Institut Carnot MERS

L’Institut Carnot MERS : des actions concrètes en faveur d’un secteur maritime plus durable et responsable

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Jean-Marc DANIEL

Jean-Marc Daniel, Direc­teur de l’Institut Car­not MERS, nous pré­sente cet ins­ti­tut à la croi­sée de la recherche aca­dé­mique et des indus­triels. Il revient sur sa struc­ture, son péri­mètre d’action, ses enjeux et les prin­ci­paux chan­tiers qui le mobi­lisent aujourd’hui. Rencontre.

Présentez-nous l’institut Carnot MERS. 

Les océans régulent le cli­mat. Ils sont aus­si une source d’emplois, de nour­ri­ture, d’énergie et sont éga­le­ment des voies de trans­port. Par­tout dans le monde, d’une manière ou d’une autre, nos socié­tés adossent leur exis­tence aux océans. Face à ces constats, nos acti­vi­tés éco­no­miques doivent être pen­sées de manière durable et déris­quées aus­si bien pour l’Homme que les éco­sys­tèmes marins. 

Dans cette démarche, la recherche scien­ti­fique est indis­pen­sable pour rele­ver ce défi. En effet, la recherche et l’innovation ont voca­tion à nous don­ner les clés et les moyens pour garan­tir l’équilibre entre les acti­vi­tés éco­no­miques mari­times et la pré­ser­va­tion des res­sources marines. 

L’Institut Car­not MERS, Marine Engi­nee­ring Research for Smart, Sus­tai­nable and Safe Seas, œuvre en ce sens en capi­ta­li­sant sur son réseau d’excellence de labo­ra­toires et de cher­cheurs qui col­la­borent avec les entre­prises, de toute taille, de la start-up au grand groupe. L’Institut Car­not MERS s’appuie, en effet, sur un par­te­na­riat unique entre l’Ifremer et l’École Cen­trale de Nantes, sou­te­nu par l’Université Bre­tagne Ouest (UBO), l’Université Bre­tagne Sud (UBS) et le CNRS.

Son péri­mètre d’action s’inscrit dans la conti­nui­té de ceux des autres ins­ti­tuts Car­not qui ont voca­tion à sti­mu­ler des inter­ac­tions entre le monde de la recherche et les entre­prises en valo­ri­sant ou en boni­fiant les tra­vaux de recherche col­la­bo­ra­tive et contrac­tuelles entre les indus­triels et le monde académique. 

En ce sens, notre objec­tif est de cata­ly­ser l’excellence de la recherche pour accom­pa­gner les entre­prises de l’industrie mari­time dans les grands défis de demain et appor­ter des solu­tions aux enjeux socié­taux actuels. Pour y répondre, nous nous appuyons sur 9 uni­tés de recherche pré­sentes sur l’ensemble des façades mari­times françaises. 

Quel est le périmètre d’action de votre institut ? 

Nous tra­vaillons sur une mul­ti­tude de sujets, tous reliés au domaine de l’économie bleue, de la com­pré­hen­sion des condi­tions océa­niques à l’optimisation des sys­tèmes éner­gé­tiques marins en pas­sant par la pêche et l’aquaculture, ou encore la décar­bo­na­tion des trans­ports maritimes. 

Dans cette démarche, nous avons iden­ti­fié trois axes prio­ri­taires. Tout d’abord, la dura­bi­li­té. Nous tra­vaillons notam­ment sur la résis­tance des struc­tures en mer, les maté­riaux inno­vants, la réduc­tion de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale et car­bone en mer et dans les océans… Le second axe vise à déve­lop­per une connais­sance appro­fon­die des fonds marins afin de déris­quer les pro­jets marins ou en mer. En effet, le milieu marin reste un envi­ron­ne­ment agres­sif et dan­ge­reux, qu’il faut bien connaître pour pou­voir déve­lop­per des acti­vi­tés et en assu­rer la péren­ni­té. Enfin, le troi­sième axe tourne autour de la trans­for­ma­tion digi­tale de l’industrie de la mer et de l’économie bleue. Cela passe par la numé­ri­sa­tion des infra­struc­tures, la modé­li­sa­tion, la data, le recours à l’IA… Aujourd’hui, l’ambition de notre ins­ti­tut est de regrou­per l’ensemble de ses forces, afin d’être en mesure de cou­vrir l’ensemble de ces sujets et pro­blé­ma­tiques struc­tu­rant pour les entreprises. 

Dans cette continuité, quels sont les défis que l’Institut Carnot MERS cherche à appréhender au travers de ses recherches et de ses partenariats avec les industriels ?

Nous tra­vaillons bien évi­dem­ment sur la réduc­tion de l’impact envi­ron­ne­men­tal des struc­tures marines. Dans une logique de dura­bi­li­té, nous avons des pro­jets autour du déve­lop­pe­ment de maté­riaux durables et résis­tants et la sécu­ri­sa­tion des don­nées mari­times. Ces ini­tia­tives visent à favo­ri­ser une meilleure inclu­sion de nos socié­tés dans les éco­sys­tèmes marins, tout en rédui­sant les coûts et l’empreinte envi­ron­ne­men­tale des acti­vi­tés maritimes.

Au-delà, la connais­sance des éco­sys­tèmes marins reste un fil conduc­teur de nos recherches. C’est, en effet, une brique essen­tielle, qui doit per­mettre aux indus­triels de garan­tir le bon fonc­tion­ne­ment de leurs ins­tal­la­tions. Pour opti­mi­ser le coût de l’observation, nous misons sur le déploie­ment de robots auto­nomes en mer, ce qui per­met, d’ailleurs, d’éviter d’envoyer des bateaux en mer, rédui­sant, in fine, notre impact sur les océans et la mer. Les tra­vaux autour de la robo­ti­sa­tion sont notam­ment por­tés par un labo­ra­toire qui regroupe l’École Cen­trale de Nantes, le CNRS, l’université de Nantes, ain­si qu’un cer­tain nombre de labo­ra­toires d’Ifremer, dont l’unité Recherche et Déve­lop­pe­ment Technologique. 

En paral­lèle, nous tra­vaillons sur la com­pré­hen­sion et la for­mu­la­tion de nou­veaux maté­riaux à déployer en mer avec un focus sur le béton et les maté­riaux com­po­sites… Dans cette démarche, nous ana­ly­sons la dura­bi­li­té des maté­riaux, leurs carac­té­ris­tiques méca­niques face aux sol­li­ci­ta­tions par­ti­cu­lières du milieu marin, le vieillis­se­ment des maté­riaux, sous l’effet de la chi­mie de l’eau de mer et la com­po­si­tion bio­lo­gique du milieu marin… 

En capi­ta­li­sant sur les com­pé­tences d’Ifremer, de l’École Cen­trale de Nantes et de l’Université de Nantes, nous tra­vaillons aus­si sur les éner­gies marines renou­ve­lables. L’accélération de leur déploie­ment dans les eaux fran­çaises ouvre de nou­velles pistes de recherche pour notre institut.

Vous avez, par ailleurs, créé le réseau des Carnots pour l’Économie Bleue. Dites-nous en plus. 

En miroir de la filière des indus­triels de la mer, rat­ta­chée au minis­tère de l’Économie, au sein du réseau des Ins­ti­tuts Car­not, nous avons sou­hai­té créer une alliance des Car­not pour l’économie bleue. L’institut Car­not MERS est le chef de file de cette démarche et s’appuie sur d’autres ins­ti­tuts Car­not qui sou­haitent gagner en visi­bi­li­té au niveau de la filière de la mer. 

On peut notam­ment citer l’Institut Car­not ARTS, incluant 23 labo­ra­toires de recherche et d’innovation por­tés par 22 éta­blis­se­ments dont l’ENSTA ou encore l’Université de Bre­tagne Sud et qui mènent de nom­breuses actions en lien avec les défis que j’ai pré­cé­dem­ment men­tion­nés, dont ceux rela­tifs aux maté­riaux.

On retrouve aus­si le Car­not Éner­gie du Futur qui tra­vaille notam­ment sur les éner­gies marines renou­ve­lables, ain­si que le Car­not Éner­gie & Sys­tème de Pro­pul­sion basé dans la région Nor­man­die… Ensemble, nous tra­vaillons sur des sujets rele­vant de l’industrie de la mer, des acti­vi­tés mari­times, de la décar­bo­na­tion du sec­teur… L’idée est aus­si d’être iden­ti­fié comme un point d’accès pri­vi­lé­gié pour les indus­triels de la filière mer en France. 

Qu’en est-il de la relabellisation du Carnot MERS et de sa nouvelle offre de service ? 

L’idée de cette démarche est de s’assurer que l’offre du Car­not MERS en termes de recherche contrac­tuelle auprès des entre­prises est tou­jours per­ti­nente et en cohé­rence avec leurs besoins et leurs attentes. Avec le sou­tien d’un cabi­net exté­rieur, nous avons rééva­lué nos ambi­tions défi­nies il y a main­te­nant 5 ans. Nous avons été confor­tés dans la per­ti­nence des direc­tions que nous nous étions fixées et avons iden­ti­fié les sujets qui néces­sitent une mon­tée en puis­sance. Par­mi ceux-ci, on retrouve la modé­li­sa­tion numé­rique de l’océan et l’intelligence arti­fi­cielle appli­quée aux ques­tions de repré­sen­ta­tion de l’océan et des infrastructures.

Quelles sont vos perspectives ?

Nous sommes un acteur ori­gi­nal dans le monde de l’ingénierie. Nous avons la capa­ci­té à pro­po­ser des pro­jets de recherche contrac­tuelle à la croi­sée de l’innovation tech­no­lo­gique et des notions d’impact, mais aus­si à mobi­li­ser les meilleures com­pé­tences et équipes. Au sein du réseau des Car­not, nous appor­tons des com­pé­tences com­plé­men­taires qui viennent com­plé­ter celles des autres ins­ti­tuts, dans une logique de mutua­li­sa­tion et de valo­ri­sa­tion vertueuse. 

Nous sommes déter­mi­nés à res­ter à l’avant-garde de l’innovation mari­time et à rele­ver les défis com­plexes qui attendent le monde mari­time. Grâce à nos par­te­na­riats stra­té­giques et à notre exper­tise diver­si­fiée, ain­si que nos pro­jets de recherche, nous sommes convain­cus de pou­voir contri­buer signi­fi­ca­ti­ve­ment à un sec­teur mari­time plus durable et responsable. 

Institut carnot mers

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