SOPHT accélère la décarbonation de l’IT !

SOPHT accélère la décarbonation de l’IT !

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Julien ROUZÉ

Res­pon­sable d’une part impor­tante et crois­sante des gaz à effet de serre, la décar­bo­na­tion du numé­rique repré­sente aujourd’hui un enjeu clé. SOPHT s’attaque à cette pro­blé­ma­tique en met­tant à la dis­po­si­tion des entre­prises et de leur DSI des solu­tions pour ana­ly­ser, pilo­ter et réduire l’impact envi­ron­ne­men­tal de leur acti­vi­té numé­rique. Expli­ca­tion de Julien Rou­zé, cofon­da­teur de la start-up.

Quels sont les défis que pose la décarbonation de l’IT ?

Le numé­rique est le fac­teur d’impact sur l’environnement qui aug­mente le plus vite depuis quelques années. Aujourd’hui, on estime que le numé­rique repré­sente envi­ron 4 % des émis­sions de gaz à effet de serre au niveau glo­bal. D’après le Shift Pro­ject, si la ten­dance se pour­suit, le sec­teur devrait émettre près de 10 % des émis­sions, ce qui est équi­valent à l’empreinte de l’industrie auto­mo­bile et clas­se­rait le sec­teur, der­rière la Chine et les États-Unis, si c’était un pays ! 

Un des principaux défis de nos sociétés est donc d’essayer d’inverser cette dynamique et de freiner, in fine, l’explosion des usages numériques tous azimuts !

Dans cette démarche, il s’agit aus­si de cas­ser cer­taines idées pré­con­çues. Pen­dant très long­temps, le digi­tal a été pré­sen­té comme quelque chose d’immatériel qui n’avait pas d’impact sur la pla­nète. Or, la réa­li­té est tout autre. Pre­nons un exemple. Un smart­phone, c’est des tonnes de terres rares exca­vées et trai­tées chi­mi­que­ment avec des volumes consi­dé­rables d’eau entraî­nant un véri­table stress hydrique autour de l’industrie numé­rique. Ces télé­phones sont ensuite pro­duits en Asie, géné­ra­le­ment en Chine, avant d’être expor­tés vers les pays occi­den­taux. Si cette pol­lu­tion est plus dif­fi­cile à maté­ria­li­ser que les émis­sions d’une voi­ture ou la fumée qui s’échappe des che­mi­nées des usines, elle est pour­tant bien réelle !

Quel est le niveau de maturité des entreprises ? Quels sont, selon vous, les freins à une pleine conscience et prise en main de ce sujet ?

Sur les 5 à 10 der­nières années, le niveau de matu­ri­té a for­te­ment aug­men­té. De plus en plus d’entreprises déploient des dis­po­si­tifs comme la fresque du numé­rique, se dotent d’un Green IT Mana­ger ou d’un Sus­tai­nable IT Mana­ger, qui est direc­te­ment rat­ta­ché à la DSI et qui est donc à la croi­sée des enjeux de dura­bi­li­té et de la poli­tique RSE des entre­prises. Sa mis­sion prin­ci­pale est de com­prendre, mesu­rer, pilo­ter et réduire l’empreinte envi­ron­ne­men­tale du numé­rique de l’entreprise. En paral­lèle, il y a éga­le­ment un cadre régle­men­taire qui est en train de se struc­tu­rer et qui a voca­tion à insuf­fler une dyna­mique ver­tueuse en matière de décar­bo­na­tion. On peut notam­ment citer la CSRD qui oblige les entre­prises à réa­li­ser un repor­ting extra-finan­cier, qui va notam­ment docu­men­ter l’empreinte environnementale.

Dans ce contexte, quel est le positionnement de votre entreprise ?

SOPHT adresse le seg­ment des grandes entre­prises et des ETI. En effet, nous pen­sons que, pour outiller sa démarche de réduc­tion de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale du numé­rique, il faut une taille cri­tique au sein de la DSI. Néan­moins, les PME s’engagent éga­le­ment dans cette démarche visant à décar­bo­ner l’IT.

Aujourd’hui, nous tra­vaillons ain­si avec des banques, des assu­rances, des entre­prises de ser­vices, mais éga­le­ment, à notre grande sur­prise, des acteurs de l’industrie, notam­ment manu­fac­tu­rière. En effet, l’empreinte car­bone de leur IT repré­sente moins de 5 % en moyenne contre 30 à 40 % pour une entre­prise du monde des services !

Concrè­te­ment, SOPHT a vu le jour en décembre 2021. Aujourd’hui, nous sommes une tren­taine de per­sonnes essen­tiel­le­ment basées à Paris et Lyon. Nous sommes cer­ti­fiés B‑CORP et Solar Impulse – Effi­cient Solution.

Comment se matérialise votre accompagnement ?

SOPHT est un édi­teur de logi­ciels et de solu­tions que nous met­tons à la dis­po­si­tion des entre­prises et de leurs DSI plus par­ti­cu­liè­re­ment. Nos solu­tions indus­tria­lisent et auto­ma­tisent la col­lecte et l’agrégation de la don­née néces­saire à la quan­ti­fi­ca­tion et la qua­li­fi­ca­tion de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale à tous les niveaux de l’organisation en s’interfaçant avec l’ensemble des outils de l’entreprise. À par­tir de là, nous trans­for­mons cette don­née d’activité en don­nées envi­ron­ne­men­tales afin d’offrir à l’entreprise une obser­va­bi­li­té à 360° de son empreinte et d’identifier les leviers d’action les plus per­ti­nents pour réduire son impact.

Pour ini­tier une démarche de conduite de chan­ge­ment, nous allons accom­pa­gner les entre­prises dans la struc­tu­ra­tion de leur tra­jec­toire de décar­bo­na­tion en pre­nant en compte leur pro­fil, leur acti­vi­té et l’analyse de leurs don­nées. L’enjeu est d’éclairer leurs déci­sions pour acti­ver les bons leviers et obte­nir des gains avé­rés. C’est, par exemple, dépla­cer son cloud de l’Allemagne à la France, qui a une éner­gie élec­trique plus décar­bo­née que son voi­sin alle­mand. Dans cette démarche, nous met­tons à leur dis­po­si­tion des outils, dont des simu­la­teurs, afin de pou­voir étu­dier plu­sieurs scé­na­rios et trou­ver le plan d’action le plus effi­cient. Il s’agit aus­si d’aider les entre­prises à se fixer des objec­tifs en matière de décar­bo­na­tion, mais éga­le­ment sur un plan financier.

« Nous accompagnons les entreprises dans la structuration de leur trajectoire de décarbonation en prenant en compte leur profil. »

Nous cou­vrons véri­ta­ble­ment toute la chaîne de valeur : le diag­nos­tic, l’élaboration du plan d’action ados­sé à des objec­tifs, le pilo­tage et le sui­vi dans la durée afin d’accompagner cette démarche de décar­bo­na­tion au tra­vers de nos cus­to­mer suc­cess mana­gers ou nos par­te­naires (inté­gra­teurs et cabi­nets de conseil). En moyenne, nos clients atteignent très rapi­de­ment des taux de décar­bo­na­tion de 30 à 40 % par rap­port à l’évaluation ini­tiale de leur empreinte envi­ron­ne­men­tale. Dans cette démarche, nous arri­vons à simu­ler des taux de décar­bo­na­tion com­pris entre 30 et 40 % par rap­port à l’évaluation ini­tiale de leur empreinte environnementale.

Au-delà, nous nouons aus­si des par­te­na­riats avec les cabi­nets de conseil qui accom­pagnent les entre­prises autour de ces sujets de décar­bo­na­tion en nous posi­tion­nant comme un four­nis­seur de solutions.

SOPHT 
accélère la décarbonation de l’IT !

Pouvez-vous nous partager des cas d’usage ?

Un cas d’usage emblé­ma­tique est le pilo­tage de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale du parc appli­ca­tif des entre­prises. Aujourd’hui, les entre­prises déve­loppent et pro­duisent des volumes consi­dé­rables d’applications pour leur usage interne et au ser­vice de leurs clients. C’est, par exemple, l’application de votre banque, de votre assu­rance ou encore de votre opé­ra­teur téléphonique.

De plus en plus d’entreprises nous demandent de mesu­rer l’impact de ces appli­ca­tions de bout en bout, depuis le télé­phone du consom­ma­teur en pas­sant par le réseau jusqu’au data cen­ter où sont héber­gées les don­nées. Dans cette démarche, nous avons mis au point une grille de sco­ring pour pou­voir com­pa­rer les appli­ca­tions entre elles et iden­ti­fier les leviers d’amélioration. Jusque-là, ces appli­ca­tions étaient éva­luées au regard de leur per­for­mance et de leur coût, aujourd’hui, elles le sont aus­si au tra­vers du prisme environnemental.

Aujourd’hui, quelles sont les pistes que vous explorez ?

Nous tra­vaillons sur plu­sieurs axes. On peut notam­ment citer le gas­pillage qui est un puis­sant levier d’optimisation qui n’est pas assez consi­dé­ré, à notre sens. En paral­lèle, nous sommes for­te­ment enga­gés en faveur de la démo­cra­ti­sa­tion et de la com­pré­hen­sion des enjeux de la pol­lu­tion numé­rique. Aujourd’hui, la DSI se concentre essen­tiel­le­ment sur 3 cri­tères : la sécu­ri­té, la per­for­mance et le bud­get. L’enjeu est qu’elles intègrent la dimen­sion envi­ron­ne­men­tale comme le 4e enjeu qui doit les mobi­li­ser au quo­ti­dien. Au-delà, nous aidons éga­le­ment les entre­prises à conci­lier avan­cée tech­no­lo­gique et conscience éco­lo­gique dans un contexte mar­qué par une accé­lé­ra­tion du déploie­ment de l’IA géné­ra­tive. Nous essayons de les accom­pa­gner dans une consom­ma­tion plus sobre et fru­gale de ces technologies.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

SOPHT s’inscrit dans un modèle de start-up et des ambi­tions très fortes de déve­lop­pe­ment sur ce mar­ché encore rela­ti­ve­ment émergent. Sur les trois pro­chaines années, notre objec­tif est de tri­pler notre chiffre d’affaires chaque année. Nous accé­lé­rons les recru­te­ments et visons une équipe d’une qua­ran­taine de per­sonnes d’ici fin 2025. Par ailleurs, nous avons lan­cé notre déploie­ment à l’international avec un focus sur l’Europe. Nous avons déjà nos pre­miers clients en Hol­lande, notamment.

Pour conclure, quels sont les efforts qu’il nous faut encore fournir pour que le Green IT soit un levier efficace de la décarbonation ?

La régle­men­ta­tion a un rôle clé à jouer dans ce cadre, même si les entre­prises gagnent en matu­ri­té et que la prise de conscience col­lec­tive semble plus mar­quée. Nous sommes aus­si face à un véri­table chan­ge­ment de culture et de nos modes de consom­ma­tion afin d’aller vers plus de sobrié­té et de fru­ga­li­té. Il faut accom­pa­gner cette ten­dance avec beau­coup de pédagogie.

Au-delà, il est impor­tant que ces sujets et ces enjeux soient abor­dés avec plus de trans­pa­rence. Aujourd’hui, nous enten­dons beau­coup par­ler des cloud ser­vices pro­vi­ders et de leurs data cen­ters qui arti­fi­cia­lisent les sols, uti­lisent des volumes gigan­tesques d’eau et d’électricité. Il en est de même pour les fabri­cants de maté­riel qui ne sont pas très trans­pa­rents sur leurs don­nées. Cette opa­ci­té com­plexi­fie la col­lecte de la don­née et son inter­pré­ta­tion qui sont pour­tant néces­saires pour déter­mi­ner les bons leviers à action­ner pour une décar­bo­na­tion effi­ciente de l’IT. 

Poster un commentaire