La start-up qui décarbone et révolutionne la fonction thermique des bâtiments
De la finance aux énergies renouvelables, Jacques Ripoll (X86), associé gérant au sein du Groupe EREN, accompagne les entreprises à même de déployer à grande échelle des solutions permettant de décarboner notre économie et de réduire nos émissions de CO2. Il occupe ainsi aujourd’hui les fonctions de Directeur Général au sein d’Accenta, une entreprise qui propose une solution inédite pour chauffer et climatiser les bâtiments en capitalisant sur les atouts naturels du sous-sol. Explications.
Le Groupe EREN est connu pour ses activités historiques dans les ENR. Mais qu’en est-il de ses métiers aujourd’hui ?
L’ADN du Groupe est resté le même, et se résume bien à travers la signification de son acronyme : Economies des Ressources Naturelles. La cession à TotalEnergies de nos activités ENR en a changé les poids, mais n’a pas fondamentalement modifié nos trois horizontales : économies d’énergie, production d’énergies renouvelables et enfin stockage de l’énergie. Nous déclinons principalement cette démarche sur quatre verticales : l’hydrogène, les bio-carburants, les petits réacteurs nucléaires et l’énergie thermique. Par ailleurs, au-delà de l’énergie, nous sommes historiquement actifs dans le domaine du sport et des loisirs, avec bien sûr l’Académie et les centres de tennis Mouratoglou dans le monde, les parcs de trampoline Jump ou encore les tournois de tennis au format UTS …
Comment choisissez-vous les projets que vous allez accompagner ?
La réputation du Groupe et de son fondateur Pâris Mouratoglou est telle que beaucoup d’entrepreneurs nous sollicitent de manière spontanée. Dans ce cadre, notre objectif est néanmoins de rester concentrés sur notre savoir-faire : identifier des technologies déjà abouties que nous pouvons accompagner dans leur déploiement à grande échelle.
“Lorsque nous avons acquis la conviction qu’une solution est de nature à avoir un véritable impact, nous travaillons avec les entrepreneurs pour les aider à trouver un modèle économique rentable, qui est le gage de la pérennité de leur société.”
Lorsque nous avons acquis la conviction que la solution est de nature à avoir un véritable impact, nous travaillons avec les entrepreneurs pour les aider à trouver un modèle économique rentable, qui est le gage de la pérennité de leur société. En parallèle, nous leur apportons nos moyens financiers, mais surtout notre expertise de déploiement acquise dans les ENR, afin d’accélérer leur « scale up » et donc avoir un impact plus massif sur la décarbonation de notre économie.
C’est très exactement cette démarche qui nous a amenés à prendre le contrôle d’Accenta.
Quel est le cœur de métier d’Accenta ? En quoi peut-elle contribuer à la décarbonation de notre économie ?
Accenta s’attaque à un sujet qui représente environ 15 % des émissions de CO2, soit bien plus que l’aviation : le chauffage et la climatisation des bâtiments.
La technologie développée par Accenta permet, sans avoir à rénover les bâtiments, de baisser leur empreinte énergétique jusqu’à plus de 80 % et, in fine, de réduire les émissions de CO2, jusqu’à 95 %, dans les pays où l’électricité est décarbonée.
Je n’y ai moi-même pas cru au départ, mais les résultats sont là ! À date, nous avons déjà équipé une vingtaine de bâtiments et des acteurs majeurs comme Gecina … ou l’école Polytechnique nous ont retenus pour transformer tout ou partie de leur système énergétique.
En quoi consiste la solution Accenta ?
Elle part d’une idée simple. Le sol à quelques dizaines de mètres sous nos pieds est à une température pratiquement constante de 12° à 14°, aussi bien en plein hiver que pendant une canicule. C’est un constat que chacun d’entre nous a déjà expérimenté en descendant dans une cave !
Or, cette gamme de température est idéale pour faire fonctionner une pompe à chaleur puisque l’énergie que consomme cette dernière dépend directement de l’écart entre la température d’entrée et la température de sortie. Autrement dit, quand il fait 40° dehors, utiliser une source à 14° pour climatiser à 21° est bien moins consommateur d’énergie que de récupérer de l’air chaud. Inversement, chauffer un bâtiment l’hiver en partant déjà de 14° est l’assurance de rendements très élevés. Néanmoins, cela suppose une double expertise : être capable de récupérer cette température de 12°- 14° et surtout ne pas épuiser le sol en pompant systématiquement cette énergie sans jamais en réinjecter.
Le défi est, en effet, d’assurer sur un cycle annuel une sorte de retour à la moyenne de la température du sol. C’est là toute l’expertise d’Accenta, basée sur une algorithmique propriétaire et brevetée qui lui permet du coup de garantir contractuellement les économies réalisées.
Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ?
Nous forons à côté du bâtiment des puits très étroits qui descendent jusqu’à 150 ou 200 m et dans lesquels nous faisons passer des tubes que nous relions entre eux. L’eau ou le glycol que nous utilisons ne mouille jamais le sol : il ne fait que circuler dans les tuyaux au contact de la roche. Doté d’un tuyau d’entrée et d’un tuyau de sortie, nous mettons en place à proximité du bâtiment une sorte d’immense radiateur qui est en terre au lieu d’être en fonte. De facto, nous créons ainsi une batterie thermique à l’échelle du bâtiment.
Une fois en place, le fonctionnement est très simple. Tout au long de l’hiver, les pompes à chaleur chauffent le bâtiment en produisant de l’eau chaude. Mais une pompe à chaleur qui génère du chaud rejette mécaniquement du froid : nous nous assurons que ce froid circule dans la batterie thermique et va doucement refroidir le sol jusqu’à l’été. En été, le même liquide va circuler dans un sol froid et donc alimenter les pompes à chaleur avec une source de température idéale pour climatiser avec très peu d’énergie.
En stockant ainsi de facto le froid de l’hiver pour le réutiliser l’été, et ensuite le chaud de l’été pour le réutiliser l’hiver, nous réduisons massivement la consommation énergétique d’un bâtiment.
Que répondez-vous à ceux qui disent qu’en ne rénovant pas le bâtiment, vous laissez perdurer des passoires thermiques ?
Je leur dis qu’ils ont raison et que c’est même souhaitable ! Il ne faut pas confondre les besoins d’un bâtiment, qui sont effectivement plus importants s’il est mal isolé, et l’efficacité de la production d’énergie qui permet de répondre à ces mêmes besoins. On l’a vu le système Accenta permet de diviser par 4 ou 5 la quantité d’énergie nécessaire pour répondre aux besoins donnés d’un bâtiment : avec 20 % d’énergie, je réponds à 100 % des besoins. Il faut bien évidemment essayer de baisser les besoins par exemple à 80 % de leur montant initial pour ne consommer ainsi que 16 % de l’énergie antérieure. Mais faut-il investir des montants colossaux et engloutir des subventions toutes aussi colossales pour réduire de 50 % les besoins ? Le bilan financier et carbone est évident : il est bien plus efficace d’installer un système énergétique Accenta !
Sur un plan plus personnel, comment un ancien financier, qui a notamment dirigé la Banque de Financement et d’Investissement de Santander à Madrid ou du Crédit Agricole à Paris, devient-il un spécialiste de l’énergie ?
Je suis loin d’être un spécialiste de l’énergie et je regrette amèrement de ne pas avoir été plus assidu au cours de thermodynamique de Palaiseau !
Mais plus sérieusement, et c’est un choix très personnel, j’ai eu le sentiment que pour essayer de lutter contre ce désastre climatique qui nous attend, on ne pouvait pas simplement s’en remettre aux autres ou fermer les yeux et espérer que le pire n’arrivera pas. Il faut agir. Et le faire à travers une démarche individuelle, un engagement personnel. Comprendre les enjeux et travailler sur des solutions concrètes. La technologie en est une mais elle n’est d’ailleurs pas la seule, loin de là. Le Groupe EREN me permet d’apporter ma pierre à l’édifice, même si elle est sûrement dérisoire à l’échelle des obstacles que nous allons devoir surmonter.