gé­tique ampli­fie un han­di­cap majeur de la plu­part des pays euro­péens y com­pris de la France, à savoir un stock de capi­tal vieillis­sant qui ralen­tit la dif­fu­sion des inno­va­tions et limite la capa­ci­té des entre­prises à inves­tir. La suc­ces­sion de crises aux­quelles l’Europe a dû faire face a pesé sur l’investissement tant public que pri­vé. Cela a ralen­ti le rythme d’accumulation de capi­tal et réduit sa pro­duc­ti­vi­té. De plus, contrai­re­ment aux gou­ver­ne­ments amé­ri­cains répu­bli­cains comme démo­crates, les États membres de l’UE n’ont que peu recours à l’amortissement accé­lé­ré, car ils consi­dèrent que l’investissement dépend sur­tout de la demande, qui est beau­coup moins dyna­mique qu’outre-Atlantique.

Au cours de la der­nière décen­nie, l’investis­sement a crû de 4,6 % aux États-Unis, contre 1,5 % en zone euro. En 2023, le stock net de capi­tal était supé­rieur aux États-Unis de 30 % par rap­port à celui de la zone euro, contre 13 % en 2010 selon nos cal­culs. Il en résulte une inten­si­té capi­ta­lis­tique, mesu­rée par le stock net de capi­tal net par employé, supé­rieure de 31 % aux États-Unis. Ces fon­da­men­taux macroé­co­no­miques très dif­fé­rents par­ti­cipent éga­le­ment de la recon­fi­gu­ra­tion des flux éco­no­miques inter­na­tio­naux et doivent être inté­grés dans la défi­ni­tion d’une nou­velle poli­tique industrielle.


Le stock de capital

Le stock de capi­tal, qui englobe la valeur de tous les actifs fixes uti­li­sés dans le pro­ces­sus de pro­duc­tion de plus d’un an, four­nit une indi­ca­tion impor­tante de la richesse glo­bale à un moment don­né. Le terme « net » fait réfé­rence à la prise en compte de la dépré­cia­tion des actifs. Le stock net de capi­tal est la valeur des actifs après avoir sous­trait la dépré­cia­tion accumulée.


L’exemple à suivre

Xi Jin­ping a pris comme réfé­rence le déclas­se­ment de l’industrie euro­péenne pour jus­ti­fier sa poli­tique indus­trielle, source d’emploi, d’innovations et de crois­sance. Tou­te­fois, l’importance des sou­tiens chi­nois et amé­ri­cains à l’industrie a une nou­velle ambi­tion, celle de la domi­na­tion et de l’indépendance tech­no­lo­gique, dans un contexte d’affaiblissement du mul­ti­la­té­ra­lisme et de régio­na­li­sa­tion asia­tique. Le nou­vel ordre écono­mique mon­dial ne peut pas se résu­mer au regain des mesures pro­tec­tion­nistes et des sub­ven­tions. Les États-Unis ont en paral­lèle une poli­tique d’expansion éco­no­mique en Asie et au sein de l’accord États-Unis-Mexique-Cana­da. De plus, ils pro­posent des par­te­na­riats d’un nou­veau type avec de petits groupes de pays pour sécu­ri­ser leurs appro­vi­sion­ne­ments et leurs chaînes de valeur. L’Asie, quant à elle, se déve­loppe rapi­de­ment grâce à l’Accord de par­te­na­riat éco­no­mique régional.

Les énormes efforts à fournir

Face à ces stra­té­gies pro­téi­formes, l’Union euro­péenne paraît empê­trée dans sa nou­velle poli­tique com­mer­ciale qui res­semble plus à un repli sur soi qu’à un régio­na­lisme ouvert. Si elle est fon­dée sur le concept d’« auto­no­mie stra­té­gique ouverte », elle met l’accent sur la défense de ses inté­rêts ain­si que sur ses choix de poli­tique inté­rieure comme les trans­for­ma­tions éco­lo­giques et numé­riques. De plus, la mul­ti­pli­ca­tion des objec­tifs affi­chés par les États membres de l’Union euro­péenne en matière indus­trielle rend com­plexe leur atteinte, quand nos par­te­naires com­mer­ciaux concentrent leurs efforts. Enfin, la faible ren­ta­bi­li­té du capi­tal euro­péen due à un sous-inves­tis­se­ment chro­nique hypo­thèque l’impact posi­tif atten­du de mesures de poli­tique indus­trielle trop ciblées. La réin­dus­tria­li­sa­tion a aus­si besoin d’un stock de capi­tal par tra­vailleur rajeu­ni, d’un niveau moyen de com­pé­tences et d’une meilleure arti­cu­la­tion entre les poli­tiques éner­gé­tique, indus­trielle et com­mer­ciale pour être par­tie pre­nante dans la recon­fi­gu­ra­tion des flux mondiaux.

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