En prise directe avec la réalité des petits producteurs d’énergie renouvelable, Bohr Énergie accélère son développement afin d’aider ces producteurs à mieux valoriser leur production dans un contexte où le gouvernement souhaite massifier la production d’énergie renouvelable.

Un agrégateur créé par des producteurs pour des producteurs indépendants

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Julien HAURE

En prise directe avec la réa­li­té des petits pro­duc­teurs d’énergie renou­ve­lable, Bohr Éner­gie accé­lère son déve­lop­pe­ment afin d’aider ces pro­duc­teurs à mieux valo­ri­ser leur pro­duc­tion dans un contexte où le gou­ver­ne­ment sou­haite mas­si­fier la pro­duc­tion d’énergie renou­ve­lable. Julien Haure, cofon­da­teur et CEO, nous explique le posi­tion­ne­ment de son entre­prise, son offre, sa valeur ajou­tée et ses pers­pec­tives de développement.

Bohr Énergie a été créée par des producteurs pour des producteurs indépendants. Qu’est-ce que ce positionnement implique ?

Créé en 2021, Bohr Éner­gie est un agré­ga­teur. C’est aus­si la ren­contre entre deux anciens d’EDF, Luis Urday et moi-même, et deux pro­duc­teurs indé­pen­dants, Julien Chol­let et Jean-Pierre Mader, qui ont de petits actifs de pro­duc­tion d’énergie hydrau­lique et solaire. Notre équipe diri­geante com­bine donc une vision du ter­rain por­tée ain­si qu’une exper­tise en matière d’optimisation d’actifs éner­gé­tiques. Aujourd’hui, Bohr Éner­gie emploie une dizaine de per­sonnes et a une tren­taine de méga­watts en gestion.

Plus par­ti­cu­liè­re­ment, Bohr Éner­gie s’appuie sur une très fine connais­sance du sec­teur et des besoins de l’ensemble des par­ties pre­nantes, ce qui nous per­met donc d’être en prise directe avec la réa­li­té des pro­duc­teurs indé­pen­dants et de leur pro­po­ser des offres sur mesure conçues et pen­sées pour répondre direc­te­ment à leurs besoins. Nous avons ain­si la chance de nous appuyer sur une com­mu­nau­té solide de pro­duc­teurs indé­pen­dants qui valo­rise le col­lec­tif et le par­tage de bonnes pra­tiques et d’expériences. Enfin, c’est aus­si le gage d’une meilleure réac­ti­vi­té et adap­ta­bi­li­té qui nous per­met d’être plus inno­vants et d’adapter tou­jours plus vite nos offres en res­tant connec­tés avec les besoins de nos producteurs.

Concrètement, quels sont vos métiers et vos expertises ?

En tant qu’agrégateur d’électricité, nous sommes spé­cia­li­sés dans la ges­tion des éner­gies renou­ve­lables, des flexi­bi­li­tés et des pro­duits envi­ron­ne­men­taux. Acteur inno­vant sur le mar­ché, nous nous dis­tin­guons aus­si par notre capa­ci­té à opti­mi­ser la pro­duc­tion d’énergie verte sur les mar­chés de gros de l’énergie ou au tra­vers de solu­tions de gré à gré.

Sur un mar­ché de l’énergie en pleine trans­for­ma­tion, nous assis­tons actuel­le­ment à une tran­si­tion d’un sys­tème his­to­ri­que­ment cen­tra­li­sé à un modèle plus décen­tra­li­sé et dif­fus sous l’impulsion du déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables. Dans cette conti­nui­té, les actifs de plus petites tailles se mul­ti­plient dans le pay­sage éner­gé­tique. Dans ce cadre, Bohr Éner­gie a la volon­té de démo­cra­ti­ser l’accès au mar­ché de gros de l’énergie à ces petits pro­duc­teurs indé­pen­dants afin de leur don­ner les moyens de mieux valo­ri­ser leur pro­duc­tion de l’énergie et de contri­buer à leur échelle à la tran­si­tion éner­gé­tique. Nous nous appuyons dans cette démarche sur une vision duale por­tée par nos cofon­da­teurs, qui connaissent à la fois le monde de la petite pro­duc­tion d’énergies renou­ve­lables et le mar­ché de gros de l’énergie.

Comment s’articule votre offre ? En quoi est-elle différenciante sur le marché de l’énergie ?

His­to­ri­que­ment, l’intégration des éner­gies renou­ve­lables a béné­fi­cié de méca­nismes de sou­tien par l’État via EDF, on par­lait alors d’obligation d’achat. Aujourd’hui, il y a une bas­cule avec l’émergence d’un mar­ché plus libre.

Forts de ce constat, nous avons fait le choix d’accompagner les petits pro­duc­teurs indé­pen­dants en met­tant à leur dis­po­si­tion une offre glo­bale pour leur per­mettre de valo­ri­ser leur pro­duc­tion d’énergie renou­ve­lable. Nous accom­pa­gnons des pro­duc­teurs dont la capa­ci­té varie de 300 à 400 kW de puis­sance ins­tal­lée pour les petites cen­trales hydrau­liques et de 5 à 6 MW pour les parcs éoliens ou solaires.

“Acteur innovant sur le marché, nous nous distinguons aussi par notre capacité à optimiser la production d’énergie verte sur les marchés.”

Sur un plan plus opé­ra­tion­nel, nous les accom­pa­gnons donc dans la valo­ri­sa­tion de l’énergie via un accès direct aux dif­fé­rents mar­chés. En ce sens, nous jouons donc le rôle de res­pon­sable d’équilibre. En paral­lèle, nous tra­vaillons aus­si sur le déve­lop­pe­ment d’une offre autour de la valo­ri­sa­tion dite de gré à gré. Nous avons ain­si récem­ment obte­nu l’autorisation de la DGEC, la Direc­tion Géné­rale de l’Énergie et du Cli­mat, pour être délé­ga­taires dans des opé­ra­tions de PPA (Power Pur­chase Agree­ment). Nous pro­po­sons aus­si une offre autour de la valo­ri­sa­tion de l’énergie en cir­cuit court, dans un contexte où l’autoconsommation col­lec­tive est de plus en plus plébiscitée.

Le second pilier de notre offre concerne les garan­ties d’origine pour la pro­duc­tion d’énergie verte et les garan­ties de capa­ci­té, qui est un méca­nisme qui rému­nère la dis­po­ni­bi­li­té de la capa­ci­té d’un actif quand RTE et Ene­dis en ont besoin, notam­ment lors de périodes de pic de consommation.

Enfin, nous pré­pa­rons les accré­di­ta­tions afin d’être recon­nu acteur de réserve et d’ajustement pour gérer des bat­te­ries de sto­ckage (entre 5 et 20 méga­watts de capa­ci­té) sur dif­fé­rents pro­duits, dont les FCR (Fre­quen­cy Contain­ment Reserve) qui per­mettent au réseau élec­trique de se rééqui­li­brer très rapi­de­ment en cas de dévia­tions de fréquence.

Et sur ce marché aujourd’hui, quels sont vos principaux enjeux ?

Nous avons un enjeu en matière d’intégration des éner­gies renou­ve­lables qui sont des éner­gies variables et inter­mit­tentes. À par­tir de là, se pose éga­le­ment la ques­tion de la sta­bi­li­té et de la flexi­bi­li­té du réseau élec­trique alors qu’il y a une réelle volon­té d’accélérer le déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables. Dans ce cadre, une des pistes explo­rées consiste à inté­grer des tech­no­lo­gies de sto­ckage d’énergie pour com­pen­ser les périodes de faible pro­duc­tion et opti­mi­ser l’utilisation de l’énergie pro­duite. C’est éga­le­ment la piste que nous avons choi­si de creu­ser et nous accom­pa­gnons en ce sens les petits déve­lop­peurs de batteries.

Nous avons aus­si un défi en termes d’optimisation de la pro­duc­tion. Nous devons amé­lio­rer nos pré­vi­sions de pro­duc­tion pour jus­te­ment mieux gérer la varia­bi­li­té et l’intermittence des renouvelables.

De plus, nous tra­vaillons sur la maxi­mi­sa­tion des reve­nus. Nous devons déployer des stra­té­gies opti­mi­sées pour aider les petits pro­duc­teurs à maxi­mi­ser leurs reve­nus au tra­vers des dif­fé­rents méca­nismes du mar­ché, des solu­tions en cir­cuit court dans une logique gagnant-gagnant pour le pro­duc­teur et le consommateur.

Impac­tés par les fluc­tua­tions et la vola­ti­li­té de mar­ché, nous devons aus­si déve­lop­per et déployer des outils per­for­mants de ges­tion du risque pour pro­té­ger les reve­nus de nos petits pro­duc­teurs indé­pen­dants. Il s’agit aus­si de s’adapter aux évo­lu­tions régle­men­taires et aux poli­tiques éner­gé­tiques qui impactent les opé­ra­tions d’agrégation. Nous avons déve­lop­pé une pla­te­forme de ges­tion tech­no­lo­gique, une cen­trale de ges­tion vir­tuelle, qui nous per­met de gérer et d’optimiser en temps réel la pro­duc­tion et les tran­sac­tions énergétiques.

Enfin, nous avons aus­si un défi humain autour de l’accompagnement des petits pro­duc­teurs afin de les sen­si­bi­li­ser aux der­nières inno­va­tions et tech­no­lo­gies et de les aider à mon­ter en com­pé­tences sur l’ensemble de ces sujets et enjeux.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Le mar­ché de l’énergie est très capi­ta­lis­tique. Par ailleurs, nous sommes à une période char­nière alors que la loi d’accélération pour les éner­gies renou­ve­lables sur le ter­ri­toire fran­çais va per­mettre de mas­si­fier leur inté­gra­tion. Nous venons de clô­tu­rer une levée de fonds de 6 mil­lions d’euros avec les fonds Var­si­ty, spé­cia­li­sé dans les ques­tions tech­no­lo­giques et cli­mat, qui a été fon­dé par Didier Val­let (X87), ancien direc­teur géné­ral délé­gué de Socié­té Géné­rale ; AFI Ven­tures, le fonds Impact de Ven­tech ; et le fonds Foun­der Futures de Marc Mena­sé, qui sont donc entrés au capi­tal de Bohr Éner­gie. Nous béné­fi­cions aus­si de sou­tiens ban­caires et de la BP.

Ces fonds vont nous per­mettre de ren­for­cer notre posi­tion­ne­ment et nos ser­vices d’agrégation, de déve­lop­per des solu­tions tech­no­lo­giques avan­cées, notam­ment dans le domaine du sto­ckage, des bat­te­ries, outils de ges­tion et de pilo­tage de la pro­duc­tion, sys­tèmes intel­li­gents de pré­vi­sion. Enfin, nous envi­sa­geons aus­si un déve­lop­pe­ment en Europe.

Pour concrétiser ces projets, recrutez-vous ?

Au sein de notre pôle tech­no­lo­gique, nous recru­tons des ingé­nieurs, notam­ment des tech leads, des déve­lop­peurs full stack, des soft­ware engi­neers, des data scien­tists…, mais aus­si des spé­cia­listes des flexi­bi­li­tés, du sto­ckage et des batteries.

Au sein du pôle mar­ché, nous ren­for­çons notre équipe com­mer­ciale afin de déve­lop­per de nou­velles offres de pro­duits, opti­mi­ser la vente de l’énergie, géné­rer des reve­nus com­plé­men­taires pour nos clients… Enfin, au niveau des fonc­tions sup­ports, nous recru­tons aus­si des pro­fils admi­nis­tra­tifs et financiers.

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