Accenta propose une solution énergétique permettant de réduire l'empreinte thermiques des bâtiments

La start-up qui décarbone et révolutionne la fonction thermique des bâtiments

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Jacques RIPOLL (X86)

De la finance aux éner­gies renou­ve­lables, Jacques Ripoll (X86), asso­cié gérant au sein du Groupe EREN, accom­pagne les entre­prises à même de déployer à grande échelle des solu­tions per­met­tant de décar­bo­ner notre éco­no­mie et de réduire nos émis­sions de CO2. Il occupe ain­si aujourd’hui les fonc­tions de Direc­teur Géné­ral au sein d’Accenta, une entre­prise qui pro­pose une solu­tion inédite pour chauf­fer et cli­ma­ti­ser les bâti­ments en capi­ta­li­sant sur les atouts natu­rels du sous-sol. Explications.

Le Groupe EREN est connu pour ses activités historiques dans les ENR. Mais qu’en est-il de ses métiers aujourd’hui ?

L’ADN du Groupe est res­té le même, et se résume bien à tra­vers la signi­fi­ca­tion de son acro­nyme : Eco­no­mies des Res­sources Natu­relles. La ces­sion à Tota­lE­ner­gies de nos acti­vi­tés ENR en a chan­gé les poids, mais n’a pas fon­da­men­ta­le­ment modi­fié nos trois hori­zon­tales : éco­no­mies d’énergie, pro­duc­tion d’énergies renou­ve­lables et enfin sto­ckage de l’énergie. Nous décli­nons prin­ci­pa­le­ment cette démarche sur quatre ver­ti­cales : l’hydrogène, les bio-car­bu­rants, les petits réac­teurs nucléaires et l’énergie ther­mique. Par ailleurs, au-delà de l’énergie, nous sommes his­to­ri­que­ment actifs dans le domaine du sport et des loi­sirs, avec bien sûr l’Académie et les centres de ten­nis Mou­ra­to­glou dans le monde, les parcs de tram­po­line Jump ou encore les tour­nois de ten­nis au for­mat UTS …

Comment choisissez-vous les projets que vous allez accompagner ?

La répu­ta­tion du Groupe et de son fon­da­teur Pâris Mou­ra­to­glou est telle que beau­coup d’entrepreneurs nous sol­li­citent de manière spon­ta­née. Dans ce cadre, notre objec­tif est néan­moins de res­ter concen­trés sur notre savoir-faire : iden­ti­fier des tech­no­lo­gies déjà abou­ties que nous pou­vons accom­pa­gner dans leur déploie­ment à grande échelle. 

“Lorsque nous avons acquis la conviction qu’une solution est de nature à avoir un véritable impact, nous travaillons avec les entrepreneurs pour les aider à trouver un modèle économique rentable, qui est le gage de la pérennité de leur société.”

Lorsque nous avons acquis la convic­tion que la solu­tion est de nature à avoir un véri­table impact, nous tra­vaillons avec les entre­pre­neurs pour les aider à trou­ver un modèle éco­no­mique ren­table, qui est le gage de la péren­ni­té de leur socié­té. En paral­lèle, nous leur appor­tons nos moyens finan­ciers, mais sur­tout notre exper­tise de déploie­ment acquise dans les ENR, afin d’accélérer leur « scale up » et donc avoir un impact plus mas­sif sur la décar­bo­na­tion de notre économie. 

C’est très exac­te­ment cette démarche qui nous a ame­nés à prendre le contrôle d’Accenta.

Quel est le cœur de métier d’Accenta ? En quoi peut-elle contribuer à la décarbonation de notre économie ?

Accen­ta s’attaque à un sujet qui repré­sente envi­ron 15 % des émis­sions de CO2, soit bien plus que l’aviation : le chauf­fage et la cli­ma­ti­sa­tion des bâtiments.

La tech­no­lo­gie déve­lop­pée par Accen­ta per­met, sans avoir à réno­ver les bâti­ments, de bais­ser leur empreinte éner­gé­tique jusqu’à plus de 80 % et, in fine, de réduire les émis­sions de CO2, jusqu’à 95 %, dans les pays où l’électricité est décarbonée. 

Je n’y ai moi-même pas cru au départ, mais les résul­tats sont là ! À date, nous avons déjà équi­pé une ving­taine de bâti­ments et des acteurs majeurs comme Geci­na … ou l’école Poly­tech­nique nous ont rete­nus pour trans­for­mer tout ou par­tie de leur sys­tème énergétique.

En quoi consiste la solution Accenta ?

Elle part d’une idée simple. Le sol à quelques dizaines de mètres sous nos pieds est à une tem­pé­ra­ture pra­ti­que­ment constante de 12° à 14°, aus­si bien en plein hiver que pen­dant une cani­cule. C’est un constat que cha­cun d’entre nous a déjà expé­ri­men­té en des­cen­dant dans une cave ! 

Or, cette gamme de tem­pé­ra­ture est idéale pour faire fonc­tion­ner une pompe à cha­leur puisque l’énergie que consomme cette der­nière dépend direc­te­ment de l’écart entre la tem­pé­ra­ture d’entrée et la tem­pé­ra­ture de sor­tie. Autre­ment dit, quand il fait 40° dehors, uti­li­ser une source à 14° pour cli­ma­ti­ser à 21° est bien moins consom­ma­teur d’énergie que de récu­pé­rer de l’air chaud. Inver­se­ment, chauf­fer un bâti­ment l’hiver en par­tant déjà de 14° est l’assurance de ren­de­ments très éle­vés. Néan­moins, cela sup­pose une double exper­tise : être capable de récu­pé­rer cette tem­pé­ra­ture de 12°- 14° et sur­tout ne pas épui­ser le sol en pom­pant sys­té­ma­ti­que­ment cette éner­gie sans jamais en réinjecter. 

Le défi est, en effet, d’assurer sur un cycle annuel une sorte de retour à la moyenne de la tem­pé­ra­ture du sol. C’est là toute l’expertise d’Accenta, basée sur une algo­rith­mique pro­prié­taire et bre­ve­tée qui lui per­met du coup de garan­tir contrac­tuel­le­ment les éco­no­mies réalisées.

Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?

Nous forons à côté du bâti­ment des puits très étroits qui des­cendent jusqu’à 150 ou 200 m et dans les­quels nous fai­sons pas­ser des tubes que nous relions entre eux. L’eau ou le gly­col que nous uti­li­sons ne mouille jamais le sol : il ne fait que cir­cu­ler dans les tuyaux au contact de la roche. Doté d’un tuyau d’entrée et d’un tuyau de sor­tie, nous met­tons en place à proxi­mi­té du bâti­ment une sorte d’immense radia­teur qui est en terre au lieu d’être en fonte. De fac­to, nous créons ain­si une bat­te­rie ther­mique à l’échelle du bâtiment.

Une fois en place, le fonc­tion­ne­ment est très simple. Tout au long de l’hiver, les pompes à cha­leur chauffent le bâti­ment en pro­dui­sant de l’eau chaude. Mais une pompe à cha­leur qui génère du chaud rejette méca­ni­que­ment du froid : nous nous assu­rons que ce froid cir­cule dans la bat­te­rie ther­mique et va dou­ce­ment refroi­dir le sol jusqu’à l’été. En été, le même liquide va cir­cu­ler dans un sol froid et donc ali­men­ter les pompes à cha­leur avec une source de tem­pé­ra­ture idéale pour cli­ma­ti­ser avec très peu d’énergie.

En sto­ckant ain­si de fac­to le froid de l’hiver pour le réuti­li­ser l’été, et ensuite le chaud de l’été pour le réuti­li­ser l’hiver, nous rédui­sons mas­si­ve­ment la consom­ma­tion éner­gé­tique d’un bâtiment.

Que répondez-vous à ceux qui disent qu’en ne rénovant pas le bâtiment, vous laissez perdurer des passoires thermiques ?

Je leur dis qu’ils ont rai­son et que c’est même sou­hai­table ! Il ne faut pas confondre les besoins d’un bâti­ment, qui sont effec­ti­ve­ment plus impor­tants s’il est mal iso­lé, et l’efficacité de la pro­duc­tion d’énergie qui per­met de répondre à ces mêmes besoins. On l’a vu le sys­tème Accen­ta per­met de divi­ser par 4 ou 5 la quan­ti­té d’énergie néces­saire pour répondre aux besoins don­nés d’un bâti­ment : avec 20 % d’énergie, je réponds à 100 % des besoins. Il faut bien évi­dem­ment essayer de bais­ser les besoins par exemple à 80 % de leur mon­tant ini­tial pour ne consom­mer ain­si que 16 % de l’énergie anté­rieure. Mais faut-il inves­tir des mon­tants colos­saux et englou­tir des sub­ven­tions toutes aus­si colos­sales pour réduire de 50 % les besoins ? Le bilan finan­cier et car­bone est évident : il est bien plus effi­cace d’installer un sys­tème éner­gé­tique Accenta ! 

Sur un plan plus personnel, comment un ancien financier, qui a notamment dirigé la Banque de Financement et d’Investissement de Santander à Madrid ou du Crédit Agricole à Paris, devient-il un spécialiste de l’énergie ?

Je suis loin d’être un spé­cia­liste de l’énergie et je regrette amè­re­ment de ne pas avoir été plus assi­du au cours de ther­mo­dy­na­mique de Palaiseau ! 

Mais plus sérieu­se­ment, et c’est un choix très per­son­nel, j’ai eu le sen­ti­ment que pour essayer de lut­ter contre ce désastre cli­ma­tique qui nous attend, on ne pou­vait pas sim­ple­ment s’en remettre aux autres ou fer­mer les yeux et espé­rer que le pire n’arrivera pas. Il faut agir. Et le faire à tra­vers une démarche indi­vi­duelle, un enga­ge­ment per­son­nel. Com­prendre les enjeux et tra­vailler sur des solu­tions concrètes. La tech­no­lo­gie en est une mais elle n’est d’ailleurs pas la seule, loin de là. Le Groupe EREN me per­met d’apporter ma pierre à l’édifice, même si elle est sûre­ment déri­soire à l’échelle des obs­tacles que nous allons devoir surmonter. 

Poster un commentaire